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Publié par Guy Muller

Les musées de Normandie (2)

Berceaux de l’Impressionnisme

 

Notre voyage en Normandie de l’été nous a permis de visiter tous les musées de Rouen, Honfleur, Dieppe et du Havre.

Seuls les musées de Rouen et du Havre permettent de prendre des photos (sans flash) de l’ensemble de leurs collections. Cet été les membres de la DIRPA se sont retrouvés nombreux à Rouen pour y établir une tête de pont leur permettant de découvrir simultanément, la Normandie avec ses monuments et ses représentations picturales.

Hall du musée de Rouen

Hall du musée des beaux arts de Rouen

De l’impressionnisme, nous ne connaissions pas les origines normandes et surtout leurs représentations multiples et variées de paysages. Ainsi voir les 150 œuvres d’Eugène Boudin au musée du Havre c’est comprendre les variations innombrables de la mer au fur et à mesure des saisons, c’est aussi voir des vaches (alors normandes) représentées en grand nombre sous des ciels changeants. La donation de ces 150 essais offre la possibilité d’observer le travail de composition ultime d’un tableau. Bref avec Boudin c’est l’impressionnisme qui s’expose dans une diversité de couleurs et dans l’unité d’une œuvre.

Eugène Boudin

Eugène BoudinEugène Boudin

Mais l’impressionnisme en Normandie est précédé par des peintres qui ne sont pas toujours inclus dans la liste des peintres appartenant à ce courant. Il y a un avant et un après dans l’impressionnisme. L’après ce sera Ziem, l’avant ce sont tous les peintres amoureux des paysages normands qui étaient classés come « romantiques » ce qui était d’ailleurs le titre de l’exposition de Dieppe de cette année.

La période de 1816 à 1850 va rassembler de nombreux peintres romantiques parce qu’essentiellement naturalistes. C’est à Rouen que nait Théodore Géricault qui passe sa vie à observer les chevaux : chez un maréchal-ferrant puis au cirque Franconi. Il obtient une médaille d’or à Paris, à seulement 20 ans, avec son officier de la garde impériale chargeant. Puis il peindra tous les animaux de la basse-cour. Après son séjour à Rome où il découvre les fresques de la chapelle Sixtine, il vient à Paris pour des amours tumultueuses. Il découvre lors un énorme talent pour des sujets violents  et engagés. Il décrit l’assassinat de Fualdès en six tableaux, se mettant littéralement dans la peau de la victime. Le duc de Trévise comment ainsi cette suite en disant «Géricault eût été l’un des assassins qu’il n’aurait pu être plus exact ». Puis il s’attaque au radeau de la Méduse, à la série sur les fous de la Salpétrière, tous sujets qui n’intéressaient pas forcément les amateurs.

En 1819, avec Horace Vernet, Géricault se rend en Angleterre où les paysages et le naturalisme ne sont pas considérés comme des genres subalternes comme en France. Il va s’intéresser à Constable, Turner, Reynolds, Gainsborough. De ces échanges nait une invitation à l’exposition de Londres offerte au Radeau de la Méduse, qui obtient un formidable succès. En 1821, il revient à Londres pour y créer une série sur les petits métiers et les bas-fonds de la ville.

Alfred Sisley

Alfred Sisley

Les Anglais sont les premiers visiteurs de la Normandie, dont ils ont été privés lors du blocus continental. Dès l’abdication de l’empereur, ils reviennent en force : Haydon, Wilkies, Turner, Cotman, Bonington, pour décrire les paysages et les monuments avec une palette allégée. Les ciels délavés, les paysages brumeux et verdoyants, les couleurs irisées par le soleil en ses divers mouvements, inspirent ces nouveaux venus. A partir de la Normandie, nait l’idée de recenser les richesses d’une France en train de changer, pour réaliser des albums. Bonington avec ses croquis de villages, de côtes, d’activités portuaires, d’églises, va être classé parmi les peintres historicisants, tellement sa peinture ressemble à des croquis représentants des activités ou la vie d’un site.

Delacroix et Corot vont s’inspirer de ces œuvres qui deviennent très populaires car illustrant des livres.

Camille Corot

Camille Corot

De 1850 à 1870, l’impressionnisme s’installe en conquérant par une rupture avec l’Art officiel du second Empire. L’Art indépendant souffre des affinités républicaines ou socialistes de ses principaux représentants qui introduisent le réalisme ou le naturalisme dans leurs œuvres. La fracture se double d’origines plébéiennes pour la plupart d’entre eux, pire la recherche de la nature en fait des écologistes avant l’heure. Il suffit de comparer l’impératrice peinte par Winterhalter aux œuvres exaltant le labeur au quotidien. C’est Millet avec ses paysans, c’est Eugène Boudin avec ses marins, leurs veuves, les vaches. Alors que Paris se construit à grand bruit, la tranquillité normande présente une quiétude et un univers stabilisé… Jusqu’à l’arrivée des premiers baigneurs parisiens, chantés par les Dubourg et Daubigny.

La vague impressionniste prend de l’ampleur avec l’arrivée de Jongkind, Monet, Boudin (école d’Honfleur).

Claude Monet

Claude MonetClaude Monet

De 1870 à 1900, la vague impressionniste déferle par la suite avec Renoir, Lépine, Cals, Blanche, Pissarro. Elle s’installe au fur et à mesure de son acceptabilité au plan politique avec l’avènement de la République. Faut-il rappeler que les Etats Unis ont mieux compris ces peintres ? Que Degas a pu y vivre en exil, mieux sans doute, que ses condisciples ! Ce qui explique qu’un voyage en Amérique du Nord présente aux yeux nombre de tableaux d’impressionnistes  à Philadelphie (Arts muséum et Barnes), Washington, New-York, Boston ou Toronto.

Camille Pissarro

Camille PissarroCamille Pissarro 

 

Un diaporama peut être vu en suivant le lien :

                                                           Impressionnistes-en-Normandie Impressionnistes-en-Normandie

 

Guy Muller

 

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