La Fondation Louis Vuitton
Paris – Bois de Boulogne
Lorsque Frank Gehry visite le jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne il découvre un site exceptionnel. Il imagine alors une architecture de verre inspirée par le Palmarium, qui ornait le Jardin d’Acclimatation dès 1893. Sous sa main, l’édifice en verre prend l’allure d’un voilier aux voiles gonflées par le vent. Douze voiles de verre enveloppent un « iceberg », une succession de formes blanches portant des terrasses arborées, flottant sur un bassin d'eau. Chacune de ces voiles, de forme et de courbure différentes, est soutenue par un jeu sophistiqué de poutres en acier et en bois, et comportant 3 600 panneaux de verre de Saint-Gobain. Cette structure donne de la légèreté au projet, mais notre visite montre l’importance de la structure interne qui porte l’ensemble. La montée dans les étages montre la réalité d’une structure beaucoup plus lourde formée d’une charpente d’acier, renforcée par le bois, carénée par les vitres. En montrant cet ensemble, l’architecte en prouve la complexité, l’apparence étant démentie par une force rendue visible à tous.
Afin d’inscrire au mieux le bâtiment dans l’environnement du Jardin d'acclimatation, la fondation a réalisé un plan d’aménagement renouant avec les principes fondateurs des jardins paysagers du XIXe siècle. Il relie l’édifice avec le Jardin d’acclimatation au nord, et avec le bois de Boulogne au sud.
Le jour de notre visite nous avons vu l’exposition Pop et musique. A l’extérieur une autre exposition de vaches se tenait sur la pelouse du jardin. Ces vaches de toutes couleurs seront vendues prochainement aux enchères au profit des restaurants du cœur.
Le musée
Financé par le groupe du luxe LVMH, le musée est dédié à l'art contemporain. Il comporte 11 galeries destinées à présenter différentes collections, expositions, interventions d'artistes ainsi qu'un auditorium.
La Fondation n'est pas seulement un centre d'art contemporain. Elle est aussi un lieu de débats, de colloques, de séminaires, de master classes, avec une scène accueillant du spectacle vivant, du cinéma, de la vidéo... La Fondation est aussi à l'origine de commandes auprès d'artistes. "Nombre de ces musées privés ouverts dans le monde ont souvent de beaux écrins architecturaux mais pas forcément conscience de ce que signifie avoir une institution, avec une vision spécifique, une programmation digne de ce nom, un rôle pédagogique réel. La Fondation Louis Vuitton va être un stimulant positif pour les autres" a précisé Jérôme Sans. Les premières commandes ont été réalisées auprès d'Ellsworth Kelly, Olafur Eliasson, Janet Cardiff et George Bures Miller, Sarah Morris, Taryn Simon, Cerith. Wyn. Evans et Adrian. Villar Rojas. La Direction artistique de la Fondation Louis Vuitton est assurée par Suzanne Pagé, ancienne directrice du Musée d'art moderne de la ville de Paris.
La collection d'art de la Fondation met en valeur des artistes contemporains, dont Gerhard Richter, Bertrand Lavier, Christian Boltanski, Olafur Eliasson, Thomas Schütte, Pierre Huyghe, entre autres.
Édifié sur un terrain de la ville de Paris, le bâtiment appartiendra à la ville en 2069.
Plusieurs salles et installations remarquables
Philippe Pareno a disposé au rez-de-chaussée du bâtiment des ballons gonflés à l’hélium. Ces ballons sont collés au plafond et leur forme rappelle celle d’insectes noirs.
Douglas Gordon a élaboré une grande scénographie avec des écrans et des miroirs qui relatent le voyage de deux musiciens israéliens vers la Pologne. Leur interprétation de la Symphonie concertante de Mozart au sein du Philarmonique de Varsovie est rapprochée d’images de trains de la déportation. La mémoire officielle occultée de l’Histoire est évoquée par la transformation de l'ancienne synagogue de la ville de Poznań en piscine. La vidéo culmine en une dernière partie où la beauté de la musique transcende les sentiments et les témoignages passés.
Andy Warhol est présent sous plusieurs formes, avec des variations dans des tableaux mettant en valeur son visage androgyne.
Adrian Villar Rojas s’invite sur une plate-forme par l’intermédiaire d’un tumulus-catafalque, dont la forme est proche d’un tombeau Toraja. En examinant cette œuvre de près on remarque l’inclusion de vêtements, chaussures, assiettes, répartis tout autour du tombeau. De l’herbe sort de nombreux endroits, des coquillages, des fruits, renforcent l’aspect du tumulus. Mais le sculpteur a voulu donner une autre signification à ce qui serait un réservoir d’eau. Il a souhaité permettre un vieillissement simultané aux objets personnels et aux végétaux, dans une structure vivante. L’oeuvre s’appelle « Where the slaves live », elle surprend par son étrangeté.
Marina Abramovic dispose dans une pièce des métronomes en activité. Les visiteurs sont priés de s’allonger sur des transats pour réfléchir pendant 45 minutes. Le balancement et le rythme mécanique des métronomes entrainent une forme d’envoutement progressif. Paradoxalement la cadence du métronome rappelle la banalité de notre vie quotidienne tout en offrant la possibilité d’échapper à ses turbulences par une évasion mentale.
Olafur Eliasson dispose de la surface la plus étendue pour présenter son installation, au sous-sol. La lumière est la reine des lieux, propulsée par 43 colonnes triangulaires, se mirant dans l’eau. La couleur jaune domine, mais le visiteur peut la voir disparaître en fonction de l’orientation des colonnes. En cheminant il va découvrir de nombreuses impressions différentes selon sa place dans la structure. A la sortie de la grotte, une ouverture en plein air, s’annonce avec une belle cascade d’eau vive. Une musique spécifique a été conçue pour cette installation de plus de 90 mètres de longueur. Au premier étage, une mariée utilise le décor pour ses photos sur fond de ciel bleu. Sa robe blanche est déployée comme un rappel de la féminité diorissime des lieux. Une magnifique rose suit la mariée dans le hall à sa sortie.