La péninsule Salentine : Nardo Gallipoli
La péninsule du Salento
Le Salento, qui se situe dans la partie la plus méridionale des Pouilles, abrite de charmantes petites villes côtières telles que Gallipoli, Otranto, Lecce ou encore Santa Maria di Leuca. Certaines des plus belles plages des Pouilles et de toute l’Italie se trouvent justement dans la péninsule salentine. Une promenade le long de la côte s’impose, afin de ne manquer aucune des stations balnéaires comme Porto Cesareo et Torre Lapillo, la plage de Alimini.
Nardo
Rien ne définit mieux les Pouilles que les 50 à 60 millions d'oliviers (personne ne semble en connaître le nombre exact) qui recouvrent la région du Nord au Sud.
Le nombre d'arbres est impressionnant, tout comme, dans de nombreux cas, leur taille et leur âge. Nous admirons de nombreux arbres très vieux, appelés ulivi secolari (ce qui signifie littéralement oliviers centenaires), dont les troncs robustes, mais noueux ont été façonnés par le temps, le vent, le soleil et la main de l’homme et ont pris des formes parfois grotesques. Ils renvoient une impression de sagacité aguerrie, imprégnée de la fatigue de ceux qui ont tout vu, et d'une acceptation patiente de l'immuabilité du temps.
Il y a quelques années, ces oliviers monumentaux faisaient l'objet d'un commerce illicite: les Italiens du Nord, qui cherchaient à ajouter une touche d'ancienneté et de prestige à leurs jardins, payaient d'énormes sommes d'argent à de malveillants voleurs d'oliviers. À leur réveil, les fermiers des Pouilles découvraient que leurs arbres précieux avaient été déterrés pendant la nuit et emportés dans le cadre de ce que la presse locale surnomma l'émigration des oliviers. Des lois strictes furent mises en place afin de mettre fin à de telles pratiques et aujourd'hui, le patrimoine olivier des Pouilles est jalousement protégé. Toutefois, nous avons pu voir sur place et sur d’importantes distances, des forêts d’oliviers brûlés par la xylella.
Xylella
Cette bactérie, dite Xylella fastidiosa, a été décelée pour la première fois en Europe sur des oliviers du sud de l’Italie, dans la région des Pouilles, en 2013. Depuis, les scientifiques italiens assurent que des plants de caféiers en provenance du Costa Rica (Amérique latine) étaient à l’origine de cette contamination. Acheminés par bateau jusqu’à Rotterdam (Pays-Bas), ils auraient traversé le continent pour rallier le sud de l’Italie. Quels dommages a causé la Xylella ? Véhiculée d’un arbre à l’autre par le cercope des prés (un petit insecte d’à peine 6 mm), cette bactérie ne se contente pas de frapper les oliviers : elle peut toucher près de 200 végétaux, dont les agrumes, amandiers, pêchers, pervenches, chênes, lauriers-roses, etc. C’est d’autant plus inquiétant que cette maladie demeure incurable.
Les recherches génétiques en cours ont permis de trouver une nouvelle qualité d’olivier immunisé contre cette maladie. Des plantations de renouvellement sont en cours sans que l’on en connaisse les effets sur la qualité de l’huile d’olive.
Gallipoli
Gallipoli est constituée de deux parties distinctes : le Borgo et la vieille ville. Notre visite est entièrement consacrée à la vieille ville, située sur une île calcaire, reliée à la terre ferme par un pont, renfermant un riche patrimoine, notamment des XVIIe et XVIIIe siècles, hérité de l'activité portuaire de la cité. Le Borgo est la partie moderne de la ville avec des constructions neuves, comme, le palazzo di vetro, le palais de verre appelé aussi le gratte-ciel. Ce palais, vu de la vieille ville, écrase la perspective et nuit au fort aragonais.
Gallipoli, forte de son riche passé commercial et artistique, vante plusieurs monuments dignes d'intérêt dans sa vieille-ville. Nous avons marché sur la promenade du bord de mer encombrée de restaurants et de boutiques. Des nasses en osier sont encore fabriquées pour la pêche.
Le château-fort aragonais du XVe siècle, qui garde la seule entrée de la vieille-ville, bâtie sur une île.
Les nombreuses églises baroques :
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- La cathédrale Sainte-Agathe, qui est la plus grande et la plus décorée des églises de la ville. Sa façade en pierre de Lecce, achevée en 1696, est un chef-d'œuvre d'ornementation et ses niches renferment de nombreuses statues de saints. Elle a été inspirée des réalisations de l'architecte de Lecce Giuseppe Zimbalo. L'intérieur est très richement décoré, notamment par des artistes napolitains des XVIIe et XVIIIe siècles. On peut y admirer des toiles monumentales de Giovanni Andrea Coppola, peintre local formé à Naples et des napolitains Nicola et Giovanni Malinconico qui ont notamment réalisé l'immense toile plaquée contre le plafond à la croisée des transepts, ainsi que la riche décoration du chœur, tapissé de toiles sur les murs comme au plafond. En tout, l'église compte pas moins de douze autels baroques dont le décor sculpté est particulièrement raffiné. Dans le presbytère, un majestueux autel en marbre polychrome a été réalisé par l'artiste de Bergame Cosimo Fanzago. Enfin, les voûtes de la cathédrale sont entièrement recouvertes d'un plafond à caissons en bois doré et orné de toiles.
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- L'église de Santa Maria della Purità, donnant sur le quai et la plage homonyme. Édifiée entre 1662 et 1665 pour la confraternité des dockers, l'intérieur de cette petite église est l'un des plus orné de la ville. En effet, il présente un autel baroque renfermant une toile du célèbre peintre napolitain Luca Giordano et surtout son plafond comme ses parois sont entièrement tapissés de toiles : celles du plafond, représentant plusieurs scènes de l'Apocalypse, ont été réalisées par Oronzo Letizia tandis que les toiles ornant les murs ont été peintes par Liborio Riccio et sont marquées par l'influence de Francesco Solimena. En outre l'église possède d'intéressantes stalles en bois polychromes du XVIIIe siècle.
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- L'église de San Francesco d'Assisi. La fondation de cette église remonte au XIIIe siècle mais son aspect actuel, baroque, date des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa façade est intéressante par la terrasse de forme concave qu'elle présente. L'intérieur abrite dix autels baroques ainsi que des toiles datant de différentes époques et des sculptures dont une crèche du XVIe siècle réalisée par le sculpteur Stefano da Putignano. La chapelle du Crucifix, commanditée par le gentilhomme espagnol don Josè della Cueva, est remarquable par sa décoration, notamment pour ses deux statues de Vespasiano Genuino représentant les deux larrons et dont le réalisme morbide particulièrement frappant a marqué Gabriele D'Annunzio, qui visita la ville en 1895, et qui a parlé à leur sujet d'une "horrible beauté".
A la fin de notre voyage dans les Pouilles, nous sommes heureux d’avoir pu y circuler, avec un sentiment d'intense liberté dans des villages à l’abri du grand tourisme. Nous retenons le souvenir d’une mer et d’un ciel azuré pendant les deux semaines de notre périple. La gentillesse des habitants, ainsi qu’une vie beaucoup plus calme et sans stress, en font un véritable Paradis.