Jules-Henri Lengrand au Musée des Beaux Arts de Nice
Avec les Amis des musées de Nice, nous avons parcouru une nouvelle exposition temporaire dans ce musée, dont l’actualité est fréquemment renouvelée. Placé sur une hauteur de la ville, ce musée présente du côté sud une façade encadrée par deux escaliers, débouchant sur un jardin public. Au dessous de ce jardin une autre volée d’escaliers renforce la mise en valeur du bâtiment. Notre vidéo en présente l’architecture extérieure.
Madame Anne Devroye-Stilz, conservatrice du musée, nous a accompagnés tout au long de l’exposition, nous présentant les particularités du peintre dont les œuvres étaient exposées.
Avertissement : cette exposition est terminée.
Jules-Henri Lengrand
Né en 1907 à Marly-les-Valenciennes, il est prix de Rome en 1930, et devient professeur de peinture et de dessin à l’école nationale supérieure d’art décoratif. Dès 1937, il devient le peintre officiel de la ville de Nice, avec quatre grandes toiles destinées à la salle des pas-perdus de l’Hôtel de ville de la ville. Par la suite, il répondra à de nombreuses commandes de la ville : un jugement de Salomon au centre d’études juridiques de Nice, des décorations murales pour le centre de protection civile de Magnan, la façade de l’école de St Pierre de Féric, des peinture murales pour le groupe scolaire Rancher, pour un collège à Bon Voyage, pour un autre collège à Pasteur, pour une école au Bois de Boulogne. Il réalisera d’autres fresques à Vienne, Digne, Valenciennes et St. Etienne de Tinée.
Il travaille d’autres matières : faïence émaillée, vitrail (St Jean l’Evangéliste-Couvent des Carmélites). En 1980, il réalise une coupole de 8 mètres de diamètre pour l’ossuaire du cimetière de Caucade.
En dépit de ses nombreuses réalisations, Jules-Henri Lengrand n’a jamais exposé ses créations. Pris par son enseignement et ses projets il est resté un simple modeste artisan. L’exposition que lui consacre aujourd’hui la ville de Nice lui rend un hommage largement mérité.
Les Quatre tableaux de l’Hôtel de ville
Ce sont d’immenses toiles de 3 mètres sur 3 consacrées à détailler l’histoire de la ville. C’est ainsi que la première toile, montre l’affrontement des Grecs, victorieux, imposant leur présence. Il s’agit d’une ronde parfaite où les musculatures en mouvement énoncent une symphonie glorifiant une victoire.
La deuxième toile est consacrée à la dédition savoyarde de 1388, dans un style médiéval, des tons de gris s’étoffant de lumière lorsque l’on regarde vers le haut du tableau.
La troisième toile représente l’entrée des troupes de la République française en 1792. Les sabres des soldats et les montures sont traités sur le même front. Ces lignes parallèles donnent le ton d’une annexion par la force.
La quatrième toile décrit l’ouverture de la ville de Nice à ses nombreux visiteurs étrangers. Les chapeaux, crinolines, l’ombrelle annoncent un temps nouveau. Celui du rattachement de Nice à la France avec une propulsion du cosmopolitisme de sa société.
Mais il aborde aussi des œuvres abstraites comme le démontre une série de tableaux de même dimension consacrée à la Genèse, l’Apocalypse, la Création.
Ces toiles commencent avec un Big Bang éclatant de couleurs, suivi de nombreuses transformations avec des nébuleuses, des étoiles, des comètes. L’aboutissement de cette création est l’arrivée de la vie et de l’homme. Les couleurs et la lumière des quinze tableaux donnent une idée avant-gardiste et visionnaire de notre émergence. Une très grande force, une invincible puissance, émanent de cette œuvre protéique tracée dans les années 1980.
Les expositions permanentes
Après la visite, nos pas nous conduisent vers la salle des Chéret, puis vers celle des Mossa (Gustav-Adolf). Leur style s’oppose violemment à quelques mètres de distance. Autant Jules Chéret parait être le maître de ces lieux de fête (salle de bal immense au rez-de-chaussée débouchant sur un jardin) avec ses toiles couleur pastel. Il nous montre un univers enchanteur, avec des scènes de carnaval ou dans des jardins fleuris à la Boucher où les soucis du quotidien sont bannis.
Autant Gustav-Adolf Mossa, dans les tableaux présentés montre un univers tourmenté : Nice après le déluge laisse à voir les rares monuments émergés. Des personnages pervers dont la psychologie est abondamment décrite, même un autoportrait du peintre décrit ses angoisses… On pense aux rêves et à leur interprétation par Freud. Beaucoup d’érotisme aussi dans les présentations des personnages, mais aussi un érotisme très souvent caché dans les vêtements, les coiffures. La description d’une Comédie Humaine pleine de verve attend dans cette pièce ceux qui aiment lentement observer.
Nous avons le privilège, en fin de visite, de connaître le thème de la prochaine exposition sur le paysage. Comme entrée en matière un rouleau japonais montre une petite partie d’une bande dessinée protégée par un caisson hyperbare. Nous passons d’un port à la montagne avec de nombreuses scènes de la vie quotidienne de l’époque.
Diaporama sur le musée : Musee-CHERET
Guy Muller