A Toulouse : l’hôtel d’Assézat et la Fondation Bemberg
Dès son plus jeune âge, il manifesta un goût prononcé pour les beaux objets et c'est alors qu'il était étudiant à Harvard qu'il éprouva son premier "coup de coeur" pour une gouache de Pissarro, remarquée chez un marchand new-yorkais et acquise pour 200 dollars. De ce jour, naquit une passion qui devait ne pas s'éteindre.
Sans héritier direct, Georges Bemberg s'était, à la fin des années 1980, inquiété du futur de ce qui était devenu, au fil de sa vie, une collection d'une qualité et d'une variété rares.
C'est alors que lui est venue l'idée de créer une Fondation, seul moyen de préserver sa collection dans son intégrité, tout en permettant au public d'y accéder.
En proposant de mettre l'Hôtel d'Assézat à la disposition de sa Fondation, la municipalité de Toulouse répondait au vœu de Georges Bemberg : disposer d'un lieu hors du commun, où abriter les œuvres et les objets témoignant d'une vie toute entière consacrée à la recherche artistique.
Ce qui distingue la collection Bemberg et en fait tout le charme et la personnalité est qu'elle n'est rien d'autre que le reflet fidèle du goût et du tempérament de son auteur. Celui-ci a choisi chaque tableau, chaque objet, pour sa seule beauté et l'émotion que sa contemplation éveillait en lui.
Parmi les œuvres appartenant désormais à la Fondation, figurent près de cent-cinquante tableaux anciens, près de deux-cent tableaux et dessins modernes, ainsi que cent bronzes, des livres anciens et une très importante collection de meubles et objets d'art des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Dans les œuvres représentant les deux principaux courants de peinture de la collection (La période allant du XVIe au XVIIIe siècle d'une part, et l'École Française Moderne de l'autre), se retrouvent un équilibre, une richesse de coloris et une délicatesse qui témoignent du sens esthétique très sûr et de la profonde sensibilité artistique de celui qui les a réunies. Parmi les tableaux les plus anciens, on remarque une Vierge à l'enfant due à l'atelier de Van der Weyden. Le XVIe siècle est présent avec cinq œuvres de Cranach, quatre portraits de Benson, un portrait de Charles IX dû à l'atelier de François Clouet. Les écoles flamande et hollandaise des XVIe et XVIIe siècles sont représentées avec notamment des œuvres de Pourbus, Vermeyen, Floris, Brueghel, Van Goyen, Wouwerman, Van Dyck, Pieter de Hooch et plusieurs autres artistes majeurs. L'école vénitienne est quant à elle particulièrement bien représentée avec plusieurs tableaux du Tintoret, un Bassano, des Véronèse, quatre œuvres de Canaletto, cinq de Guardi, un Tiepolo et un superbe Longhi.
Résultat des efforts de M. Bemberg dans les années qui ont suivi l'ouverture du musée, le XVIIIe n'est pas en reste avec les principaux maîtres du temps de Louis XV et Louis XVI.
Quant à elle, la collection moderne compte d'abord un ensemble de plus de trente toiles de Bonnard, d'une variété et d'une richesse exceptionnelles : la découverte de ce peintre a en fait marqué une étape importante dans l'évolution de la sensibilité artistique de Georges Bemberg, et fortement influencé ses choix ultérieurs.
Enfin, pratiquement tous les grands noms de l'École Française Moderne figurent dans la collection abritée au second étage qui, de Boudin à Matisse, comprend aussi Degas, Dufy, Gauguin, Monet, Marquet, Signac, Vlaminck, La collection Bonnard est particulièrement importante. Ce qui offre un véritable panorama de la plupart des courants de la peinture moderne : impressionniste, pointilliste, fauve.