Le Musée international de la parfumerie de Grasse
Grasse et ses industries
L’eau est l’héroïne de Grasse et sa principale richesse depuis des siècles. En surplomb de la ville qui s’est installée sur une source à haut débit (la Foux), le massif de Roquevignon domine comme la roche d’où surgit l’eau. L’eau est partout en sous-sol. Elle court sous les pavés et ressurgit, maîtrisée, dans les fontaines, les lavoirs et les bassins. Sans elle, pas d’activité au XVIIème siècle pour les tanneurs de la Place aux Aires, pas de travail pour les quelques moulins répertoriés dans les vallons, pas de culture de plantes à parfums aux abords de la ville, pas de vie pastorale et agricole.
La ville de Grasse fut toujours bien alimentée en eau par de nombreuses sources, historiquement la plus importante, La Foux, celle du Riou Blanquet, du Saut, de la Roque, de Font Cinasse…par des ruisseaux, du Riou, de la Courade, de Roquevignon, de la Rivolte, de St Christophe, de Rastigny, par les eaux de ruissellement des vallons, par les canaux de la ville.
Mais, dans les années 1860, les habitants et les industriels de l’arrondissement de Grasse demandent un apport d’eau supplémentaire à la Ville de Grasse ; le débit de la Source de la Foux était insuffisant pour répondre aux besoins des particuliers, des usines de parfumerie, des moulins et des campagnes. Mais cela n'a pas été simple lorsque la ville de Grasse s'est mise en recherche de ce complément ; elle était en concurrence avec la ville de Cannes à propos de l'eau venant de la Siagne et du Loup. Et ces possibilités échappèrent à Grasse au profit de Cannes.
Heureusement, en 1874, la municipalité de Grasse devient propriétaire de la Source Foulon qui émerge sur la commune de Gréolières dans la haute vallée du Loup, au pied du massif du Cheiron.
Les moulins
Plus de 60 moulins, héritiers d’une époque où près de 450 000 oliviers couvraient le territoire, ont été répertoriés en centre historique (rue des moulinets) ou à son immédiate périphérie, le long des vallons : Rossignol, Paroirs, Font Laugière. Aujourd’hui, bien peu sont encore en fonctionnement mais il n’est pas rare de trouver au fond d’une cour ou d’une remise, des pressoirs à scourtins ou d’imposantes meules qui constituent des éléments de notre patrimoine industriel.
Les fontaines
Si autrefois il y avait beaucoup d’eau « dehors » elle était d’une extrême rareté proche ou dans les maisons et c’est par pétition que les habitants d’un quartier obtenaient du Conseil de Ville la construction d’une fontaine où il était commode de prendre l’eau…d’où ce grand nombre de fontaines que l’on voit dans les rues et de lavoirs dans chaque grand quartier.
Il y eut d’abord de petites fontaines d’utilité publique puis de grandes fontaines construites sur les places dans l’optique d’embellissement et d’ornement et aussi quelques fontaines installées dans des jardins de propriétés privées. Après l’installation de canaux d’eau dans la ville au XVIe et XVIIe siècle il y eut de nombreuses maisons là où étaient des caves, des écuries, des remises pour ânes et mulets l’installation d’un petit lavoir…lavoir pour avoir l’eau « à la maison », pour laver le linge et instruments et donner aisément à boire aux bêtes. Ainsi une maison sur dix avait l’eau, pour les autres un seul recours : la fontaine.
Le Musée international de la parfumerie
Créé en 1989 ce musée se décline en deux espaces complémentaires. Le Musée international de la parfumerie, situé au centre-ville, s’intéresse au rôle qu’ont joué les parfums dans les civilisations. Les jardins, situés à Mouans-Sartoux, accueillent un conservatoire des plantes qui entrent dans la composition des parfums.
Quel meilleur endroit que Grasse, berceau de la parfumerie de luxe dont la France est l’emblème, pour installer le Musée International de la Parfumerie ? Il offre aux visiteurs, à travers plusieurs parcours muséographiques, de découvrir l’importance du parfum dans de nombreuses cultures à travers les siècles. L’histoire de cette activité est retracée, des prémices à l’industrialisation, des industriels aux grandes Maisons dont le nom impose aujourd’hui encore une certaine idée du luxe.
C’est un savoir-faire complexe, reposant sur le travail de nombreuses générations, qui est mis en avant dans ce qu’il a de noble, de raffiné et d’élégant. Les différents aspects sont abordés, avec une démarche anthropologique qui s’intéresse à tous les aspects : des matières premières aux procédés de distillation et de fabrication, industriels ou plus artisanaux, en passant par le négoce, le travail sur le design et la mise en valeur du produit.
Au Moyen-âge, la ville de Grasse était surtout réputée pour ses activités de tannerie et de ganterie. Les tanneurs et maîtres gantiers sont ainsi réputés dans toute l’Europe. Mais le tannage du cuir repose sur des méthodes malodorantes, et les riches bourgeois et nobles se plaignent de l’odeur désagréable de leurs gants et accessoires en cuir. Jusqu’au jour où un artisan a l’idée de plonger ses articles dans des bains d’essence parfumée. À partir du XVIe siècle, les gants vendus par les artisans grassois sont parfumés, et les fragrances qu’ils exhalent deviennent un véritable argument de vente. La parfumerie se développe fortement dans la région de Grasse, portée par un terroir propice à la culture de plantes odorantes.
Au XVIIe siècle, des plantes issues de tous les continents sont introduites dans la région : le jasmin vient d’Inde, la tubéreuse est originaire d’Italie. Le travail du cuir est abandonné au profit de la parfumerie au XVIIIe siècle, qui devient l’activité principale de la ville au XIXe siècle : les jardins fleuris se multiplient dans la campagne. En difficulté à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, l’industrie du parfum grassoise a su se transformer et trouver un nouvel équilibre, grâce à l’image de qualité, de savoir-faire et de luxe de la parfumerie française.
Plusieurs parcours thématiques
Le musée est organisé en cinq grandes parties, avec une démarche historique et chronologique qui retrace quatre millénaires : Antiquité, Moyen-âge, périodes moderne et contemporaine, chaque période possède son propre rapport aux parfums. Les thématiques contemporaines sont aussi abordées : élégance, classicisme, magie, dynamisme, frivolité, hygiène.
Le Musée International de la Parfumerie s’adresse à tous les sens. De nombreux objets précieux, destinés à accueillir ces fragrances subtiles, sont exposés : l’albâtre, la céramique, la faïence émaillée, les métaux les plus finement ouvragés flattent l’œil et émerveillent.
La muséographie, vivante, s’intéresse au passé sans oublier le présent et le futur. Un travail de prospective est proposé aux visiteurs, avec des réflexions autour de la mondialisation, du marketing, de la communication et des nouveaux marchés.
Les Jardins du MiP
Les fragrances les plus subtiles, qui s’invitent dans le sillage des plus grandes célébrités, qui nous aident à nous sentir belles et beaux, séduisantes et séduisants, naissent le plus souvent dans les fleurs.
Les jardins accueillent de nombreuses plantes odorantes, qui s’épanouissent sous le soleil de la Côte d’Azur. Les visiteurs se promènent ici au milieu des roses, des jasmins, des tubéreuses, des genêts, des fleurs d’oranger, des parterres de géraniums et de précieux plants de lavande. Les odeurs, enivrantes, font pleinement partie de l’expérience de la visite.
Les jardins du Musée International de la Parfumerie, situés aux portes de Grasse, s’étendent sur 2 hectares, autour d’un bassin agricole et d’un vieux canal. Ce conservatoire assure la préservation d’espèces traditionnellement cultivées pour les parfumeurs, ainsi que la mise en valeur d’autres collections de plantes aromatiques ou odorantes, et rend ainsi hommage à la diversité de l’agriculture locale.
Une exposition permanente offre une approche scientifique complémentaire, expliquant le rôle joué par l’odeur pour les plantes. Les notions d’écosystème, d’insectes, de senteurs et d’histoire y sont abordées.