Lourmarin
Nous reprenons notre rubrique de voyages en Provence. Du Lubéron à Sisteron, en explorant des communes autour d’Avignon, vous découvrirez des richesses proches. Au début du mois de juin, la rareté de la circulation automobile, était un plus très agréable, facilitant nos découvertes.
Lourmarin
Le Château de Lourmarin
Construit sur un promontoire, le château de Lourmarin s´appuie sur une ancienne forteresse du XIIème siècle. C´est en 1470 que Foulques d´Agoult, baron de Sault fait venir une colonie de Vaudois du Piémont qui s´installe dans le village. Il entreprend en 1475 de construire le " Château Vieux " flanqué d´une petite tour polygonale du côté nord. La tour octogone du couchant sera ajoutée vers 1524. La partie " Château Neuf " (1526 - 1560) à l´allure italienne, avec ses fenêtres à croisée de meneaux est complétée par une tour quadrangulaire abritant un escalier de 93 marches à double torsade. Cette tour recèle de nombreux secrets de compagnons : motifs sculptés, signatures et métaphores des tailleurs de pierre. Au début du XXème siècle, le château alors en ruine, connaîtra une nouvelle destinée, avec l´intérêt que va lui porter un riche industriel. Une colossale restauration menée dans les années 1920 en fera un foyer artistique et littéraire en Provence, puis une Fondation.
Le village de Lourmarin
À la fin du XVe siècle, la population augmente dans tout l'arc alpin et de nombreux habitants des hautes vallées descendent dans les plaines, une émigration économique très progressive. Le village fait partie de la quarantaine de localités, de part et d'autre du Luberon dans lesquelles s'installent au moins 1400 familles de Vaudois des Alpes, soit environ 6 000 personnes, venues des diocèses alpins de Turin et d'Embrun entre 1460 et 1560. Les deux-tiers de ces futurs Vaudois du Lubéron sont arrivés entre 1490 et 1520.
Lourmarin est une pièce maîtresse dans l'organisation de la communauté vaudoise de l'époque qui s'étend pendant trente ans à 24 villages prospères, mettant en valeur les terres marécageuses au sud du Luberon, puis sur le versant nord.
Le 18 avril 1545, le village, peuplé de Vaudois, est incendié par les troupes de Paulin de la Garde. Après le massacre d'avril 1545, au cours duquel sont exterminés 3 000 Vaudois du Lubéron, une partie des survivants sont revenus dans le Piémont. Les témoignages de l'époque décrivent les vaudois comme de gros travailleurs, intègres, payant leurs dettes, d'une grande pureté de mœurs. Grâce à leur labeur, les terres produisent de plus en plus, et leurs seigneurs voient leurs dividendes passer « de quatre écus à huit cents ». Mais cela excite les jalousies et la religion est mise au service d’une immense captation des richesses vaudoises. Plus de 600 personnes sont vendues comme esclaves ou envoyées aux galères.
La révocation de l’Edit de Nantes en 1685, achève ce génocide en vidant encore plus les villages. Une partie des viticulteurs huguenots du village fuient aux Pays-Bas puis vont s'installer dans la communauté des huguenots d’Afrique du Sud où existe toujours le village de Lormarin. Parmi ces viticulteurs, Jean Roy, vigneron d'origine vaudoise, installé à Lourmarin qui a émigré en 1688 en Afrique du Sud, où il a créé un des vignobles les plus célèbres de ce pays aujourd'hui.