Clermont-Ferrand
De Nemossos à Clermont-Ferrand
La ville de Clermont-Ferrand est née de l'union de deux villes distinctes, Clermont et Montferrand, décidée par Louis XIII et confirmée sous Louis XV. Pendant longtemps, malgré les décisions officielles d'union, Clermont et Montferrand ont été des agglomérations séparées, de part et d'autre de l'actuelle avenue de la République, par un vide qui n'a été urbanisé qu'à une époque récente. Clermont et Montferrand furent, dans le passé, des villes très différentes.
Alors que Montferrand fut fondée au début du XIIe siècle par les comtes d'Auvergne sur le modèle des villes neuves du Midi, Clermont remonte à l'antiquité et prit rapidement le caractère d'une ville épiscopale. La plus ancienne mention de l'existence de Clermont figure dans l'œuvre de Strabon, au début du ler siècle. La ville est alors dénommée Nemossos et qualifiée de "métropole" des arvernes, ce qui démontre son importance. Au milieu du ler siècle, elle prit la dénomination d'Augustonemetum et connut une phase d'extension qui se termina au milieu du IIIe siècle.
Une ville essentiellement épiscopale
A cette époque, la ville gallo-romaine devait avoir une population comprise entre 15 000 et 30 000 habitants installés dans un périmètre de 5 à 6 kms. Ce qui fait de la ville l'une des plus grande de Gaule Romaine. Au milieu du IIIe siècle, la ville prit la dénomination d'Arvernis ou Arvenos. A la même époque de nombreuses villes de Gaule prirent le nom des peuples auxquels elles servaient de capitale. Au début du IVe siècle la superficie de la ville se réduisit selon un phénomène général en Gaule, mais il fut à la fois tardif et accentué à Arvernis. La ville eut alors une superficie de l'ordre de trois hectares qui pouvait contenir une population de 700 habitants environ. Elle était entourée d'une enceinte percée de cinq portes, qui subsistèrent à travers tout le Moyen-Age jusqu'à l'époque moderne. Leurs emplacements déterminèrent le tracé des rues lorsque la ville du Moyen-Age se développa.
Au milieu du Ve siècle l'évêque Saint-Namace installa dans la ville l'église épiscopale qui jusque là était établie dans le lieu occupé plus tard par l'abbaye de Saint-Alyre. Désormais la ville devint essentiellement épiscopale. Elle connut après la disparition de l'Empire romain, une période d'obscurité et de drames. Elle fut l'objet de rivalités entre les peuples qui envahirent la Gaule et ne fut pas épargnée par les Normands lors de l'affaiblissement de l'Empire carolingien.
Concurrents de l'évêque, les comtes, que les rois francs établis loin du centre de la Gaule ne contrôlaient que très imparfaitement, résidèrent dans la ville qui prit au cours du VIIIe siècle la dénomination de Clermont, donnée originellement à la partie la plus élevée de l'agglomération. La dénomination d'Arvernis subsista d'ailleurs dans les actes ecclésiastiques pendant plusieurs siècles encore. Au cours du Xe siècle les comtes d'Auvergne, devenus héréditaires, résidèrent à Clermont où ils possédaient un palais situé à l'emplacement de l'Hôtel-de-Ville; et de la prison. Ils entrèrent rapidement en conflit avec les évêques. En définitive, ces derniers l'emportèrent avec l'appui des Capétiens.
Une fois les conséquences de la guerre de Cent ans réparées, la seconde moitié du XVe siècle fut marquée essentiellement par les luttes entre les évêques et les bourgeois et par la place tenue par la ville dans les réunions des États du Bas Pays d'Auvergne.
Le XVIe siècle fut pour Clermont une époque de transformation et de progrès. Catherine de Médicis à la suite d'un procès au Parlement dirigé contre l'évêque, en l'espèce Guillaume Du Prat, en qualité d'héritière des anciens comtes d'Auvergne, devint dame de Clermont. L'évêque était désormais réduit à son rôle spirituel. Catherine de Médicis augmenta les libertés municipales, accorda à Clermont une Sénéchaussée d'abord seigneuriale puis royale, rivale dès lors de la Sénéchaussée établie plus anciennement à Riom, et fonda une juridiction consulaire. Clermont eut peu à souffrir des guerres de religion. Alors que la plupart des villes d'Auvergne adhéraient à la Ligue, elle resta fidèle au roi. Au début du XVIIe siècle, le mouvement de réforme catholique provoqua la création, hors de l'enceinte, de nombreux établissements religieux dont la présence ne fut pas sans influence sur le développement ultérieur de la ville : Minimes, Augustins, Hospitalières, Bernardines, Visitandines, Capucins, Bénédictines, religieuses de l'Eclache, Charitains.
Le XVIIe siècle apporta à Clermont une Cour des Aides, celle qui se trouvait établie jusque-là à Montferrand, et un collège de Jésuites, alors que les notables de la ville avaient une prédilection pour le Jansénisme. En 1665 se tinrent à Clermont les fameux Grands Jours d'Auvergne dont une alerte chronique nous a été laissée par Fléchier. Au XVIIIe siècle, les Intendants de la Généralité de Riom, établis à Clermont, stimulèrent des travaux d'urbanisme dont les principaux furent la transformation de l'emprise des remparts et des fossés en voies publiques. Quant au dégagement de la Partie centrale, il ne put être entrepris qu'à l'issue de la Révolution.
En effet, cette opération, qui aboutit à la création de la place de la Victoire, ne pouvait être menée à bien qu'à condition d'utiliser l'emprise des bâtiments ecclésiastiques, notamment épiscopaux, qui se trouvèrent aliénables, comme biens nationaux, à la suite de la Révolution.
Les rues anciennes
La partie ancienne de Clermont se trouve délimitée par le tracé du rempart tel qu'il était constitué à la fin du Moyen-Age. La partie centrale comportait de nombreux bâtiments ou enclos dépendant de l'Évêché ou du Chapitre. Ils ont disparu pour permettre le dégagement de la cathédrale et l'établissement de la place de la Victoire. Entre le tracé du rempart de la fin du Moyen Age et le sommet de la butte où est situé Clermont, les rues sont dans l'ensemble rayonnantes et aboutissent dans la partie centrale par des cheminements imposés par les circonstances historiques, notamment par l'emplacement des cinq portes. Les rues anciennes sont surtout : la rue de la Boucherie prolongée par la rue Tour-la-Monnaie, la rue des Gras qui primitivement venait buter contre le porche de la cathédrale, la rue des Chaussetiers, la rue Pascal, la rue du Port.
La cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption
Elle est une cathédrale gothique située à Clermont-Ferrand. Elle a été édifiée à partir de 1248 au centre de la ville de Clermont, la capitale historique de l'Auvergne. Elle a remplacé une cathédrale romane située au même endroit qui elle-même avait été précédée par deux autres sanctuaires chrétiens. Son patronage initial est celui de Saint Vital et Saint-Agricol. La majeure partie de la construction actuelle date de la seconde moitié du XIIIe siècle, c'est le premier exemple d'utilisation en architecture de la pierre de Volvic. La façade occidentale et d'autres rénovations ont été effectuées par au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
La cathédrale est construite au sommet de la butte centrale qui forme le centre ancien de Clermont-Ferrand. Elle se trouve au carrefour des différentes rues et places de l'époque médiévale reprenant le tracé de la ville fortifiée du IIIe siècle.
La façade romane de la cathédrale d'Étienne II est abattue en 1851. Il faut attendre jusqu'en 1866 pour que démarrent les travaux d'achèvement, d'après les plans de Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc, réalisés par Anatole de Baudot et Eugène Millet. En 1884, la façade occidentale avec ses flèches et la dernière travée de la nef sont enfin achevées dans le respect complet des méthodes de construction du Moyen Âge. Seule la taille un peu plus sèche des pierres marque la différence. Détail peu remarqué, l'intérieur de l'édifice est entièrement peint en faux appareil. L'emmarchement d'accès sur la rue des Gras n'est réalisé, quant à lui, qu'au tout début du XXe siècle.
La nef est formée de six travées dont les deux premières ont été construites en 1874 sur l'emplacement de l'ancienne façade romane. Ce sont des copies conformes des quatre suivantes, qui datent du XIVe siècle. Ainsi rallongée, la nef offre toute la profondeur nécessaire à un bon équilibre architectural. Chaque pilier de la nef est flanqué de colonnettes qui, culminant à 29 mètres (95,1 pieds), s'élancent, sans chapiteau intermédiaire, d'un seul jet jusqu'à la retombée des croisées d'ogives, donnant à l'ensemble une grande légèreté. Les clés de voûte culminent à 30 mètres (98,4 pieds) de haut. La couleur noire de la pierre de Volvic augmente l'impression de minceur des supports. Selon le schéma classique, au-dessus des arcades principales se trouve un deuxième étage constitué d'une galerie: le triforium, fermé par des arcades de pierre, puis le troisième niveau de verrières hautes qui donnent toute sa clarté à l'édifice. De chaque côté de la nef, on trouve deux nefs plus petites, les bas-côtés, qui supportent à l'intérieur la poussée des voûtes. Enfin, pour les besoins du culte, une rangée de chapelles a été ajoutée de part et d'autre des bas-côtés, donnant à la nef une largeur sensiblement égale à sa largeur.
Le portail Nord est resté longtemps l'accès principal de la cathédrale ; la façade occidentale, entre ses tours romanes, était d'architecture primitive, celle du Sud donnait jadis sur les bâtiments de l'évêché. La façade Nord est l'œuvre des premiers architectes gothiques : Jean Deschamps est enterré au pied du portail. Bien que très abîmé en 1793, où l'on a projeté la destruction totale de l'édifice, ce portail est resté très élégant. Le trumeau qui sépare les deux portes était orné de la statue de Notre-Dame-de-Grâce, perdue puis retrouvée dans la crypte de l'église Saint-Pierre-les-Minimes, elle orne actuellement une des chapelles de cette église. Au-dessus des portes se trouvent un tympan, un gable triangulaire, une balustrade, puis la grande rose Nord avec sa structure géométrique complexe. Des quatre tours qui, dit-on, complétaient l'architecture gothique de la cathédrale, il ne reste plus que celle de la Bayette, qui flanque le côté Est du portail. Cette tour, haute de 50,7 mètres (166.3 pieds), a servi de beffroi à la cité. Elle est surmontée d'une tourelle elle-même ornée d'une cloche. La cloche actuelle, qui date de 1606, sonnait les heures d'office pour les chanoines de la cathédrale.
Les tours et le portail Ouest ont été exécutés sous la direction de Viollet-le-Duc et ses collaborateurs, dans le style gothique. L'ancienne façade romane, qui déjà menaçait ruine, a été détruite pour allonger la nef de deux travées et construire un massif de façade impressionnant. Le tympan sculpté représente le Jugement Dernier tandis que d'autres statues animent cette façade. Le plus réussi reste sans doute le dessin des flèches, décorées de gables et de clochetons ajourés, qui culminent à 108 mètres au-dessus du pavé et visibles de loin.
NOTRE-DAME-DU-PORT, CHEF-D’OEUVRE DE L’ART ROMAN
Située dans le centre historique de Clermont-Ferrand, au cœur du quartier du Port, la basilique Notre-Dame-du-Port est l’un des premiers sites patrimoniaux visités dans la ville. La basilique est entrée au Patrimoine mondial depuis 1998, au titre des “ Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ” et fait partie de la liste prestigieuse des biens inscrits à l’UNESCO.
Avec un plan en croix latine, la basilique mesure 45 mètres de longueur, pour une largeur maximale de 24,70 mètres. La nef s'élève à 18 mètres du sol.
Emblématique de l’édifice, sa couleur claire, blonde, est due à l’emploi de l'arkose, superbement mise en valeur par le décor en pierres de lave qui couronne l'abside. La basilique illustre la science et la maîtrise des bâtisseurs du XIIe siècle : les proportions, les élévations et l'ornementation de l’édifice s'approchent de la perfection.
À l'époque romane, les artisans ne sont pas encore regroupés en corporations. Ouvriers itinérants, ils se déplacent de chantier en chantier offrant leurs services. Cette itinérance ne se limite pas aux dimensions d'un diocèse, elle rayonne sur l'ensemble des constructions romanes. Sur le chantier de la basilique, différents métiers et différentes cultures se côtoient et échangent leurs savoirs. C’est ainsi que d’autres églises de l’ancien diocèse de Clermont présentent d’importantes ressemblances avec Notre-Dame-du-Port : Orcival, Saint-Nectaire, Issoire et Saint-Saturnin.
Le chevet, partie la plus sacrée de l’édifice, a reçu un traitement particulièrement élaboré. L'élévation pyramidale, depuis le sol jusqu'au sommet de la tour octogonale, est un savant équilibre de volumes étagés et hiérarchisés : chapelles rayonnantes, abside, transept, massif barlong et clocher. Les détails de la décoration de ce chevet témoignent de la longue assimilation par les bâtisseurs des expériences méditerranéennes d'Espagne ou d'Italie, dans l'art byzantin et mozarabe. Cette ornementation est aussi à mettre en relation avec d’autres métiers médiévaux, comme l’enluminure, l’orfèvrerie et l’ébénisterie. En témoignent les rosaces de pierres incrustées, les cordons de billettes ou les modillons à copeaux.
Le musée d'art Roger-Quilliot, musée des beaux-arts de Clermont-Ferrand, est installé dans un ancien couvent d'ursulines. Il présente sur six niveaux des collections de peintures, sculptures, arts décoratifs, de l'époque médiévale jusqu'au XXe siècle dont des chefs d’œuvres de Chassériau, Doré, Bartholdi ou Fragonard.
Ce musée bénéficie de l'appellation "Musée de France" et se positionne comme l'un des grands établissements culturels en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le musée propose tout au long de l'année une riche programmation culturelle (visites commentées, ateliers pour enfants, conférences, expositions...). Venir le visiter est aussi une opportunité de découvrir le quartier de Montferrand, l'un des deux cœurs historiques de la métropole auvergnate.
Les collections peuvent être vues avec une documentation complète qui accompagne chaque œuvre.
Rechercher des œuvres, des monuments, ou tout autre bien culturel dans la base de donnée du ministère de la culture française.
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?mainSearch=%22mus%C3%A9e%20d%27art%20roger-quilliot%22