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Publié par Guy Muller

Le Musée Unterlinden propose un parcours de visite couvrant près de 7000 ans d’histoire, de la Préhistoire à l’art du 20e siècle. Ce cheminement dans le temps, au cœur de collections encyclopédiques, permet de découvrir les multiples aspects de l’architecture du Musée. Dans le cloître gothique est présenté l’art du Moyen-Age et de la Renaissance, avec des œuvres de Martin Schongauer, Hans Holbein, Lucas Cranach … et le Retable d’Issenheim (1512–1516), chef-d’œuvre de la peinture occidentale. Inaugurés en 1906, les anciens bains municipaux offrent un espace propice aux manifestations temporaires. L’extension contemporaine, édifiée par les architectes suisses Herzog & de Meuron, constitue le nouvel écrin où se côtoient les artistes majeurs du 20e siècle : Monet, Picasso, Nicolas de Staël, Soulages, Dubuffet…

 

Le Retable d’Issenheim : un chef d’œuvre de l’art

Véritable trésor de la collection du Musée Unterlinden, le Retable d’Issenheim est l’une des œuvres les plus admirées du musée. Ce polyptique composé de panneaux peints et d’une caisse sculptée présente des épisodes de la vie du Christ et de saint Antoine.

 Entre 1512 et 1516, les artistes Nicolas de Haguenau (pour la partie sculptée) et Grünewald (pour les panneaux peints) réalisent le célèbre retable pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Colmar. Ce polyptyque, qui ornait le maître-autel de l’église du couvent d’Issenheim avant la Révolution, fut commandé par l’un des supérieurs de l’ordre, Guy Guers, précepteur de la commanderie de 1490 à 1516.

Fondée vers 1300, la commanderie d’Issenheim relève de l’ordre de Saint-Antoine qui a vu le jour à la fin du 9e siècle dans un village du Dauphiné. L’ordre des Antonins a pour vocation de soigner les malades atteints du feu sacré ou feu de saint Antoine, véritable fléau au Moyen Age. Cette maladie liée à l’ingestion d’ergot de seigle, parasite de cette céréale, provoque un rétrécissement des vaisseaux sanguins pouvant mener à la nécrose des membres. Pour venir en aide aux malades, les Antonins leur servent du pain de bonne qualité et préparent le saint-vinage, un breuvage à base de vin dans lequel les religieux font macérer des plantes et font tremper des reliques de saint Antoine. Ils produisent également un baume à base de plantes aux vertus anti-inflammatoires.

La commanderie d’Issenheim acquiert peu à peu une richesse considérable dont témoignent les nombreuses œuvres d’art qu’elle a commandées et financées. Le retable figure parmi elles. Il est resté conservé dans cet établissement religieux jusqu’à la Révolution et pour empêcher sa destruction, il est transporté à Colmar, en 1792, à la Bibliothèque Nationale du District. En 1852, il est transféré dans l’église de l’ancien couvent des Dominicaines d’Unterlinden, où il constitue le joyau du musée qui s’y organise alors et où il ne cesse de fasciner et d’envoûter ceux qui le contemplent.

Le Musée Unterlinden de Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar
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Le Retable d'Issenheim : une renaissance

De 2018 à 2022, le Retable d’Issenheim a connu une restauration d’une ampleur inédite.

Après plus de quatre ans de restauration, au-delà des mesures conservatoires et de l’éclat retrouvé de l’œuvre, le public peut admirer la cohérence originelle, notamment chromatique, présente entre les panneaux peints et les sculptures du Retable d'Issenheim. L’analyse comparée des pigments utilisés pour les sculptures et les panneaux a prouvé que l’atelier de Grünewald a bien mis en couleurs les sculptures réalisées par l’atelier de Nicolas de Haguenau.

Les visiteurs peuvent découvrir de nouveaux détails surprenants cachés auparavant par les vernis ou les repeints : un ciel noir épais maintenant bleu nuit, zébré de nuages gris et noir, l’ample chevelure qui se redessine dans le dos de Marie Madeleine, une larme qui se devine sur la joue de la mère du Christ, la subtilité retrouvée des carnations des sculptures... autant de raisons de se rendre à Colmar pour (re)découvrir ce chef-d’œuvre et sa jeunesse retrouvée.

 

La rénovation du musée

Le Musée Unterlinden implanté dans son lieu fondateur, le couvent du 13e siècle, est désormais relié aux anciens bains municipaux, inaugurés en 1906. Les architectes Herzog & de Meuron ont réuni les bâtiments et associé une extension contemporaine. Une galerie souterraine constituée de trois salles d’exposition passe sous la Place Unterlinden et le canal.

Elle conduit à la nouvelle architecture, l’Ackerhof, du nom de l’ancien corps de ferme du couvent. Plus que jamais, le Musée Unterlinden déploie ses collections encyclopédiques. Des espaces agrémentent la visite : jardin du cloître, verger du musée, café, boutique…

Attendue depuis 2016, date d’inauguration du « Nouvel Unterlinden », l’ouverture des premières salles du parcours permanent du Musée Unterlinden dédiées à la création artistique de la fin du 14e siècle et du début du 15e siècle a eu lieu le 2 juillet 2022. Temps fort de la vie des collections du musée, cette ouverture permet aux visiteurs de (re)découvrir de nombreuses pièces phares, certaines jamais montrées auparavant, d’autres intégralement restaurées pour l’occasion, comme le Retable de la Passion peint par Caspar Isenmann entre 1462 et 1465 pour la collégiale Saint-Martin de Colmar.
Situées dans le cloître, au rez-de-chaussée de l’ancien couvent des dominicaines, ces deux salles ont été entièrement réaménagées et organisées de manière chronologique. Les œuvres du Moyen Âge, représentatives de la création artistique des 14e et 15e siècles y sont exposées : retables, panneaux peints, sculptures, vitraux et objets d’art se côtoient,
permettant ainsi la mise en relation de tous les aspects de la production artistique de cette période et l’identification de personnalités, et de styles propres à des centres de création comme Strasbourg ou Colmar.

Le Musée Unterlinden de Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar
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