Les châteaux de Hautefort et Bridoire (Dordogne)
Nombreux sont les châteaux implantés en Dordogne, après celui de Monbazillac, nous avons visité deux demeures intéressantes : Hautefort et Bridoire.
Historique de Hautefort
L’ancienne forteresse médiévale, probablement construite à l’emplacement d’un camp romain, se transforme en demeure de plaisance au 17ème siècle. Abandonnant progressivement son appareil défensif pour l’agrément d’une architecture classique, le château reflète le rang et la puissance des marquis de Hautefort. Cet édifice meublé conserve une remarquable collection de mobilier des 17ème et 18ème siècles.
Au 19ème siècle, le Comte de Choulot dessine les jardins à la Française et crée le parc à l’Anglaise qui offrent des vues variées sur la campagne et les villages environnants. Les broderies de buis du jardin, élégamment disposées autour du château, contribuent à la renommée du domaine et au plaisir de sa visite.
Les jardins à la française
En 1853, le comte de Choulot entreprend une réfection complète des jardins de Hautefort à la demande du Baron Maxence de Damas, propriétaire du château de Hautefort par son mariage avec Charlotte de Hautefort en 1818.
La transformation du jardin se poursuit au 20ème siècle avec le baron et la baronne de Bastard, principalement de 1950 à 1980. Sur l’esplanade, une galerie de verdure en thuya du Canada, doublée par un parterre de buis vient remplacer les anciens communs détruits à la fin du 19ème siècle. Les parterres dessinés par Choulot sont conservés mais le gazon et les fleurs disparaissent pour laisser place au buis et à l’art topiaire (l’art de sculpter les végétaux). La terrasse située au nord, est également plantée de buis taillés, alternant avec des ifs en colonne. Disposés sur des terrasses autour du château, les jardins à la française forment un écrin de verdure, propice à une promenade inoubliable. Depuis le château la vue sur les jardins est exceptionnelle : voir notre vidéo.
Le château de Bridoire
Bridoire est un Monument Historique privé XVème siècle situé au cœur du vignoble de Monbazillac. Nous découvrons ses 15 pièces meublées sur 3 niveaux : une remarquable cuisine voutée avec sa batterie de cuivres, une salle à manger, une salle de billard, un grand salon, une salle des gardes, une prison souterraine, chambre du roi et chapelle. Nous avons apprécié l’accent mis sur l’accueil des enfants. Ils peuvent renouer avec de nombreux jeux à l’intérieur et à l’extérieur du château. La salle à manger du château ressemble à une maison hantée avec des toiles d’araignée accompagnées des volutes de leurs toiles.
Pendant 22 ans, Bridoire a défrayé la chronique !
Pillage, vandalisme, convoitise politique et financière, ce château a subi tous les outrages ! C’est l’Empereur Bokassa qui gérait le château sous l’emprise d’une société à sa dévotion. Cette étape nous rappelle les tristes pitreries organisées du temps de la France-Afrique (le couronnement de l’empereur) et comment les pires dictatures ont été soutenues contre les aspirations de leurs populations !
Bridoire rassemble en conséquence les pratiques en cours dans l’Empire. Portes du château mal fermées, absence de gardien : le château devient rapidement la proie de visiteurs mal intentionnés. Les voitures particulières circulent dans la cour et chargent au fil du temps les meubles, les tableaux, les tapisseries. Un piano à queue en marqueterie, des statues disparaissent en toute impunité. Les gendarmes s'interrogent, essaient d'alerter le gérant mais celui-ci ne semble pas préoccupé par son bien, il est devenu invisible, porte plainte parfois mais reste sourd la plupart du temps aux coups de téléphone de la gendarmerie de Sigoulès. Des rumeurs courent évoquant l'ombre de Bokassa. En dix ans, le château a subi plus d'outrages qu'il n'en a eu au cours des trois siècles précédents. Il est devenu le libre service de brocanteurs peu scrupuleux, de personnes douteuses qui trouvent là un lieu de prédilection pour faire la fête, boire et se droguer en toute tranquillité.
Exproprié par l'Etat en 2002, il est revendu au secteur privé par le biais d'une procédure d'appel d'offres. Passionnés depuis toujours par les châteaux en périls, Catherine et Jacques Guyot, le 13 Septembre 2011, rachètent Bridoire à l'Etat avec deux engagements : le restaurer et l'ouvrir au public. Grandes cuisines, salle à manger, jardin d'hiver, billard, grand salon, salon des jeux, scriptorium, chapelle, écuries, cave et cul de basse fosse ont été restaurés et remeublés en 2012.
Le couple Michel et Catherine Guyot, déjà propriétaires du château de La Ferté-Saint-Aubin dans le Loiret, et du château de Saint-Fargeau dans l'Yonne, initiateurs du projet de Guédelon également dans l'Yonne, sont des professionnels de l'animation touristique et des amoureux du patrimoine.