Matisse un été à Nice
En 2013, la ville de Nice a rendu un hommage à Matisse, durant tout l’été. Cet hommage était amplifié par la participation des huit musées de la ville à cette célébration. Une importante campagne d’affiches, la participation des édiles municipaux, le renfort de la presse locale ont accompagné cette manifestation.
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Le musée Matisse implanté sur la colline de Cimiez était au centre de la fête, mais il était interdit de prendre la moindre photo, ce qui m’a conduit à mettre en avant deux musées qui ont traité de Matisse sous des angles différents et sans interdire les photos.
Ces deux expositions mettent donc en avant l’avant et l’après Matisse en obligeant les musées à ordonner et en élargissant leur propos.
Gustave Moreau au Musée des Beaux Arts
C’est toujours avec un grand plaisir que nous venons admirer l’extérieur et l’intérieur de ce magnifique palais dont les escaliers sud permettent de voir la ville. On imagine ces escaliers ouvrant sur une terrasse, elle-même ouvrant sur une salle de bals. Un superbe escalier intérieur se subdivise en deux escaliers à mi-hauteur entre le rez de chaussée et le premier étage. L’exposition Gustave Moreau est accompagnée par une réorganisation de deux salles. Les œuvres de Gustav-Adolf Mossa et de Dufy y trouvent une nouvelle respiration.
Notre visite du jour est accompagnée par Madame Devroye-Stilz, la commissaire de l’exposition, qui accueille chaleureusement, les Amis des Musées de Nice. Elle nous donne des explications sur la répartition des œuvres dans l’espace de son musée.
Gustave Moreau est un peintre symboliste, créateur d’une école des Beaux Arts en 1893. Deux voyages en Italie le confrontent aux artistes de la Renaissance : Titien, Léonard de Vinci, Michel Ange. Son enseignement était peu directif. Bien sûr, il donnait à étudier les classiques, Poussin, Raphaël, Ingres. Mais ses enseignements portaient sur la lumière et sur l’inspiration, les éclairs intérieurs, la vision magique, voire onirique.
Ailleurs, Moreau synthétise, épure à l’extrême et déjà il surprend. On comprend ce que Matisse a retenu pour s’approprier peu à peu tout un registre décoratif issu de l’Orient auquel il fera sans doute subir l’épreuve de la concision et de la purification à son tour. Une autre salle est consacrée au traitement de la couleur. Un grand nombre de tableaux inédits, généreusement prêtés par le Musée National Gustave Moreau permet de parcourir tout un cheminement, depuis le traitement d’une couleur épaisse, riche, capiteuse jusqu’à la libération totale de la teinte et de la nuance au point de les dissocier de son sujet. La couleur crée une ouverture, une fenêtre de lumière. Moreau chante les louanges de la couleur et du dessin comme un dévot exprime sa foi !
Gustav-Adolf Mossa
Le musée des Beaux Arts profite de l’exposition Moreau pour étendre l’espace consacré à Mossa. Or si une filiation est réelle, c’est celle qui relie Auguste Moreau à Mossa, au plan du symbolisme. On passe de l’onirisme à une vision psychanalytique des mêmes symboles. Mossa annonce Dali avec ses compositions tourmentées. Gustav Adolf Mossa projette dans ses peintures une avalanche de visions et de personnages. Chaque dessin porte une énigme à découvrir par un regard attentif. Architecte des chars du carnaval de Nice, Mossa délivre nombre de caricatures subtiles à qui sait observer.
Comme le musée des Beaux Arts détient nombre d’œuvres de Mossa, il nous faut espérer une prochaine exposition, de ce peintre encore méconnu.
Guy Muller