Exposition temporaire « Reconstruire le Réel » à Fernand Léger
Musée National Fernand Léger à Biot
La Société des Amis des Musées de Nice a organisé une visite à Biot du musée Léger, sur le thème de la reconstruction du réel. De nouvelles toiles étaient mises en valeur en provenance de collections particulières ou d’autres musées.
Rcconstruire le réel
Adieu New-York
Cette exposition temporaire est éclairée par les commentaires avisés de Martine Pellissier. Elle replace l’œuvre de Léger dans son contexte historique : Masson, Tanguy, Matta, Breton, Matisse. La reconstruction du réel emprunte aussi au surréalisme de Magritte. Plusieurs œuvres présentent des clés dont il convient de préciser l’usage. La mise en place d’objets décontextualisés interpelle l’œil. La boite de sardines au dessus de la Joconde par exemple, l’absence de perspective, l’apesanteur des objets, l’emploi de couleurs franches, sont des expressions artistiques novatrices. Séjournant aux Etats-Unis, Léger est frappé par la modification des couleurs dues aux signaux des carrefours, lorsqu’elle se reflète sur les visages. Il est aussi étonné de voir le nombre des baigneurs s’ébrouant dans une piscine donnant une idée d’accumulation. En défilant devant les tableaux exposés, notre conférencière, nous donne des explications sur les œuvres. La vidéo de cette journée vous conduira peut-être à rejoindre les Amis des musées de Nice pour mieux comprendre les secrets des créateurs.
Deux paysages et nature morte au compas
Vues des collections permanentes
Natif de Normandie, Fernand Léger sera marqué par la guerre de 14-18 où il découvre le front et ses horreurs. Réformé en 1917, il décrira par la suite un univers dominé par les machines, d’où son adhésion à des formes particulières. Le progrès lui fait admirer la forme d’une hélice, la beauté d’une douille de cuivre, l’univers en construction. L’entre deux guerres lui fait aborder la libération des ouvriers par la bicyclette. Alors que les actualités de l’époque montrent d’énormes transhumances vers la mer, il conseille de voir au plus près les richesses cachées. Ainsi le vélo donne une liberté complète au monde du travail par l’exploration de la proche campagne et de ses chemins creux. Le progrès est un mot dénué de sens et une vache qui nourrit le monde fera toujours trois kilomètres à l’heure.
Le grand remorqueur est une œuvre complexe. Outre la masse du bateau qui entre au port, le paysage urbain est organisé. Avec ses barres d’immeubles, il annonce une nouvelle ère, où chaque logement est un élément d’une cité radieuse. Il annonce l’eau courante, la douche, la baignoire, les commodités à tous les étages, alors que de nos jours ces barres recèlent plutôt l’entassement des personnes et des dangers potentiels. Les réflexions de Léger sont datées et il faut se représenter leur symbolique prônant une vision du progrès bénéfique à tous.
L’emploi de couleurs primaires accentue les effets des tableaux. Ils sont à l’image d’une époque et de la réclame qui deviendra plus tard la « pub ». Pour convaincre, la pub doit être lumineuse avec des couleurs contrastées. L’observation de l’effet des publicités lumineuses et des couleurs des feux de croisement sur les visages le conduisent à retenir les représentations les plus vives, à une accentuation et à une simplification dans le spectre des couleurs utilisées.
Les constructeurs témoignent en une série de tableaux de la fringale de construction découverte aux Etats Unis. La verticalité de la construction qui s’élance vers les sommets, la symbolique de la solidarité ouvrière dont les membres sont unis pour manier et élever des charges. La notion de risque pris est aussi présente avec ses personnages en équilibre sur fond de ciel bleu.
Les congés-payés, l’essor du temps des loisirs font l’objet de descriptions redondantes. C’est ainsi que la vue d’une piscine pleine de baigneurs le conduit à décrire un amoncellement de corps imbriqués dans des poses surprenantes.
Après un exil de 5 ans aux Etats Unis, Fernand Léger achète une très belle propriété à Biot où il décèdera en 1955. Son œuvre est multiforme avec des aspects poétiques. Cette échelle coupée, à laquelle manque un barreau, laissée en plein champ est traversée par un plan d’artichauts et visitée par les papillons. La vivacité des couleurs utilisées, le style sont une invite au repos après les toiles mécanistes du remorqueur et des constructeurs.
Merci à Madame Martine Pellissier pour la qualité de ses commentaires et à Monsieur Bonnemaison organisateur de la visite du musée Fernand Léger
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