Vaison la Romaine
Vaison-la-Romaine est une commune située dans le département de Vaucluse. Ses habitants sont appelés les Vaisonnais. Elle est connue pour ses vestiges romains particulièrement riches dont un pont à arche unique, ainsi que pour sa cité médiévale et sa cathédrale. Ce qui caractérise particulièrement Vaison, c'est la possibilité de voir dans le même site les villes antique, médiévale et moderne, comme si on pouvait embrasser 2 000 ans d'histoire d'un seul coup d'œil, quitte à oublier les discontinuités qui n'ont pas manqué de troubler le passé vaisonnais.
Avec la conquête romaine, Vasio devient « cité fédérée » (et non une colonie). Les Voconces descendent sur la rive droite où se structure progressivement une ville. L’urbanisme commence à partir de noyaux agricoles qui se métamorphosent en habitations de ville, lors de la création des voies de circulation et l’édification des grands monuments publics dans la seconde moitié du Ier siècle : théâtre, pont, aqueduc, thermes… La paix romaine est propice à l’extension de la cité, qui connaît sa splendeur au IIe siècle. Elle couvre alors 70 à 75 hectares. Elle est l’une des villes les plus riches de la Narbonnaise.
La Cathédrale Notre Dame de Nazareth
De la ville antique à la ville médiévale, quelques siècles se sont écoulés. L’organisation urbaine s’est alors en partie superposée aux vestiges gallo-romains, souvent réutilisés pour l’édification des nouveaux bâtiments comme on le voit dans les fondations de la cathédrale. Avec l’expansion du christianisme, la ville s’est d’abord établie autour de son monument religieux, sur la rive droite de l’Ouvèze.
La cathédrale Notre-dame de Nazareth, église-mère du diocèse de Vaison (une quarantaine de paroisses dans l’Etat pontifical et le Dauphiné), se trouvait au centre d’une cité médiévale aujourd’hui disparue. L’évêque résidait dans le palais épiscopal proche et les chanoines dans le cloître et ses bâtiments annexes. Construite au XIème siècle à l’emplacement d’édifices paléo-chrétiens, selon un plan basilical, puis remaniée au siècle suivant, son architecture est un très bel exemple de l’art roman provençal. L’une de ses caractéristiques est la présence de vestiges antiques réemployés lors de sa construction. Accolé à la cathédrale, le cloître comporte quatre galeries entourant le jardin, ajourées de petites arcades groupées par trois sous des arcs de décharge. Les colonnettes sont surmontées de chapiteaux à feuilles d’eau pour la plupart, mais certains sont figuratifs. Les pièces réservées aux chanoines (réfectoire, dortoir, salle capitulaire…), desservies par la galerie du cloître, ont aujourd’hui disparu. La cathédrale ainsi transformée se compose d’une nef centrale de trois travées, flanquée de deux collatéraux sans transept. Le chevet tripartite comprend une abside centrale rectangulaire à l’extérieur et semi-circulaire à l’intérieur. La nef est voûtée en berceau brisé sur doubleaux. Les collatéraux ont des voûtes rampantes. Les abords ombragés et la quiétude du cloître en font un agréable lieu de visite. Dans la seconde moitié du XIIème siècle, la ville est soumise au pillage ordonné par le comte de Toulouse, en désaccord avec l’évêque sur leurs possessions respectives. Il s’ensuit la construction de la tour comtale, qui deviendra le château, sur la rive gauche et l’abandon de la cité médiévale au XIIIème siècle pour la nouvelle ville haute.
Le musée Théo Desplans
Après la disparition de l’archéologue Joseph Sautel, en 1955, Vaison a une telle notoriété que la commune songe à se doter d’un musée capable de répondre correctement à la fréquentation croissante des sites. L’idée de construire un nouvel édifice se dessine. C’est ainsi qu’un nouveau bâtiment est implanté en 1974, à l’emplacement de l’ancien musée, au cœur même du site archéologique de Puymin (projet de Pierre Broise, architecte d’Avignon). Il est six fois plus grand que le précédent. Les galeries d’exposition s’articulent autour d’un espace vert central rappelant le principe du péristyle romain. Le traitement général est très sobre, les murs sont en béton bruts de décoffrage. Les collections y sont organisées par thèmes. Les fouilles régulières ont livré de nouveaux objets.
En 1998, de grands travaux d’extension sont à nouveau entrepris afin d’accueillir les dernières découvertes archéologiques. Un nouveau parcours muséographique est défini : à la fois chronologique et thématique. Il s’organise en plusieurs espaces : préhistoire et protohistoire, ville gallo-romaine, monuments publics, commerce et artisanat, religion, funéraire, maison gallo-romaine. Dans chaque espace, les objets sont mis en situation dans leur contexte d’utilisation. Les visiteurs peuvent alors imaginer les gestes de nos ancêtres et retracer leur vie quotidienne. Ce musée expose la plupart des sculptures trouvées sur les sites archéologiques de Vaison.
Il évoque de façon remarquable la vie quotidienne à l'époque Gallo-romaine : habitat, religion, artisanat, toilette, outils... Les Voconces, tribu celtique, soumis par les Romains au IIe siècle avant J.C., devenus des Gallo-Romains en leur capitale Vasio, nous ont légué des vestiges qui comptent parmi les sites les plus prestigieux de la Provence Antique.
Le musée présente l’exceptionnel couple impérial Hadrien et Sabine, des décors de fresques et de mosaïques, une belle collection d'objets funéraires et de culte et de nombreux objets de la vie courante.
De nombreux objets témoignent de la vie quotidienne des gallo-romains : accessoires de toilette et de bains, bijoux, céramiques, objet de culte et mobilier funéraire. Maquette de maisons, éléments décoratifs, fresques et la superbe mosaïque de la Villa du Paon restituent la richesse des intérieurs et des décors. Dans le musée est également projetée une reconstitution de la Maison au Dauphin en 3D qui nous emmène à la découverte des différents espaces d’une «Domus».
Cette maison, du nom de la tête d’un Apollon lauré en marbre blanc, occupe 2 000 m2 alors que son extension vers le sud demeure inconnue. C’est là qu’il faut imaginer l’entrée principale, dans le prolongement d’une enfilade de pièces : salle à manger, salle à mosaïque et cour. Au cœur de la maison, la grande salle d’apparat, au sol de marbres polychromes, donnait sur le péristyle. Les entrées connues sur la rue du théâtre desservaient les zones d’activités domestiques : la cuisine avec ses foyers et son bassin, une cour où étaient aménagées les latrines et un abri pour le bois. De là était entretenu le foyer du balnéaire qui chauffait les salles sur hypocauste.
Cette immense maison d’environ 3 000 m2 s’est constituée à partir d’un habitat modeste du Ier siècle avant J-C, au cœur d’un domaine agricole. Au IIème siècle, la domus s’étageait sur plusieurs niveaux au moyen de terrasses et de sous-sols. La grande cour occupée par la tonnelle d’une salle à manger d’été et par un puits donnait accès à un escalier à double volée. De là, on gagnait la partie privée de la maison : salles, cour, thermes. Le secteur nord était réservé aux activités domestiques : cour avec bassin, salle avec four et dolium (réserve à grains), latrines.
Ce vaste monument, partiellement dégagé, était probablement un lieu public à vocation de promenade, voire de culte. Ses portiques encadraient un jardin doté d’un grand bassin et d’une construction centrale. En face, dans le mur nord, y répondait une salle mise en valeur par un portique rhodien. Ses dimensions et la présence d’un autel incitent à y voir un lieu de culte consacré à un dieu, un empereur ou une personnalité locale. Des moulages de sculptures y ont été placées : le Diadumène (réplique romaine d’un original du sculpteur Polyclète), l’empereur Hadrien et son épouse Sabine. En quittant le sanctuaire par l’escalier nord-est, les promeneurs rejoignent un quartier d’ateliers et de logements modestes.
Le théâtre antique est protégé au titre des monuments historiques depuis 1862. Témoin de la prospérité de la ville antique de Vasio, il est l’un des rares édifices publics, aujourd’hui visible, qui composait l’ensemble monumental de la cité. Sa construction date très probablement du Ier siècle de notre ère, sous le règne de l’empereur Claude ; sa décoration ayant été enrichie au début du siècle suivant. Conformément aux recommandations préconisées par l’auteur latin Vitruve dans son traité sur l’architecture, le théâtre fut creusé dans le flanc nord de la colline de Puymin qui offrait une masse rocheuse et une pente propices à une telle installation. Néanmoins un énorme travail de taille et de reprise de la roche a été nécessaire pour en faire à la fois des gradins réguliers et l’assise des maçonneries. Restauré au cours du III ème siècle, le théâtre fut probablement utilisé jusqu’au début du IVème siècle. Les historiens avancent l’hypothèse qu’il fut détruit au début du siècle suivant, au moment du décret d’Honorius (en 407) qui ordonnait dans toutes les provinces de renverser, de briser ou d’enfouir les statues des divinités païennes.
Le site archéologique de la Villasse correspond à un quartier riche et très actif de la ville avec ses rues, ses boutiques et son ensemble thermal. En arrière de cette animation urbaine bruyante, de grandes demeures tournées sur leurs cours intérieures, témoignent d’une qualité de vie et d’un luxe réservé aux populations aisées.
Cette magnifique rue est l’un des exemples les plus marquants de l’urbanisme de Vasio. Constituée de grandes dalles calcaires, disposées irrégulièrement pour réduire le cahot des roues des chariots qui l’empruntent chaque jour, c’est un axe Nord-Sud important de la ville. On y accédait à l’est par un large trottoir et à l’ouest par une galerie piétonne que l’on devine aux colonnes qui supportaient l’étage des bâtiments. Ainsi, à l’abri des intempéries et du soleil, les promeneurs pouvaient faire leurs achats. Les commerces sont identifiables par leur disposition et par le seuil à rainure qui servait à caler l’étal de vente. Les clients restaient à l’extérieur, sur la voie. Le soir, on fermait les boutiques avec un volet. C’est par cette rue que les habitants de la cité antique se rendaient aux thermes. Cet édifice est aujourd’hui partiellement dégagé : seules, la grande salle et les latrines sont visibles ; l’essentiel du bâtiment se trouvant sous l’actuelle Poste. Plus bas, l’entrée de la Maison du Buste en Argent prenait place entre deux boutiques.
Cette maison doit son nom à la découverte du buste en argent d’un riche citoyen romain. De la rue des boutiques à l’est, on gagnait le vestibule puis un petit péristyle et une salle, peut-être le bureau du maître. Derrière, des pièces et des cours s’alignaient, créant une perspective de la salle noble jusqu’au jardin à portiques aménagé en contrebas. Au nord du vestibule s’organisaient la cuisine, ses réserves et peut-être des logements serviles. Avec la partie occidentale constituée d’un vaste jardin et d’un ensemble thermal, la maison atteint la surface de 5 000 m2 au sol, ce qui en fait la plus imposante des maisons urbaines dégagées à Vaison. L’ensemble thermal, destiné aux bains et aux exercices physiques, a été construit vers 10-20 après J.-C. Plus tard, dans le courant du Ier siècle de notre ère, il a perdu son caractère public et a été intégré dans le plan de la maison du Buste en Argent. Ses installations comportaient différentes salles : les utilisateurs quittaient leurs vêtements dans un vestiaire avant de prendre un bain dans la salle froide. De là, ils gagnaient la salle tiède puis la salle chaude munie d’un bassin. Toutes deux étaient chauffées par de l’air circulant en sous-sol et dans l’épaisseur des murs à partir d’un foyer. En contrebas, une palestre, vaste terrain d’exercices, était agrémentée d’une piscine et équipée de latrines.
Un petit dauphin en marbre trouvé sur place a donné son nom à cette demeure qui, au Ier siècle avant notre ère, était une ferme. Au IIème siècle après J-C, son environnement était urbain. La maison, agrandie et embellie, était longée par des rues à l’ouest et au nord. De la voie piétonne, on y pénétrait par un escalier encadré par des boutiques. Un atrium tenait lieu de vestibule et ouvrait sur le bureau derrière lequel se trouvait le secteur privé de la maison : la salle à manger d’hiver, les salles de réception, le balnéaire… Au nord, les latrines étaient voisines de la cuisine et de ses réserves. L’étage devait être réservé aux chambres. Au sud, un grand jardin se déployait avec un bassin aménagé en vivier et de nombreuses plantations.