Exposition The Animals
Les Galeries Lafayette de Nice accueillent jusqu’à la fin du mois de juillet une exposition peu ordinaire. Il s’agit de transposer dans notre quotidien des œuvres artistiques. Ces œuvres ont des caractéristiques communes, outre leurs couleurs, elles sont destinées à embellir nos intérieurs. C’est donc la recherche d’innovations graphiques reproductibles qui offre au regard la matière même d’une manifestation artistique organisée par Art Goodies. Sous le couvert de l’art animalier nous observons nombre de produits dérivés d’artistes classiques, contemporains, désigners divers.
Il faut donc circuler dans cette exposition avec le regard d’un photographe de safari pour en démêler les approches tour à tour amusantes, inquiétantes ou oniriques. Il est difficile de retracer l’ensemble de ce que nous avons pu découvrir, chaque artiste ayant créé un univers propre. Aussi, seul un voyage au rez-de-chaussée des Galeries Lafayette, vous donnera une idée de cet espace à la fois poétique, singulier et coloré.
Dès l’entrée, l’univers de Patrick Moya impose ses personnages dont sa Doly rose, à travers trois panneaux, placés immédiatement à la droite de l’entrée de l’exposition. Puis on observe nombre de déclinaisons de cet univers enchanté et coloré, destiné aux chambres d’enfants. Des chaises, un bureau, un hamac, un sac, un tableau, déclinent immédiatement la construction des panneaux.
Au centre de l’exposition, les goodies animent deux étagères placées en face l’une de l’autre. Ce sont des « ours amusants » de Ouri Amar qui offrent une grande variété de couleurs. Au dessous, nous admirons les couleurs vives et gaies de Romero Britto, artiste brésilien, dont les goodies sont une évasion vers les oiseaux d’Amérique Centrale.
Plus loin sur la droite, un classeur nous invite à regarder des « tableaux » de Lydie Dassonville. Elle est experte dans le maniement de l’ironie avec ses nombreux moutons. Car ces moutons peuplent littéralement toutes ses constructions. Mais la critique de notre consommation de médicaments et de vitamines de toute nature s’impose face à la vue de ce totem sociétal. La poupée-totem surplombe des cachets, pastilles, reconstituants numérotés, pendant que les moutons se rassasient d’euphorisants, médications diverses, pour parvenir à la vie éternelle. Ce tableau devrait servir d’outil de campagne « marketing » à notre sécurité sociale à la dérive. Nul doute que l’appel de Lydie soit désapprouvé par les laboratoires pharmaceutiques !!
Au fond une jungle abrite crocodile, panthère et animaux en tissu d’Anne-Valérie Dupond. Plusieurs univers fantastiques sont situés au fond à gauche de l’exposition : Christophe Pelardy avec ses croquis, l’atelier KKF et ses compositions issues de matériaux de recyclage…
Avant de sortir de l’exposition, des transpositions de Taburchi sont déclinées sous forme de coques de téléphones ou de tablettes, avec un très beau chat rose. Une boite de sardines reçoit un baigneur rose ravi de prendre son bain sous la voûte ondulée du couvercle de la boite. Nos lecteurs commencent à avoir l’habitude de ces dérives humoristiques montrées par Fernand Léger avec « Mona Lisa, ses clés et sa boite de sardines ».
Puisse la vidéo tournée à l’occasion de notre visite vous inciter à voir et à intégrer une vision de l’art plus pratique que celle des musées. Comme quoi, l’art peut descendre de son piédestal en étant incorporé à notre univers quotidien.
Guy Muller