Riom
Ancienne capitale des duchés d’Auvergne, Riom étale ainsi à vos pieds son centre historique, ses maisons et hôtels particuliers renaissances, ses fontaines et façades remarquables tout le long de ses rues quadrangulaires.
Chasseur de pépites historiques et culturelles ? Ici plus de 70 monuments protégés au titre des monuments historiques vous font de l’œil et vous emportent dans les couloirs du temps. Maison des consuls, Sainte-Chapelle, basilique Saint Amabld, Hôtel Guymoneau, Musée Mandet… la liste est longue et traverse les époques.
Influences médiévales, renaissance ou gothiques s’entremêlent et donnent une remarquable unité à la cité. La Pierre de Volvic, présente sur les monuments les plus emblématiques y est également pour beaucoup.
La Sainte Chapelle
La chapelle de style gothique est à nef unique de trois travées et voûtée d'ogives. La poussée des voûtes est équilibrée par des contreforts extérieurs. La chapelle est éclairée par neuf baies. Deux petits oratoires permettaient au duc et à la duchesse de suivre les offices. Une cheminée chauffait les oratoires. La devise du duc était sculptée sur leurs manteaux : Ursine, le tems venra.
La chapelle mesure 23,3 m de long, 9,1 m de large et 15,3 m de hauteur à la clé de voûte. Elle présente trois travées de longueur égale à la moitié de la portée, soit 4,55 m. Le chevet, orienté, au sud, est pentagonal, chaque pan étant de longueur égale à la longueur d'une travée. Elle est faite en pierre volcanique de Volvic, couverte d'ardoise. Un chemin de ronde de 72 m de long fait le tour de la chapelle.
La chapelle avait deux entrées. Un premier accès se faisait par la grande salle du château, aujourd'hui disparu. Le second accès se trouve sur la façade est de la première travée. Une annexe de trois niveaux avec un escalier à vis a été construite contre la façade ouest de la première travée permettant au duc d'accéder à son oratoire privé.
La chapelle est classée monument historique en 1840. Le 25 mars 1842, le peintre verrier Etienne Thévenot présente un rapport sur l'état détaillé du bâtiment et des vitraux à cette date avec un projet de restauration. La restauration des vitraux de la partie supérieure qui comprend des éléments importants du titrage original est jugée facile. Pour les parties inférieures qui ont disparu, il a présenté deux propositions. La première consiste à y placer les blasons des Bourbons et de leurs alliances portées par deux anges. La seconde consiste à y placer des personnages dans le style et la continuité des registres supérieurs. Les discussions pour savoir qui doit payer ces restaurations, le ministère de l'Intérieur ou celui de la Justice, ont entraînés une dégradation encore plus importante des vitraux. En 1850, on colle du papier sur les verrières pour éviter des chutes.
La restauration de la chapelle commence en 1850 et se continue par les vitraux en 1853-56.
L’hôtel de Guimoneau
C’est en visitant la cour intérieure de ce bâtiment que l’on peut admirer les nombreuses décorations qui l’ornent. Blasons, visages, statues forment un décor renaissance du plus bel effet. Un escalier en vis est aussi décoré et notre vidéo en décrit l’essentiel.
Le procès de Riom
Il fallait trouver des causes à la défaite de 1940. C’est pour cette raison que l’Etat Français organisa le procès des dirigeants politiques à la tête de l’Etat de 1936 à 1940. Il ne fallait surtout pas rechercher les responsabilités avant car Pétain était ministre de la guerre en 1934 et à l’origine d’une baisse des crédits militaires de 20%. Ce procès doit se lire au regard des reproches formulés à l’égard du Front Populaire et dont la devise du nouvel état était « Travail, Famille, Patrie ».
Le travail
Selon les milieux politiques et patronaux le travail avait été dévalorisé par les 40 heures hebdomadaires, l’instauration des Congés-Payés, certaines nationalisations. D'ailleurs dès le 20 juin 1940, avant la signature de l'armistice, le maréchal Pétain avait déclaré : « c’est l’esprit de jouissance qui l’a emporté sur le sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort, on rencontre aujourd’hui le malheur ». L’idéologie de l’effort était valorisée pour expliquer la Défaite des armées.
La famille
Il s’agit de la famille chrétienne dont les vertus ne sont pas à démontrer. Ce qui suppose la femme considérée comme mineure et soumise à son mari (pas de droit de gérer ses biens, pas de droit de vote, pas de droit sur son corps (avortement interdit). Les tenants de la religion juive sont interdits de travail et considérés comme étrangers dans leur propre pays. La dégradation des mœurs du pays est souvent invoquée comme un signe de délabrement moral. Ce sont des conceptions idéologiques qui tiennent lieu d’un rempart supposé vis-à-vis de l’immigration étrangère pourtant essentiellement catholique : Pologne, Italie, Espagne, Portugal.
La Patrie
Il est étrange de voir que la Patrie devient un élément important pour un pouvoir qui pratique la collaboration avec l’occupant. Que cette patrie soit divisée en deux zones et même trois avec l’Alsace-Lorraine reprise par l’Allemagne. Le procès de Riom voulait montrer que le Front Populaire avait négligé les crédits militaires. Or la démonstration fut faite par Blum et Daladier que 14 milliards de crédits supplémentaires avaient été alloués aux armées. Lors des échanges avec la cour Daladier, prouva chiffres à l'appui, de manière opposée à ce qu'affirme le réquisitoire, indiquant « que la Wehrmacht ait été supérieure en nombre et bien mieux équipée que l'armée française », que le nombre de blindés était « à peu près équivalent de part et d'autre » démontrant « que c'est l'emploi des Divisions Cuirassées qui fut négligé par l'État-major ».
Ainsi, lorsque le président de la cour interrogea Daladier sur ce point : « Combien y avait-il de chars modernes en 1936 ? Puis en mai 1940 ?», Daladier répondit: « 34 en 1936. 3 500 en 1940 ! » À une nouvelle question du président : « En 36 ou 37 combien de canons aériens basse altitude pour la protection des troupes ? Et en 1939 ?» Daladier répondit : « 0 en 1936. 2 500 en 1939 »
Finalement, Léon Blum et Edouard Daladier démontrèrent donc que la défaite n'était « pas venue, faute de moyens, mais de la longue application d'une politique défensive et des erreurs stratégiques du haut commandement ».
Epilogue
Au fur et à mesure de son déroulement, le procès de Riom prouva l’inverse de ce que Pétain et l’occupant espéraient. Si la relation des débats par la presse étrangère fut sincère et correcte, la censure s’opposa à la publication de certains débats. Les accusateurs se retrouvant accusés, il ne fallait surtout pas mettre dans l'embarras le nouveau régime, ce dernier ayant fait passer des consignes très claires de censure sur la façon dont on devait présenter l'affaire comme notamment de ne pas diffuser « l’exposé sur la responsabilité des ministres de la guerre depuis 1930 et surtout 1934 (maréchal Pétain) », ou par exemple de « supprimer toute la partie qui met en cause les gouvernements de 1929 à 1936 » dans l'intervention de Léon Blum ou encore de supprimer le passage de la déclaration de M. Edouard Daladier « indiquant qu’il a été décidé par le maréchal Pétain de ne pas fortifier le front du Nord et des Ardennes » ou encore « sur l'opinion du maréchal Pétain sur les fortifications des Ardennes : non ce secteur n’est pas dangereux… ».
Le jugement fut rendu par le seul Maréchal Pétain. Par ordre du maréchal Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur cinq colonnes, « le châtiment des responsables » présumés de la défaite.