La Corée au Musée des Arts Asiatiques de Nice
Kokdu, compagnons de l'âme
Jusqu’au 27 avril 2017
En partenariat avec le musée du Kokdu à Séoul
C’est avec les Amis des Musées de Nice, que nous sommes allés visiter le musée des Arts Asiatiques, parcours commenté par Madame Karine Valensi. Cette présentation des rites funéraires coréens commence au sous-sol du musée avec la mise en scène d’un char de funérailles décoré par des figurines, animé par des couleurs vives, d’une dimension impressionnante. Ce corbillard doit être porté par 24 personnes, il comporte des étages habités par 46 Kokdus, dépassant en apparat ce que nous connaissons en Occident, où la mort tend à disparaître de la scène publique. L’incinération progresse avec la volonté d’oublier « les Pompes Funèbres », chères à Brassens.
C’est sous l’ère de la dynastie Choson, que la mort signifie la séparation du corps et de l’âme. Le corbillard transporte le corps, tandis que l’âme voyage avec un palanquin spécial.
D’autres œuvres insolites sont présentées : de petites figurines de bois, autrefois utilisées lors des funérailles traditionnelles, figurant des personnages, des fleurs, des animaux réels ou surnaturels… Loin d’être tristes, ces statuettes de bois colorées, aux expressions naïves, ludiques ou sérieuses, selon le rôle qui leur était dévolu, étaient chargées de veiller sur les défunts et d’apporter la consolation aux familles. Les kokdu, véritables guides spirituels, accompagnaient l’âme du défunt sur le chemin de la sérénité.
L’intérieur Coréen
Une présentation de meubles décorés, de tableaux, de vêtements, montre l’évolution de la broderie sur soie. C’est une femme In-Sook Son qui réalise des pièces de tissus intégrés aux meubles, en en remplaçant la marqueterie ordinaire, pour créer de fabuleux tableaux. La peinture sur soie offre des possibilités inouïes en matière de précisions des détails : on en voit l’aboutissement dans les costumes et la robe de mariage. Velouté du tissu, fulgurance des couleurs employées, résument la technique du silgrim au service de la décoration intérieure. On doit s’interroger sur la durée de ces réalisations intemporelles et sur leur coût important final.
La vie ne sera jamais plus la même
Oeuvres de Jayashree Chakravarty présentées au 1er étage du musée
On découvre ici, la facette inversée du lyrisme mortuaire coréen. Dans la mesure où la vie se restreint de par l’atteinte portée aux milieux naturels et aquatiques. Car leur présence se raréfie face à la constante expansion des villes indiennes. Cette conception écologique est une préoccupation qui nourrit la réflexion artistique de Jayashree Chakravarty.
L’extinction de certaines espèces végétales, fleurs sauvages et plantes traditionnelles connues pour leur valeur médicinale, la raréfaction de la vie animale autrefois si abondante, la disparition de certaines catégories d’insectes autour d’elle, ont aiguisé sa sensibilité et fondé son sentiment intime qu’une atteinte irréparable était portée à la nature. Par référence à l’environnement encombré de la ville, Jayashree Chakravarty peint des toiles monumentales, foisonnantes d’une vie presque excessive, où elle exprime une inspiration venue du plus profond de son être, en attirant les spectateurs dans le tourbillon de paysages inachevés et déconcertants, suggérant un désordre spatial et temporel.
Ses récentes installations monumentales, constituées de lés suspendus et aériens, font de la nature aussi bien un sujet qu’un support de création. Comme dans un labyrinthe, les images peintes et tissées se superposent, entrelacées et imbriquées dans une toile naturelle où alternent écheveaux de fils, lambeaux de papier et tissu collé. Un examen plus attentif révèle des pétales, des feuilles sèches, des graines, des tiges, des racines, intégrés dans l’un ou l’autre des feuillets qui composent l’œuvre, et en font un assemblage unique. À une époque où les matériaux industriels et la technologie ouvrent de nouvelles perspectives artistiques et conceptuelles, Jayashree préfère se tourner vers des formes organiques, artisanales, trouvant, une nouvelle approche de la nature, d’elle-même et du monde qui l’entoure.
Dans l’exposition présentée au musée des Arts asiatiques, ‘’La vie ne sera plus jamais la même", Jayashree mêle intimement émotions et expériences personnelles.
La vidéo suivante vous est proposée présentant l’artiste :