Orpierre (Hautes Alpes)
Ce village est entouré par d’immenses blocs de rochers ce qui lui a permis de devenir un centre d’escalade. Les grimpeurs qui pratiquent ce sport sur les neuf falaises de calcaire qui surplombent le village effectuent environ 50 000 passages par an. La mairie est propriétaire de la plupart des falaises et l'un de ses employés est chargé de l'équipement des rochers. Les premières voies ont été ouvertes au cours des années 1980. En 2012, leur nombre avoisine les 450. Le vieux centre d'Orpierre est un village médiéval du XIVe siècle, autrefois siège du prince d'Orange, plus couramment appelé « le vieux ». La légende veut qu'à cette époque il était possible de traverser la ville à cheval par les souterrains. Dans ce fond de vallon, les falaises sont une bénédiction économique, mais elles ne laissent filtrer le soleil qu'entre 11 heures et 15 heures en décembre. "C'est dur", dit Timéa Martinet, 23 ans, qui entame son deuxième hiver au village. Notre vidéo en traverse quelques-uns.
Le nom de la localité apparaît sous la forme occitane Orpeira en 1177 et sous la forme latine Auripetra en 1241 dans les archives des chevaliers de l'ordre des Hospitaliers Saint Jean de Jérusalem, Aureapetra en 1309, Orpiarre en 1516. Peut-être de l’adjectif féminin occitan àrro « laide, affreuse » et pèiro « pierre, rocher », horrida petra en latin, « Le rocher effrayant » ; réinterprété au XIIIe siècle en auri petra « le rocher de l’or », beaucoup plus valorisant.
Que faire, lorsque l'on est maire d'une commune de deux cent cinquante habitants, dont cinquante à peine vivent dans le village, tous ou presque retraités ? Comment fait-on pour apparaître sur la carte touristique, amener un peu de vie, faire réparer ces maisons vides qui tombent en ruine au milieu de la grande rue ?
"C'était la catastrophe. On ne voulait pas se laisser crever", dit Raymond Chauvet, ancien maire d'Orpierre (Hautes-Alpes). C'était au début des années 1980, à l'époque où La Vie au bout des doigts, film documentaire de Jean-Paul Janssen, rendait célèbre le pionnier de l'escalade libre, Patrick Edlinger. Chauvet, enseignant en Algérie à la retraite, voit depuis quelques années d'étranges chevelus, de plus en plus nombreux, escalader les dents de pierre qui surplombent le village : neuf superbes falaises de calcaire, dont la plus haute culmine autour de 200 mètres.
50 000 GRIMPEURS PAR AN
L'un de ces grimpeurs s'était établi au village. Le maire passe un accord de financement avec le conseil général et engage le jeune homme, Pierre-Yves Bochaton. Voilà Bochaton qui taille des routes dans les falaises, plante des lignes de goujons, fait crouler des pans de roche trop friables, taille dans les buis qui obstruent les prises. Jeudi 6 décembre, veille des premières neiges, il y était encore.
Son lent travail d'"épluchage" du rocher, dit Bochaton, 54 ans, a payé. En trente ans, l'escalade s'est démocratisée : la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) compte aujourd'hui 65 000 adhérents. Elle estime le nombre de praticiens sans carte à un million. Désormais, la falaise d'Orpierre, l'une des mieux équipées de France, enregistre environ 50 000 passages par an, certains grimpeurs pouvant revenir plusieurs fois. Cet afflux touristique inespéré a fait revivre le village. Les fermes et les hameaux alentours se sont vidés, mais Orpierre compte désormais 370 habitants.