Villeneuve lès Avignon
Innocent VI, né au village des Monts sur le territoire de la commune de Beyssac, était très attaché à cet ordre religieux. Il ne pouvait qu'inciter le pape à créer une nouvelle chartreuse. Dès 1353, il fait venir à Avignon deux religieux de la Grande Chartreuse manifestement pour un projet de création d'une maison à Villeneuve-lès-Avignon. De décembre 1352 à septembre 1356, le pape fait procéder par l'intermédiaire de son neveu le cardinal Ardouin Aubert à l'acquisition de terres situées à l'est de sa résidence villeneuvoise, et à des travaux d'embellissements, comme la réalisation des peintures de son ancienne salle d'apparat vers 1354-55.
Il faudra quelques années pour construire le grand cloître dit du cimetière entouré de treize cellules de moines, le petit cloître dit du colloque, la salle capitulaire et l'église. La chartreuse paraît terminée quant au gros œuvre lorsque le pape officialise la fondation de la chartreuse et porte création d'une communauté comprenant douze prêtres, un prieur, quatorze convers et neuf domestiques. Au cours d'une grandiose cérémonie, l'église et le cloître sont consacrés le 19 aout 1358 par le cardinal Guy de Boulogne en présence du souverain pontife, de douze cardinaux, de nombreux prélats et chapelains qu'accompagnait une foule de barons et de nobles. Le pape voulut être inhumé dans le monastère qu'il venait de fonder. Innocent VI charge le prieur Pierre de la Porte de construire une chapelle pour abriter son tombeau. Celle-ci dédiée à la Sainte Trinité est élevée au sud de l'église ; elle forme une abside pentagonale prolongée d'une travée de nef. La fondation s'accompagne de nombreux cadeaux ; livres, peintures, orfèvrerie. La présence de ces objets précieux en chartreuse contrevenait à l'austérité de l'ordre, mais il n'était pas possible de refuser la volonté pontificale. Ce geste du pape ouvrit la voie à d'autres patronages prestigieux, parfois jugés intrusifs, dans le décor des chartreuses, comme à Champmol.
Dès les premières décennies de sa fondation, la chartreuse reçoit des domaines étendus et rémunérateurs situés à proximité sur la rive droite du Rhône (Les Angles, Aramon), dans les îles du fleuve, sur la rive gauche (Carpentras, Bédarrides) mais aussi dans des régions plus éloignées relevant par exemple du diocèse d’Uzès. Ce patrimoine foncier s'agrandit au XVIe siècle par l'acquisition des étangs asséchés de Pujaut. Cette dernière opération ne sera réalisée qu'après de grandes difficultés techniques et financières. De 1611 à 1712, les chartreux consolidèrent les travaux d'assèchement et cultivèrent la moitié de l'étang asséché ; ils produisirent du blé, de l'orge, de l'avoine, du raisin et des feuilles de mûrier pour l'élevage du ver à soie. Ces revenus confortables permirent aux chartreux d'embellir leur monastère et de distribuer régulièrement de la nourriture aux pauvres. En 1633, la chartreuse de Villeneuve fonde la chartreuse de Marseille.
Le cloître Saint-Jean
Le cloître Saint-Jean est situé à l'emplacement de l'ancienne cour du palais du cardinal Aubert. Après qu'il eut été détruit par un incendie, le petit neveu d'Aubert y installe douze cellules de moines. Le centre du cloître est occupé par une fontaine qui distribuait en eau l'ensemble de la chartreuse. Depuis le bassin de la fontaine, une canalisation alimentait, en sous-sol, le cloître des morts, la cour du sacristain et le quartier des convers. Le bassin, couvert d'un édicule de la fin du XVIIIe siècle, date du XVIIe siècle.
Collégiale Notre-Dame de Villeneuve-lès-Avignon
En 1293, Philippe le Bel fonde la « Villa Nova » en face d'Avignon : « Villeneuve Saint André ». « Tout à coup l'un des faits les plus considérables de l'histoire de l'Église vint assurer l'avenir de cette ville. Le pape Clément V s'était fixé à Avignon à la fin du mois de mars 1309 et ses successeurs у demeurèrent pendant de longues années. Ce séjour de la Cour pontificale donna une impulsion nouvelle à l'agrandissement de Villeneuve ; les nombreux cardinaux français préférant vivre sur les terres du royaume furent les vrais fondateurs de cette ville où ils se procurèrent de somptueux logements et où quelques-uns se construisirent de superbes palais ; plusieurs des papes d’Avignon fixèrent même à Villeneuve leur résidence principale et ce fut entre eux et leurs cardinaux comme une pieuse rivalité de fondation de couvents d'églises et d'oeuvres de tous genres ; la Cour de France vint souvent y visiter la Cour des papes ; aussi la population grandissait chaque jour et s'enrichissait des dépenses de tant de hauts personnages »
Le fort Saint André
Le fort Saint-André est constitué d'une enceinte fortifiée, flanquée de tours et d'une porte monumentale encadrée par deux tours jumelles, du haut desquelles on a une vue panoramique sur Avignon, la vallée du Rhône, le mont Ventoux, les Alpilles.
Le châtelet d'entrée, appelé château royal ou tours jumelles, porte une couronne de mâchicoulis et fait la jonction avec le chemin de ronde. Il abritait les locaux de fonction du châtelain et du viguier. L'entrée était fermée de deux herses. La salle des herses, au-dessus de l'entrée, contenait les treuils qui permettaient de les manœuvrer. La salle du viguier, à droite de l'entrée, porte les armes royales sur une clé de voute. L'enceinte fortifiée est longue de 750 mètres. Elle comprend une tour à son point le plus élevé, la tour des Masques (« tour des sorcières » de l'occitan mascas), qui renferme une seule salle, très haute, marquée de nombreux graffitis de soldats et de prisonniers. Dans l'enceinte, se trouve encore une chapelle du XIIe siècle, la chapelle de Belvézet.
Les jardins de l'abbaye Saint-André
Un palais abbatial XVIIIe, entouré de ses jardins remarquables, en terrasses, sur un promontoire face au palais des Papes Sur les hauteurs de Villeneuve-lez-Avignon (Gard), caché dans l’enceinte du fort Saint-André, le « Jardin Remarquable » de l’abbaye Saint-André se déploie en balcon, offrant une vue imprenable sur le palais des Papes et les Alpilles d’un côté, le mont Ventoux et les dentelles de Montmirail de l’autre. Classés aux Monuments Historiques, ces jardins romantiques qui entourent un palais abbatial du XVIIIe, multiplient les ambiances : parterres de style toscan du XVIIe, ornés de bassins et d’une pergola couverte de glycines et de roses, bosquets à la française, rocailles méditerranéennes, oliveraie centenaire, terrasses panoramiques... Un site rare qui mêle, avec harmonie, l’art des jardins et une mosaïque de patrimoines religieux invitant à une balade dans l’histoire du Languedoc et de la Provence depuis le VIe siècle. Une visite dans un lieu inspirant, plein de poésie qui convie très souvent les arts dans ses jardins.
Le Musée Pierre-de-Luxembourg
Y sont regroupées les peintures des principaux monastères de la bourgade (abbaye Saint-André et chartreuse du Val de Bénédiction). Œuvres de la fin du Moyen-Age et du XVIIe siècle.
Le musée est installé dans un hôtel particulier où le cardinal Pierre de Luxembourg serait décédé en 1387. Cet hôtel a été modifié au XVIIe siècle. Il englobe les vestiges d'une livrée cardinalice du XIVe siècle.
La Tour Philippe-le-Bel
En 1185, les Avignonnais élèvent une première tour. Cette première tour fut démolie par les Avignonnais eux-mêmes en 1226 lors du siège de leur ville par Louis VIII.
Le traité de pariage entre le roi de France Philippe le Bel et l'abbé de Saint-André ordonne en 1292 la construction d'une forteresse autour du bourg et d'une seconde près du vieux port à l'emplacement de la première tour.
L'architecte du roi, Randolphe de Mornel termine le premier étage de la tour en 1303. Une fortification nommée châtelet du pont fut également élevée au pied de la tour à l'extrémité du pont Saint-Bénézet, aujourd'hui démolie.
Vers 1360, au cours d'une réparation nécessitée par le besoin de tenir en respect les routiers, la tour est rehaussée d'un étage dans le style gothique.