Le plateau d’Assy
L’église Notre Dame de toute grâce
Son odyssée s'ouvre avant la dernière guerre. À 1 200 m d'altitude, Assy (commune de Passy) est une station climatique située au vent salubre des sentes, en regard de la chaîne du Mont-Blanc. Le village accueille les malades de la tuberculose. « On compte alors 14 établissements de soins. Dans certains, une chapelle est édifiée, d'autres sont visités par des aumôniers. Mais Passy reste alors un lieu isolé, sans une vie paroissiale dynamique », raconte Marie-Jeanne Grippa, membre du conseil paroissial.
Il y a cinquante ans, « Grâce » était consacrée. Dans le berceau de baptême de la nouvelle église, un vitrail du peintre Rouault... S'ensuivront des œuvres d'artistes reconnus Matisse, Chagall, Braque, Lurçat, Richier, Kijno, Léger, et bien d'autres. En franchissant le narthex de l'édifice religieux, sur lequel flambent les couleurs primaires des Litanies de la Vierge, mosaïque de Ferdinand Léger, on imagine l'entregent de celui qui parvint à convaincre tous ces artistes.
Voici qu'un chanoine dominicain, le P. Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz et ami de l'artiste et dominicain Marie-Alain Couturier, reçoit la mission de bâtir une église pour les malades à Assy. Celui-ci fait appel à un jeune architecte, Maurice Novarina, qui s'engage dans l'édification d'une église, sans prétention.
Avec une maçonnerie exécutée en pierre de taille du pays, grise, terne, Notre-Dame-de-Toute-Grâce s'inspire d'un chalet savoyard. Enveloppée de toits pentus capables d'affronter de lourds matelas de neige, elle est surmontée d'un campanile de 28 m. Ce dernier abrite le baptistère que décorera Marc Chagall.
Un écrin d'oeuvres modernes
L'audace en poupe, le P. Devémy, aidé du P. Couturier, dont deux vitraux sont à Assy, prend son bâton de pèlerin et va sonner à la porte des artistes de son temps car, ose-t-il, « tout artiste vrai est un inspiré ». Le chœur de l’église est décoré d’une immense tapisserie de Jean Lurçat
Rouault lui fait don de quatre autres œuvres. Puis Pierre Bonnard peint le patron du diocèse, un remarquable saint François de Sales, qui fut évêque de Genève et d'Annecy au XVIIe siècle et grand docteur de l'Église.
« Picasso a failli être le troisième homme, raconte Jean Soudan, président du comité d'organisation du cinquantenaire de la consécration de l'église. Le P. Devémy se rend à Paris en pleine guerre, en pensant lui demander un saint Dominique, espagnol comme lui. Loin de sa période bleue qu'affectionne le dominicain, Picasso n'a que maigre besace à offrir... Mais Devémy s'arrête devant une nature morte. « C'est de Matisse », lui précise Picasso. Son regard s'émoustille : « C'est lui qui peut faire ce tableau de saint Dominique pour votre église ! »
Matisse, alors pris par son chantier de Vence, acquiesce. Deux ans plus tard, saint Dominique en buste apparaît, épuré, d'un trait rapide noir sur céramique jaune. Viendra Georges Braque, qui se charge de la porte en bronze du tabernacle, puis Germaine Richier avec un Christ loin du figuratif, torturé, dans l'inspiration du texte d'Isaïe (53, 2-3).
Enfin, la façade est confiée à Fernand Léger, « l'homme de la modernité, le peintre des usines et des ouvriers qui veut jeter de la couleur dans la vie des gens », commente Anne Tobé, présidente du club d'histoire du plateau d'Assy. « C'est finalement l'Église qui lui aura permis, à lui inscrit au Parti communiste, de réaliser sa plus grande œuvre, sur 152 m². » « Ma vie est remplie. Elle déborde ! » exulte le P. Devémy.
Le Jardin des cimes
Lieu unique de nature et de culture, le Jardin des Cimes est une invitation a la découverte de la nature, des montagnes, des potagers et de l’art des jardins au cours d’une promenade d'une heure.
Visite au coeur des univers alpins, visite des potagers du monde, balades sonores à travers les cimes, ce jardin unique offre un panorama d’exception sur le massif du Mont-Blanc tout au long d’un parcours tant sensoriel que pédagogique.
La promenade dans le jardin permet au visiteur de traverser des espaces jardinés très diversifiés, en le plongeant dans une ambiance propre à attiser sa curiosité et a éveiller ses sens. La visite commence par une ascension imaginaire du bas de la vallée jusqu’aux glaciers des hauts sommets. Les différents étagements de la vie en montagne sont représentés avec un regard sensible, artistique et pédagogique.
Le cheminement démarre sous le tunnel de verdure de la Porte de l’Ombre constitué de clématites du Tibet, vigne vierge, hydrangea du Japon, spirée d’aubert, glycine de Chine, chèvrefeuille “halls prolifics”, accompagné par les chants d’oiseaux de cet étage montagnard : casse noix moucheté, mésange alpestre, pic noir, chouette de tengmalm…
La visite se poursuit sous la forêt brumeuse d’épiceas de l’étage subalpin, guidée par les cairns et le son des marmottes, chamois, chocards présents à ces hautes altitudes. La Porte Tellurique nous amène à l’étage alpin puis l’on accède a l’univers des glaces et de la haute montagne de la Porte des Anges.
Du glacier, le visiteur redescend dans la vallée en traversant différents espaces ou sont abordés la relation de l’homme et de la montagne : le tourisme avec les funiculaires du début du XXe siecle ; les vergers présentant les arbres fruitiers locaux comme le prunier de Passy ; l’apiculture avec l’espace mellifère ou l’on retrouve des plantes vivaces comme la carline acaule, la centaurée des montagnes.
Le retour en vallée se fait en longeant la haie des oiseaux et ce sont les jardins qui sont mis a l’honneur au travers de six espaces dediés aux potagers du monde. On y découvre entre autre les légumes exotiques du potager asiatique, tels que poireau chinois, laitue chrysantheme, périlla ; le potager insulaire composé de bananiers, cannes a sucre, igname, gombo, cultivés a plus de 1 000 m d’altitude ; un étonnant massif de fleurs blanches composé selon les années de tabac, zinnia, cléome, bette blanche, gaura.