Barcelonnette : les fêtes mexicaines
Nous avons séjourné à Barcelonnette pendant les fêtes mexicaines, ce qui nous a permis de participer à l’ambiance de la ville, ainsi qu’aux concerts organisés par les troupes de Mariachis.
La Sapinière le musée
Une villa et un musée
Des collections ouvertes sur le monde
Ne soyez pas surpris en franchissant le porche à colonnes doriques de la villa La Sapinière (1878), qui abrite depuis 1988 le musée de la Vallée - musée de France -, de croiser des objets en provenance d'Asie, d'Afrique et bien sûr d'Amérique.
Ils ont tous une histoire, étroitement reliée aux parcours de vie des habitants de l'Ubaye : 1000 petits chefs-d'œuvre du Mexique racontent la culture populaire du pays d'accueil des émigrants barcelonnettes au Mexique qui en ont rapporté les objets emblématiques (metate, molinillo, sarape ou le culte de la vierge de Guadalupe) ; des statues et œuvres diverses de Chine, du Japon, de Birmanie réunies par le voyageur-naturaliste de Barcelonnette Émile Chabrand (1843-1893) à l'issue de son tour du monde (1882) et placés dans son "cabinet de curiosités" récemment reconstitué.
On y trouve encore des œufs, une chimère, des oiseaux et poissons naturalisés, des coraux… qui cohabitent avec une armure de samouraï ramenée du Japon.
Le même métissage des cultures distingue les toiles orientalistes signées du couple de peintres voyageurs Jean Caire (1855-1935) et Marie Tonoir (1860-1934), qui ont aussi répondu à l'appel de l’Orient (séjours à Biskra, Algérie).
La villa
Edifiée en 1878
La villa La Sapinière appartient à la première génération des villas (1870-1890) construites de retour du Mexique.
"Retrouver la maison de Barcelonnette, avec ses grandes chambres ensoleillées, la grande et haute salle à manger, protégée du soleil par des volets mi-clos et où, suivant l'usage du temps, les initiales de mon père étaient frappées en or sur le haut dossier des chaises de cuir vert... Revoir dans le parc le coin des belles fraises chaudes et épanouies dans le sable, les lilas encore en fleurs...". Paul Reynaud, Mémoires, Venu de ma montagne, Flammarion, Paris, 1960
La maison de Barcelonnette (1878-1883)
C’est ainsi que Paul Reynaud (1878-1966) décrit la maison de Barcelonnette édifiée en 1878 par son père Alexandre Reynaud. Natif de Saint-Paul-sur-Ubaye, le père de l’homme d’État français choisit Barcelonnette, sous-préfecture, pour édifier, parmi les premiers émigrants ubayens de retour du Mexique fortune faite, une villa de villégiature qu’il baptise La Sapinière.
La construction à peine achevée (1883), Alexandre Reynaud remanie profondément sa "bâtisse" pour prendre modèle sur la villa La Roseraie construite à proximité. “Il a enlevé les mansardes, par conséquent la toiture, relevé les murailles d’un étage et formé son toit sur quatre pentes conformes aux nôtres ; seulement il est moins élévé et au lieu de châssis, il a préféré l’oeil de boeuf”. (lettre de L.F. Tron à ses fils, 1883).
Villas des Mexicains
De nombreuses maisons construites par les Barcelonnettes revenus du Mexique sont classées monument historique. Ayant émigré en masse, entre 1850 et 1950 au Mexique, ils ont détenu le monopole du commerce et de l'industrie textile tout en y découvrant « l'importance de l'architecture et son pouvoir de représentation dans ce siècle de l’Industrie » en particulier sous le gouvernement de Porfirio Diaz. Leur position sociale leur a permis de devenir les promoteurs d'une architecture monumentale liée à la création de leurs grands magasins. De retour du Mexique, ils reprirent pour l'édification un style directement issu de l'art industriel qu'ils avaient contribué à mettre en place.
De leurs grands magasins mexicains à leurs villas de la vallée de l'Ubaye, pour les Barcelonnettes les références culturelles sont restées identiques. Les villas de Barcelonnette et de Jausiers ont les mêmes architectes, décorateurs et fournisseurs spécialisés. L'objectif de ceux-ci et de leurs commanditaires fut « d’exprimer avant tout l'image du progrès et de la réussite sociale
Elle se distingue par sa proximité avec le modèle urbain classique local, hérité du 18e siècle. Les premières villas adoptent toutes un plan simple massé de forme rectangulaire auquel répond une élévation symétrique percée de cinq travées et couverte d’une toiture à quatre pans. Le terme choisi pour évoquer les premières villas est celui de « bâtisse ».
Il sera remplacé par celui de « villa-château » pour évoquer la seconde génération des villas (1890-1914).