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Publié par Guy Muller

La villa Arson est implantée sur la colline Saint Barthélémy sur plus de deux hectares. Elle offre un magnifique panorama sur la ville de Nice. C’est l’architecte Michel Marot qui a réalisé une construction sans façade, qui épouse le relief de la colline. Une promenade s’impose afin de découvrir ses patios, allées, jardins accueillant des plantes de tous pays. La villa est dédiée à l’art contemporain : rassemblant une école, un centre d’art, une résidence d’artistes.

Exposition Judy Chicago

 

L’exposition « Los Angeles, les années cool » revient sur les premières expérimentations méconnues de cette artiste inclassable, au croisement des différents mouvements qui composent les formes émergentes de toute une époque : du pop art au light and space, en passant par le hard-edge ou le minimalisme.

Dès le début des années 60, Judy Chicago produit ainsi une œuvre profondément ancrée dans la Californie où elle vit et où est née une certaine esthétique nommée entre autres cool school, matrice de toutes les expérimentations. Son style est une sorte de pop vernaculaire, de type californien avec un goût affirmé pour certains matériaux liés à la vie et à l’industrie locale : plexiglas, lucite, vinyle ou polyester.

 

Judy Chicago se distingue de ses contemporains par la singularité de ses œuvres, notamment par ses formes suggestives ou par ses rapports d’échelle monumentale liés à son propre corps mis en perspective dans l’espace. C’est ainsi qu’elle crée en 1967, Feather Room —une immense installation de 8 m sur 8 m sur 3,5 m de hauteur, composée de plumes blanches, de bâches légères et d’un système lumineux— digne des plus beaux projets light and space de son temps. Avant la première rétrospective de Judy Chicago prévue au MOCA de Miami au mois de décembre 2018, la Villa Arson réunit pour la première fois une grande partie des œuvres de l'artiste des années 60 et 70 : peintures, sculptures et installations dont Feather Room. Cette installation est visible dans le cadre de l’exposition actuelle : on pénètre sur un immense tapis de plumes qui donne l’impression de marcher dans une neige légère recouvrant nos pieds. 

La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice

Une fixation sur les capots de voiture

 

Judy Chicago, adopte la technique du spray et s’approprie l’usage des couleurs industrielles. Elle utilise la forme bombée du devant de la voiture afin de souligner la flamboyance des formes simples et géométriques, qui s’organisent autour d’un axe de symétrie. L’œuvre  est marquée par un effet optique fort qui permet de relier le travail de Judy Chicago au mouvement de peinture abstraite hard-edge propre à la côte Ouest ainsi qu’au pop art par un recours à un objet de consommation de masse.

Ce sont bien des formes à l’apparence organique voire biomorphique qui surgissent à la lueur du capot de Corvair. Suite à la mort de son mari dans un accident de voiture elle s’approprie les éléments de l’auto et les utilise comme support de peinture.

L’artiste semble passer d’une peinture industrielle et abstraite à une iconographie plus personnelle.

Cette artiste a été violemment critiquée par les enseignants de UCLA en raison de ses formes explicitement sexualisées. Judy Chicago n’est pas la seule à qui l’on reproche une puissance érotique. Plusieurs critiques new-yorkais associent la cool school à sa charge sensualiste. Cette seule lecture constitue un argument majeur pour la distinguer.

La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
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Les Dômes

Une série de dômes en acrylique disposés trois par trois sur des tables dont la surface est miroitante. Tourner autour, chercher un indice, une pointe de signification, un écho à la réalité... rien de tout cela.

Ces oeuvres stimulent la perception et font danser les couleurs : « Le violet devient rose, le bleu prend un aspect aqueux, le vert se transforme en chartreuse sur les bords », explique Judy Chicago. Cette dernière ne cherche pas à recouvrir les dômes pour les orner de telle ou telle couleur, elle travaille à l’intégration de la couleur dans la matière elle-même : une sculpture colorée en soi. La couleur n’est plus picturale mais sculpturale.

Tout comme Judy Chicago, Larry Bell ou Craig Kauffman jouent à faire vibrer les teintes à la surface des corps dans leurs sculptures. Celles-ci s’illuminent, s’enflamment ou s’effacent, et subliment le rapport de l’espace à l’infini. Cependant, Judy Chicago s’éloigne des formes rigides, carrées, aux angles vifs de ses collègues pour glorifier les formes douces, la perfection de la sphère et la magie de l’arrondi.

Avant de développer une iconographie explicitement érotique, Judy Chicago s’inscrit dans le courant de l’art minimal. Elle participe notamment à l’une des plus grandes expositions qui lance le mouvement minimaliste en 1966 : « Primary Structures » au Jewish Museum (New York). Lors de cette exposition, elle apparaît aux côtés de deux autres artistes californiens, Larry Bell et John McCracken. Elle y présente Rainbow Pickett, dont Multicolor Rearrangeable Game Board de 1965, est la « petite sœur ».

 

Judy Chicago donne à voir des blocs, des cylindres, des cubes, qui, posés au sol, invitent à la déambulation. Le regardeur n’est plus dans un face à face avec l’œuvre : il en fait partie. Au travers de ces formes multicolores, l’artiste teste les limites de la couleur et s’aventure dans l’expérience perceptive des figures géométriques les plus simples.

La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice
La Villa ARSON à Nice

Marcia Hafif

 

Des cerfs-volants, des roues de bicyclette ou des croix ? A partir de 1960, les oeuvres de Marcia Hafif présentent une symétrie qui organise la surface de la toile ou du papier. Cette régularité marque son travail jusqu’au début des années 70. Qu’importe la matière, laque, pastel, crayon, les motifs géométriques occupent l’espace et s’ouvrent peu à peu pour former des cercles : des œuvres « ouvertes ».

On retrouve dans le travail de Marcia Hafif un même questionnement : comment quitter l’abstraction ? Qu’est-ce que la peinture, le dessin ? Elle travaille à un art nouveau et se concentre sur des rapports simples de fonds et de formes, de lignes et de couleurs, un vocabulaire « concret » dit l’artiste.

Les formes géométriques et colorées placent Marcia Hafif et Judy Chicago dans un langage abstrait aux tendances pop, dans cette première moitié des années 60, qui ne demande à l’avenir qu’à s’émanciper vers un certain sensualisme pictural.

La Villa ARSON à Nice
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