Nice : la découverte du Vieux-Nice
Le vieux Nice et ses confréries de Pénitents
La vieille ville de Nice a été revisitée récemment avec les Amis des Musées qui ont organisé une visite sur le thème des Pénitents. La dispersion des Confréries dans la vieille ville a été l’occasion de se promener du cours Saleya à la place Garibaldi.
La vieille ville est nichée au pied de l’ancien château de la ville. Elle est délimitée au sud par le Quai des Etats-Unis, la rue Ségurane à l’Est, le Paillon au Nord. Elle est devenue le centre touristique de la ville de Nice car elle renferme outre la mairie, la cathédrale, l’opéra, la mairie, le palais Sarde et le palais Lascaris, le palais de justice, maintes églises et chapelles. Si l’extension progressive de la ville s’est étendue très loin de ses origines, la vieille ville en est restée le cœur, comme en témoignent des découvertes récentes.
Le diaporama suivant montre les principaux aspects de la vieille ville, progressivement envahie par des restaurants, bars, boutiques de mode et de galeries de peintures. Nice
Une entrée du vieux-nice : la porte fausse
Les Confréries de Pénitents
Les Confréries de Pénitents ont toutes les mêmes caractéristiques quels que soient les lieux où elles ont surgi. Depuis sept siècles, elles possèdent deux caractéristiques essentielles, maintenir une vocation spirituelle et donner un lien social. Leurs membres sont des laïcs au service de la communauté lors d’épreuves subies par la population. Les Confréries ont géré des orphelinats, dispensé des distributions de nourritures, géré des hôpitaux. Elles participaient aux funérailles des défunts. L’habit des Pénitents « le sac » est destiné à organiser leur anonymat, renforcé par une capuche, afin de maquer les inégalités sociales. Comme les chaussures permettent au Moyen Age de désigner les professions ou les classes sociales, elles sont masquées par des babouches unificatrices. La disette, les famines, les épidémies, sont des catastrophes fréquentes. Des villages entiers de l’arrière pays sont rayés de la carte et deviennent inhabités. A Nice en 1340 les deux tiers de la population disparaissent et le nombre d’habitants passe de 14 500 à 5 500 personnes.
Les Pénitents Noirs de la Miséricorde
La Chapelle de la Miséricorde est un joyau situé au centre du cours Saleya. Elle se trouve placée à côté du Palais Sarde sui a longtemps servi de préfecture au département avant de devenir propriété de la ville. Aujourd’hui le Cours Saleya est devenu un marché des fruits et légumes et un marché aux fleurs.
La Chapelle de la Miséricorde abrite la Confrérie des Pénitents noirs dont le but est rappelé par leur maître François Dunan. « Tout membre de l’Archiconfrérie doit avoir constamment à cœur de lier ces deux actions : dévotion et vie caritative, en d’autres termes, se nourrir d’une vie communautaire ouverte sur le monde. Notre engagement de Pénitent na vaut que s’il est éprouvé sans cesse à l’aune de la charité, laquelle ne connait aucune limite ». C’est en 1328-1329 que la famine était telle à Nice qu’une distribution de blé venant de Sicile et de Grèce fut organisée par les notables de la ville. Les confrères de l’Aumônerie sont donc à l’origine de la création d’une Confrérie qui acquit progressivement ses lettres de Reconnaissance, dont le secours aux indigents en 1458. Parmi les privilèges accordés à la confrérie : le 29 aout de chaque année la peine de mort ou celle des travaux forcés était accompagnée par la libération d’un condamné. La liste des œuvres de Miséricorde est la suivante :
- Nourrir, vêtir, secourir les indigents,
- Venir en aide aux veuves, aux orphelins, aux voyageurs,
- Visiter les malades, les prisonniers, les affligés,
- Assister les pauvres honteux,
- Conforter les suppliciés,
- Pourvoir à la sépulture des défunts.
La Chapelle de la Miséricorde a subi des dommages liés à la construction d’un parking souterrain. Sur un espace restreint, l’architecte Bernard Antonio Vittone, a accompli un miracle, donnant hauteur et lumière à l’édifice. La façade extérieure et l’inclusion de la Chapelle dans un couvent limitent l’espace intérieur. Or en entrant, on est écrasé par la hauteur des voutes enrichies par des colonnes de faux marbre. Pendant que l’on admire les fresques, le dôme, les six chapelles elliptiques, on ressent une augmentation du volume. Car il y a bien trois niveaux en hauteur, divisés par les six chapelles. Ces 18 ensembles conjugués avec le chœur et le parterre elliptique, lui aussi, donnent une idée de profusion. En y ajoutant l’élégance des fresques et tableaux, l’or qui recouvre le sommet des colonnes et entoure les chapelles, le mariage des couleurs, on approche d’une extase. Les sensations ressenties par le visiteur résultent bien sûr d’un baroque accompli qui joue des roses, des verts, du noir et du bleu. En dépit de dégâts importants, elle reste un joyau de l’art baroque, ouverte le dimanche matin et le mardi après-midi. La sacristie renferme de très belles œuvres d’art : le retable de Miralhet et un Bréa.
Les Pénitents rouges du Saint Suaire
La Chapelle de la Sainte Trinité et du Saint Suaire est située au fond du cours Saleya à côté de l’ancien Sénat. Elle doit son nom au Saint Suaire repris par la ville de Turin. L’archiconfrérie des pénitents rouge rassemble les traditions de trois autres confréries depuis 1824.
Les Pénitents blancs de l’archiconfrérie de la Sainte Croix
La chapelle vient d’être restaurée pour son aspect extérieur elle est située au 2 rue St. Joseph. Elle est en travaux pour une importante restauration intérieure. Sa décoration est orientée en totalité vers la Croix dont la croix d’autel figure un arbre de vie terminé par du feuillage.
Les Pénitents bleus du Saint Sépulcre
Elle présente la particularité d’être située au 1er étage d’un immeuble situé place Garibaldi. Elle est rendue visible depuis la place par un décrochage des piliers en saillie par rapport à l’alignement des façades de la place. Cette place vient d’ailleurs de faire l’objet d’une décoration royale par le déplacement de la statue de Garibaldi et par l’organisation mouvementée des façades. L’objectif étant de donner une dimension royale à la place comme on peut en admirer des exemples à Turin.
En avancée de la Chapelle, un balcon en pierres protégé par une rambarde en fer forgé, porte la couronne royale des ducs de Savoie, souverains de Nice jusqu’en 1860. Cette avancée leur servait de tribune publique lors de leurs visites. Mais la Chapelle est couronnée par un toit triangulaire et des arcatures qui donnent l’impression que la Chapelle est beaucoup plus grande que la réalité.
L’intérieur de la Chapelle reprend le rythme tertiaire de la façade : loge municipale, travée composée de deux autels, puis le chœur surmonté par un tableau de Van Loo.
Le Vieux Nice enferme de nombreuses églises dont la Cathédrale Sainte Réparate, l’église du Gésu, l’église Saint François de Paule, l’église St. Martin, St. Augustin qui rappellent son histoire.
Guy Muller