Les Vosges
Le terme ballon est le nom usuel par lequel on désigne quelques sommets des Vosges. En réalité le toponyme le plus fréquent pour les sommets vosgiens n'est pas construit avec le mot « ballon » mais avec -kopf ou -berg, soit en langue romane respectivement « tête » et « mont ». En effet, seuls cinq sommets portent aujourd'hui réellement ce nom (Grand Ballon, Petit Ballon, Ballon d'Alsace, Ballon de Servance et Ballon Saint-Antoine). Il y a plus d'un siècle, on lisait encore dans les encyclopédies, le Ballon de Comté ou de Lure pour La Planche des Belles Filles et le Ballon de Guinon. Par ailleurs, on parlait en 1591 aussi du « Beffortisch Belchen » (Ballon de Belfort) pour désigner le Ballon d'Alsace
Le massif des Vosges fait partie des régions françaises et européennes qui ont connu un destin particulier pendant la Première Guerre Mondiale en raison de son statut peu ou prou imposé de massif frontalier entre deux états ennemis. À part quelques résistances des francs-tireurs vosgiens pendant la guerre de 1870, la montagne vosgienne ne représenta aucun obstacle particulier pour les troupes impériales qui la traversèrent sans mener de batailles meurtrières. Le roman patriotique à succès de René Bazin, Les Oberlé, publié en 1901, montrera néanmoins qu'avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le déchirement qui s'opérait dans les familles alsaciennes devenues allemandes se manifestait entre autres par la fuite des jeunes conscrits refusant de servir sous l'uniforme prussien et trouvant refuge dans les forêts denses du massif pour passer la frontière verte des crêtes et cols vosgiens. Le Mémorial de Schirmeck en face du camp de concentration de Natzweiler-Struthof résume la destinée particulière de ces régions annexées en 1871 puis à nouveau occupées en 1940, en insistant sur les difficultés inhérentes à une vie d'entre-deux.