L'OR DES PHARAONS
L’exposition L'OR DES PHARAONS rassemble plus de 150 chefs-d'œuvre du musée du Caire et présente une série d'ensembles prestigieux découverts dans les tombes royales et princières de l'Egypte pharaonique. Le Grimaldi Forum retrouve ainsi l’expertise de la commissaire d’exposition Christiane ZIEGLER, Directrice honoraire du Département des Antiquités Egyptiennes du Musée du Louvre, Directrice de la publication de la Mission archéologique du Musée du Louvre à Saqqara (Egypte) et Présidente du Centre d'archéologie, Memphite. Au-delà d’une présentation de somptueux ensembles (bijoux, vases, bracelets, pendentifs, ceintures d’orfèvrerie, miroirs à disque d’or, colliers, sarcophages, masques funéraires et meubles plaqués or), illustrés de documents retraçant leur découverte, l'exposition interroge également le statut de ces œuvres qui sont une des formes d'expression artistique les plus anciennes et les plus universelles.
Chaque été, le Grimaldi Forum Monaco produit une grande exposition thématique, consacrée à un mouvement artistique majeur, à un sujet de patrimoine ou de civilisation, à une collection publique ou privée, à tout sujet où s’exprime le renouvellement de la création. Une occasion de mettre en valeur ses atouts et ses spécificités : offrir un espace de 3 200m² pour créer en toute liberté, mettre au service de la scénographie les outils technologiques les plus performants, s’appuyer sur les meilleurs spécialistes dans chaque domaine afin d’assurer la qualité scientifique de ses expositions.
Des découvertes aussi fabuleuses que celles de la tombe de Toutankhamon ou les trésors de Tanis n'ont pas manqué de renforcer ce mythe. De même que les trésors enfouis dans les tombeaux des pharaons appartiennent à notre imaginaire collectif, ces bijoux d’or souvent rehaussés de pierres de couleurs intenses : lapis-lazuli bleu foncé, feldspath vert, cornaline rouge, et ces vases façonnés dans l’or témoignent du faste de la vie des rois et de leurs courtisans.
Les plus anciens datent de la première dynastie avec les bracelets du roi Djer découverts dans sa tombe d'Abydos. L'orfèvrerie du temps des pyramides est illustrée par les bijoux d'or du roi Sekhemket provenant de sa pyramide de Saqqara et un ensemble ayant appartenu à la reine Hetephérès, mère de Khéops, enterrée au pied de la grande pyramide de Giza; on admirera particulièrement ses bracelets d'argent, le métal le plus prisé, incrustés de papillons. A Dachour et Illahoun, les pyramides des souverains de la XIIème dynastie ont livré des parures appartenant à des princesses de la famille royale : pendentifs "pectoraux" ajourés, ceinture d'orfèvrerie et délicats bracelets témoignant du raffinement de cette époque qui est considérée comme l'apogée de la joaillerie égyptienne
Un parcours chronologique
Le visiteur parcourt l’histoire de l’Egypte antique, jalonnée par la découverte de trésors mis au jour par des archéologues ou par des pilleurs de tombes. Ici la visite est chronologique. Elle est scandée par des statues de souverains. Les pharaons étaient les maîtres du temps. Au début de chaque règne, le temps recommençait. Cela nous permet d’évoquer l’époque à laquelle les divers bijoux ont été produits et à qui ils appartenaient. Avec l'ensemble de la reine Iah-hotep, mère du pharaon Amosis, découvert dans la nécropole de Dra Abou'l Naga, sur la rive Ouest de Thèbes, s'ouvre le Nouvel Empire : miroir à disque d'or, lourds bracelets, collier "large" illustrent la magnificence de la période. Malheureusement les tombes de ces grands souverains creusées dans les falaises de la Vallée des Rois ont été pillées sans scrupule dès l'Antiquité. On peine à imaginer les trésors évanouis que recélaient les tombes de grands monarques tels Chéops, Thoutmosis III ou Ramsès II... Une parure ouvragée, diadème et boucles d'oreilles, appartenant à un enfant royal de la XXème dynastie provient d'une cachette du même lieu. Et s'il ne comporte pas de bijoux remarquables, le mobilier funéraire de Youya et Touyou, beaux-parents d'Amenhetep III, qui eurent le privilège d'être inhumés dans la Vallée des Rois est véritablement royal : sarcophage, masques funéraires et meubles plaqués d'or.
Les sépultures royales découvertes en 1939 à Tanis dans le delta ont fourni une masse de bijoux et d'orfèvrerie datant des environs de l'an 1000 avant J.C. En effet, Psousennès Ier et Chéchonq II, Pharaons peu connus, avaient emporté dans leur tombe des trésors qui rivalisent avec celui de Toutankhamon : sarcophage d'argent, masques d'or, bijoux, vases précieux... Ainsi s’achève chronologiquement notre parcours, les tombes des souverains postérieurs n'ayant pas été identifiées à l'exception de celles des pharaons d'origine soudanaise qui se feront enterrer dans leur pays.
Réservés à une élite, et en premier lieu aux dieux (offrandes, matériel liturgique, obélisques, éléments d’architecture des temples plaqués d'or … etc.), l'orfèvrerie et les bijoux portés par les hommes comme par les femmes sont des attributs du pouvoir, parfois un signe d'extrême distinction. Ces bijoux sont dotés d'une grande valeur marchande dans une société qui ignore alors la monnaie (d'où le pillage des tombes dès la plus haute antiquité) et d'une exceptionnelle valeur magique (liée à leur matériau, leur couleur et leur décor).
La production de cette joaillerie met en oeuvre l’emploi de matériaux précieux et la maîtrise de techniques élaborées, une chaîne humaine hiérarchisée qui va du pharaon, seul possesseur des richesses du pays, au modeste "fabricant de colliers" en passant par les escouades de mineurs et les scribes comptables de l'or.
Dès le 3ème millénaire avant J.-C., les égyptiens savaient travailler l’or, les métaux précieux et les pierres fines. Dans la vie quotidienne, ils se paraient de bijoux dont l’évolution à travers les millénaires a été notable comme l’attestent leurs découvertes successives dans de nombreuses tombes.
Les Egyptiens avaient une conception de l’au-delà plutôt optimiste ; ils souhaitaient prolonger dans l’au-delà leur vie terrestre et tout ce qui faisait son intérêt. Ils étaient enterrés avec des bijoux, symboles de prestige et marqueurs de leur rang social mais aussi chargé d’un pouvoir protecteur
L’or joue un rôle très important dans la civilisation pharaonique. Dotée de nombreux gisements d’or sur son territoire, l'Egypte est l'une des plus anciennes civilisations à avoir mis au point, il y a cinq mille ans, des techniques pour l’extraire et l’isoler.
L’or s’échangeait selon son poids et non selon le travail des orfèvres. Il avait une valeur marchande, religieuse et symbolique.
L’or éclatant comme le soleil était considéré comme la « Chair des Dieux ». Cet « or divin » à la dimension magique, il donnait au Pharaon son pouvoir dans l’éternité lui assurant l’immortalité, raison pour laquelle on retrouve cette abondance de masques funéraires et de parures en or dans leur dernière demeure.
Dans les croyances égyptiennes, l'or possédait des pouvoirs protecteurs. C'est pourquoi les momies étaient parées d'amulettes et de bijoux en or, et de nombreux joyaux étaient déposés parmi l'équipement funéraire. Inaltérable, il était un gage d’éternité
L'exposition s’attache à présenter les étapes et les techniques de fabrication des bijoux utilisées par les Egyptiens, les sources d’approvisionnement, la chaîne de transformation du modeste mineur au Pharaon propriétaire de toutes ces richesses en passant par les bijoutiers, les scribes, les chefs d ‘expédition… toute l’organisation de la filière de production de ces trésors.
Il est intéressant de constater que si ces parures changent à travers les millénaires, leurs formes perdurent à travers les âges, comme le collier large appelé Ousekh qui est souvent terminé aux deux extrémités par des têtes de faucon, typique de la bijouterie égyptienne qu’on trouve depuis le temps des pyramides jusqu’à la fin de la période pharaonique