Exposition Marc Desgrandchamps – Silhouettes à Dijon
Pensée en regard de l’exceptionnelle collection de peintures et sculptures du musée des Beaux-Arts de Dijon, l’exposition Marc Desgrandchamps – Silhouettes inaugure par ailleurs les nouveaux espaces au 3e étage du musée, désormais consacrés aux expositions temporaires avec un accès direct aux salles depuis la cour de Bar de l’ancien Palais des Ducs et des États de Bourgogne. Cette exposition réunit un ensemble significatif de 47 grandes toiles et polyptyques accompagnés de dessins, répartis en six salles et thématiques distinctes, permettant d’appréhender les changements apparus dans la pratique de l’artiste au cours de la dernière décennie : apparition de nouveaux sujets, formes et motifs affirmés avec intensité. L’ensemble de son œuvre témoigne de l’instabilité des perceptions et de l’ambiguïté du visible. Par la très grande originalité plastique de son travail, Desgrandchamps a su créer un univers pictural immédiatement identifiable, qui résiste néanmoins aux interprétations.
Un parcours aux multiples thématiques
Déployée dans six salles du 3e étage, l’exposition explore sept thématiques distinctes au travers d’un parcours conçu pour appréhender les multiples facettes de l’œuvre de Marc Desgrandchamps, et dévoile ainsi un travail attentif à saisir les ambivalences d’un monde imprégné de crises, qui peut néanmoins se révéler d’une beauté indubitable, tout particulièrement dans les paysages. Engagé dans un dialogue permanent et vivant avec l’art ancien et la modernité, Desgrandchamps se saisit également d’images et d’histoires, qui amène le public à revisiter l’histoire des arts.
Musée Magnin
Certaines oeuvres proviennent du musée Magnin de Dijon qui expose simultanément le même artiste.
Description du premier tableau
Dans un cadre architectural sobre, deux silhouettes féminines dont on ne devine pas les visages contemplent une statue drapée. Leur allure contemporaine – jeans, baskets, téléphone à la main – peut faire penser à deux visiteuses dans un monument. Pourtant, comme souvent chez Marc Desgrandchamps, la scène est d’une simplicité trompeuse. À mesure qu’on regarde le tableau, elle se fait plus opaque. L’architecture est loin d’être anodine. Il s’agit d’une reconstitution de l’espace peint par Piero della Francesca dans la célèbre Flagellation du Christ (vers 1460).
Une représentation aussi intuitive que cultivée de notre perception du monde. Elle est nourrie de références à l’Antiquité, au cinéma, à la littérature, à la philosophie, et à l’histoire de l’art en même temps que d’autres plus anecdotiques comme des souvenirs de vacances, de promenades, d’images médiatiques. Ce que l’intuition met en valeur au travers des formes qui se répètent, des ruptures d’échelle provoquées par des figures monumentales, des fragments détachés, c’est le fonctionnement de notre mémoire chargée de réminiscences qui viennent contaminer l’expérience du réel. Il y a une forme de concurrence paradoxale entre l’éclairage que ces indices apportent à la scène et le mystère que ces détails en suspension ou ces fragments de géants, qui traversent le champ de l’image, apportent.