Saint Brieuc

Le panorama sur les côtes depuis la pointe du Bec de Vir est époustouflant !
Le chemin d'accès borde des parcelles cultivées avant de surplomber la naissance des hautes falaises de Plouha et la grande plage du Palus au nord.
Plus au sud, les enrochements des îles St-Quay et le plateau rocheux des Rohein se distinguent facilement à marée basse. On repère également le sémaphore de Saint-Quay-Portrieux. Cette sentinelle veille sur le trafic maritime dans la baie depuis 1860.

Le parc éolien

Le parc éolien en mer de Saint-Brieuc est entré en service fin mai 2024. Il compte 62 éoliennes Siemens-Gamesa d'une puissance de 8 MW, soit un total de 496 MW installés. C'est l'un des trois premiers grand parcs éoliens en mer de France. Il se distingue par les caractéristiques des fonds marins sur lequel il est installé : de la roche particulièrement compacte. Les éoliennes ont été installées sur des fondations de type « jacket » (treillis métallique). Ailes Marines (filiale à 100 % de l'énergéticien espagnol Iberdrola) nous a convié à jeter un œil à son parc, en compagnie de deux de ses ingénieurs.

Loïg Chesnais-Girard aime à rappeler que, depuis le premier appel d’offres, en 2011, le dossier du parc est passé entre les mains de trois présidents de la République : « Ce projet nous a tous permis de comprendre la complexité technique d’une telle installation, mais aussi de mesurer son acceptation sociale. La question de la cohabitation doit être au cœur du travail de concertation. »

Il faut dire que les débats autour du parc éolien ont été houleux. Des riverains et des associations locales ont été les premiers à contester le projet, redoutant son impact sur la flore et la faune marine ainsi que sur les oiseaux. Les différents recours juridiques ont retardé la mise en chantier du parc sans jamais l’empêcher. L’opposition, plus récente, d’ONG comme Sea Shepherd, n’a pas permis la mobilisation du grand public.  

Les pécheurs étaient les plus opposés au projet du fait de l’ensouillage des câbles d’énergie. Les coquilles Saint Jacques étaient susceptibles de subir des destructions. Pendant deux ans la pêche a été interdite. Mais actuellement les touristes peuvent visiter le parc d’éoliennes avec les bateaux des pêcheurs qui semblent avoir retrouvé ainsi un équilibre économique plus favorable.

Les algues vertes

Depuis 2002, le Ceva réalise un vol chaque mois entre avril et octobre, à marée basse et par grand coefficient de marée, dans le cadre de la surveillance des marées vertes. Présentes en mer à l'état naturel, les algues vertes prolifèrent dans les baies bretonnes, où elles sont nourries par des apports de nitrates épandus par les agriculteurs dans les champs et dont les excédents sont acheminés par les fleuves côtiers.

Les surfaces d'algues vertes inédites relevées en octobre 2023 (611 hectares contre 286 ha en moyenne) laissaient craindre une forte reprise de la prolifération au printemps 2024. Mais les tempêtes de l'hiver dernier ont dispersé les algues des baies les plus exposées, retardant fortement la reprise de la prolifération au printemps. Seule la baie de Saint-Brieuc a échappé à ce phénomène de "déstockage".

Ces algues deviennent dangereuses quand elles se décomposent car elles émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel à forte dose. Début septembre, le seuil d'alerte sanitaire a ainsi été dépassé à Guissény (Finistère), où une plage a été fermée temporairement en raison de la concentration en H2S dans l'air. "C'est un fléau pour les ostréiculteurs, constate Yves-Marie Le Lay, de l'association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, qui lutte depuis des décennies contre les marées vertes du côté de la baie de Saint-Brieuc. Les naissains sont asphyxiés par la présence des algues vertes. Elles engendrent des dommages environnementaux quand elles pourrissent mais aussi sans pourrir en privant d'oxygène les milieux marins."