La Chaise Dieu
Nous poursuivons notre voyage en Auvergne Romane organisé par la section Arts et Vie de Nice. Le deuxième jour nous conduit à La Chaise-Dieu, à Brioude et à Issoire.
Les Tapisseries
Après six ans d’absence, ce trésor du XVIe siècle retrouve son affectation première au cœur de l’ensemble abbatial de la Chaise-Dieu. Depuis le 11 juillet 2019, les quatre-vingt mètres linéaires déroulent les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament dans l’ancienne chapelle Notre-Dame du Collège, espace requalifié pour la préservation et la valorisation de ce patrimoine classé monument historique dès la première liste de 1840.
Genèse de la restauration des tapisseries
La restauration des tapisseries de la Chaise-Dieu, non prévue initialement, s’est imposée dans les travaux. En 2012, le syndicat mixte et l’État proposent l’étude de trois des quatorze pièces. Dirigée par deux restauratrices textile, Montaine Bongrand et Susanne Bouret, l’étude démontre l’urgence de la dépose et de la restauration de l’ensemble.
En 2013, la DRAC signe avec le syndicat mixte de travaux une convention d’assistance à maîtrise d’ouvrage et désigne Marie-Blanche Potte, conservatrice des monuments historiques, comme interlocutrice unique pour le contrôle technique et scientifique des interventions sur les tapisseries.
Une restauration minutieuse révèle une œuvre remarquable
La tenture de chœur de la Chaise-Dieu constitue un ensemble exceptionnel de tapisseries flamandes réalisées au début du XVIe siècle en fils de laine, lin, soie et fils métalliques. Commandées par l’Abbé de Saint-Nectaire en 1501, elles étaient initialement destinées à une accroche événementielle, lors de temps liturgiques. Accroché en permanence dans l’église abbatiale dès 1927, cet ensemble souffre de l’humidité, de l’exposition à la lumière, de l’empoussièrement et de l’effondrement de sa structure.
Après plus d’un demi-siècle d’alerte sur l’état de conservation de la tenture, l’étude réalisée en 2012 convainc la commune propriétaire, l’affectataire et l’ensemble des partenaires financiers de l’absolue nécessité de déposer les tapisseries.
En mai 2013, elles partent en restauration dans les ateliers Chevalier à Colombes (Hauts-de-Seine). Cette intervention minutieuse permet aujourd’hui la mise en valeur d’un trésor qui existait mais qui n’était pas visible.
Quatre étapes de restauration :
- phase préparatoire : retrait des galons teintés avant nettoyage, tests de résistance au nettoyage
- phase de nettoyage : par vaporisation d’eau sur table réservée à cet effet
- phase de restauration : consolidation des tapisseries par l’apport de tissus de support et l’application de différents points de couture de fils mercerisés
- phase de doublage des tapisseries, afin qu’elles puissent à nouveau être accrochées
Depuis le 11 juillet 2019, le nouvel accrochage à hauteur d’homme et l’éclairage subtil des tapisseries permettent aux visiteurs d’apprécier les détails de chaque scène, des visages aux costumes, de la botanique à l’architecture, du message moral à l’anecdote…
La Danse macabre
Le thème
La mort était particulièrement présente au XVe siècle. Les pestes et les guerres (guerre de Cent Ans) décimaient la population qui allait, en Europe, être réduite de moitié entre 1350 et 1450. L’Église faisait de la préparation à la mort un sujet de réflexion très important. L’art de cette époque en porte la marque, qu’il s’agisse des poèmes (François Villon), des jeux scéniques dans les églises, des peintures et sculptures.
Le thème de la danse macabre, illustré pour la première fois au cimetière des Saints-Innocents à Paris au début du XVe siècle, vise à montrer l’égalité de tous devant la mort et son inexorabilité. Il est illustré par des personnages squelettiques entraînant vers la mort des vivants, puissants de ce monde ou hommes du peuple, religieux ou laïcs.
A La Chaise-Dieu, les morts ne sont pas des squelettes, mais plutôt des transis avec la peau sur les os ; les morts dansent et se livrent à de nombreuses facéties. Les vivants, au nombre de 24 sont répartis en 3 panneaux, les puissants, les bourgeois et le peuple. Entre eux, peints sur des piliers, se retrouvent des personnages expliquant le thème : Adam et Ève sur le premier, un prédicateur sur le premier et le dernier. En-dessous un espace était réservé à un texte, message catéchétique ou poème.