Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Guy Muller

PARIS en vadrouille

 

Tous les retraités rêvent de visiter Paris l’été pour découvrir une ville moins stressante. Cette année nous avions prévu de nombreuses visites dans la journée, laissant les soirées libres. Notre programme de jour était étoffé, comprenant les découvertes suivantes :

-         La visite du cimetière du Père Lachaise,

-         L’exposition sur les impressionnistes à l’Hôtel de ville,

-         L’exposition sur les Mayas au Quai Branly,

-         Une visite du Palais Garnier,

-         Une visite du Marais avec la place des Vosges et l’Hôtel de Sully,

-         L’exposition Brassens à la cité de la musique,

-         Une visite au musée Grévin.

Comme il est impossible de relater dans le détail l’ensemble de nos visites, vous en trouverez un résumé ci-après.

 

Partie 1

Les Impressionnistes à Paris

C’est le thème de l’urbanisation de la ville qui réunit les toiles ici rassemblées. Création des Grands boulevards, des Opéras et théâtres, multiplication des nouveaux transports : métro, chemin de fer. Naissance d’un prolétariat qui permet l’essor de l’industrie et du commerce, avec l’obligation de loger et de transporter cette population.

Les impressionnistes savent traduire cette révolution en des œuvres souvent très romantiques : bouffées de fumée des trains mis en surchauffe pour Monet. Sans oublier de nombreux tableaux naturalistes sur les métiers : Degas. Les affrontements politiques sont aussi présents avec la révolte de la Commune et la misère des pauvres.

 

 

 

BRASSENS à la cité de la musique

De nombreuses alvéoles jalonnent la visite. Elles permettent de suivre la vie de Brassens tout en écoutant ses chansons. Une importante iconographie provenant de L’INA montre la vie privée et publique de l’artiste. En parallèle sa montée en puissance et sa notoriété sont présentées à l’aide d’anciennes émissions télévisées. Nous pouvons lire ses nombreux cahiers et suivre l’évolution de la rédaction de ses œuvres. Diverses versions de l’Orage sont exposées sur des chevalets tournants. En voilà la dernière version :

 

1
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoûte et me fait grincer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qu'il me fut donné sur terre
Je le dois au mauvais temps je le dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'orage.

 

2
Par un soir de novembre à cheval sur les toits,
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris de putois,
Allumait ses feux d'artifice.
Bondissant de sa couche en costume de nuit,
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices.

3
« Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi par pitié
Mon époux vient de partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint de coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'une maison de paratonnerres ».

4
En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste!
Toi qui sème des paratonnerres à foison,
Que n'en as tu planté sur ta propre maison ?
Erreur on ne peut plus funeste.

5
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs,
La belle ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers faire sécher son mari
En me donnant rendez-vous les jours d'intempéries
Rendez-vous au prochain orage.

 

En fin de parcours, le texte de trois chansons est analysé grâce à des ordinateurs mis à la disposition du public. Ces analyses montrent la qualité du vocabulaire utilisé et une grande complexité de ces œuvres sous l’apparente simplicité du personnage. Brassens est un grand poète dont chaque microsillon était fiévreusement attendu par ses fans. En fin de parcours, nous assistons à l’une de ses représentations à Bobino qui nous montre une économie de moyens : un seul accompagnement à la contrebasse, pas d’autres voix en soutien. Brassens c’est la parole, les mots, sur une mélodie qui réveille l’intérêt.

Brassens a connu le dénuement complet en début de vie. Aussi il est intéressant de lire les paroles de « l’Auvergnat »

 

Elle est à toi, cette chanson
Toi l'Auvergnat qui, sans façon
M'as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
M'avaient fermé la porte au nez
Ce n'était rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un feu de joie.

Toi l'Auvergnat, quand tu mourras
Quand le croque-mort t'emportera
Qu'il te conduise, à travers ciel
Au Père éternel.

Elle est à toi cette chanson
Toi l'Hôtesse qui sans façon
M'as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnés
S'amusaient à me voir jeûner.
Ce n'était rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
A la manière d'un grand festin.

Toi l'Hôtesse quand tu mourras
Quand le croque-mort t'emportera
Qu'il te conduise, à travers ciel
Au Père éternel

 

Dans un autre registre, nous avions entendu une polémique portant sur la célébration du 14 juillet. Brassens avait déjà donné sa réponse avec sa chanson « La mauvaise réputation »

 

Au village sans prétention
J'ai mauvaise réputation
Que je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi.
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux...
Non les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux...
Tout le monde médit de moi
Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne
En écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux...
Non les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux...
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.

 

 La verve de Brassens s’exerçait aussi par une fine observation de l’évolution des mœurs. La mort se fait discrète hors commémoration, «selon les funérailles d’antan»

 

Jadis, les parents des morts vous mettaient dans le bain,
De bonne grâce ils en faisaient profiter les copains:
«Y a un mort à la maison, si le cœur vous en dit,
Venez le pleurer avec nous sur le coup de midi...»
Mais les vivants d'aujourd'hui ne sont plus si généreux,
Quand ils possèdent un mort ils le gardent pour eux.
C'est la raison pour laquelle, depuis quelques années,
Des tas d'enterrements vous passent sous le nez.
Des tas d'enterrements vous passent sous le nez.

Refrain
Mais où sont les funérailles d'antan?
Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards,
De nos grands-pères, qui suivaient la route en cahotant,
Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées,
Ronds et prospères...
Quand les héritiers étaient contents,
Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
Ils payaient un verre.
Elles sont révolues, elles ont fait leur temps,
Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres,
On ne les reverra plus, et c'est bien attristant,
Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.

2
Maintenant les corbillards à tombeau grand ouvert
Emportent les trépassés jusqu'au diable Vauvert,
Les malheureux n'ont même plus le plaisir enfantin
De voir leurs héritiers marron marcher dans le crottin.
L'autre semaine, des salauds, à cent quarante à l'heure,
Vers un cimetière minable emportaient un des leurs...
Quand sur un arbre en bois dur, ils se sont aplatis
On s'aperçut que le mort avait fait des petits.
On s'aperçut que le mort avait fait des petits.

Refrain
Mais où sont les funérailles d'antan?
Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards,
De nos grands-pères, qui suivaient la route en cahotant,
Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées,
Ronds et prospères...
Quand les héritiers étaient contents,
Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
Ils payaient un verre.
Elles sont révolues, elles ont fait leur temps,
Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres,
On ne les reverra plus, et c'est bien attristant,
Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.

3
Plutôt que d'avoir des obsèques manquant de fioritures,
J'aimerais mieux, tout compte fait, me passer de sépulture,
J'aimerais mieux mourir dans l'eau, dans le feu, n'importe où,
Et même à la grande rigueur, ne pas mourir du tout.
O, que renaisse le temps des morts bouffis d'orgueil,
L'époque des mas-tu-vu-dans-mon-joli-cercueil,
Où, quitte à tout dépenser jusqu'au dernier écu,
Les gens avaient le cœur de mourir plus haut que leur cul.
Les gens avaient le cœur de mourir plus haut que leur cul.

Nombreux étaient les pélerins qui ont effectué ce parcours à la Cité de la musique qui leur a rappelé un temps révolu, marqué par quelques empreintes fortes : Barbara, Férré, Ferrat, Aznavour
... Le temps des chansons à texte, intelligibles par la simplicité de leur accompagnement.

 

Guy Muller

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article