De Van Gogh à Vasarely, promenade en Provence
Avec les Amis des musées de Nice, nous avons visité plusieurs lieux importants en Provence le 11 mai dernier. Ce déplacement en car d’une journée, sous la conduite de Madame Martine Pélissier, était riche en découvertes.
Vincent Van Gogh
Tout d’abord, nous allons à Saint Rémy de Provence, voir la très belle abbaye romane de Saint Paul de Mausole et son cloître. Cette abbaye jouxte l’hôpital psychiatrique où vécut Vincent van Gogh pendant plus d’un an. Les lieux sont organisés en un parcours dans les jardins et dans le bâtiment, avec les toiles réalisées par l’artiste. Les fleurs rehaussent de leurs couleurs nombre d’endroits avec la rémanence des œuvres réalisées ici.
Vincent Van Gogh avait un statut privilégié dans cette institution prévue pour soigner les crises de démence. Dans une atmosphère apaisée, sous le regard des religieuses, il va parcourir les environs immédiats avec son chevalet. Ce sera l’occasion de réaliser ses plus belles toiles : la nuit étoilée, les iris, la sieste, le jardin de l’hospice, les premiers pas, la méridienne, champ de blé avec cyprès… L’inspiration est aidée par la lumière du soleil, le calcaire des montagnes et l’or des champs de blé.
De la fenêtre de sa chambre, le regard se porte sur les champs de lavande et les parterres d’iris qui ondulent à profusion, sous la brise. On peut aussi visiter le cloître, ainsi que l’aménagement sommaire des chambres des malades.
Glanum
Toujours en se promenant à pied, nous découvrons les ruines de la ville antique de Glanum. Ce site archéologique celto-ligure a été fondé cinq siècles avant Jésus-Christ. Installée au cœur du massif des Alpilles, au carrefour de grandes voies de circulation, la cité gauloise fut baignée d'influences grecques puis romaines et connaît son plein développement à partir du IIe siècle avant notre ère. Après la défaite des Salyens face aux Romains, la ville, désormais appelée Glanum, s'intègre dans un empire romain en construction. La ville intègre peu à peu des éléments essentiels de l'urbanisme romain : un réseau important d'adduction d’eau avec des canalisations en plomb ainsi qu'un vaste réseau d'assainissement avec des égouts. On y érigea des temples en l'honneur de l'empereur et de la famille impériale, des thermes, une basilique, une curie, un forum.
Les notables locaux purent accéder à la citoyenneté romaine grâce à la concession du droit latin dans les dernières décennies avant notre ère6. La ville est ainsi la capitale d'une civitas, petite circonscription territoriale jouissant d'une autonomie face à l'Empire. Ce statut de capitale prend fin vers 200, lorsque la civitas de Glanum est rattachée à une de ses voisines, probablement celle d'Avignon.
Le cénotaphe des Iulii, appelé communément le mausolée, qui se trouve à côté de l'arc de triomphe, exprime l'importance de la romanisation d'une partie de l'élite locale à l'époque augustéenne.
Les Carrières de Lumières
C’est aux Baux de Provence que nous assistons au spectacle renouvelé chaque année qui est projeté dans les anciennes carrières. Nous y découvrons le monde fantastique de Jérôme Bosh, de Brueghel et d’Arcimboldo. La répétition des tableaux sur d’immenses murs, la musique adaptée aux époques, forment une démonstration de ce que les techniques nouvelles apportent aux amateurs. C’est une formidable immersion au sein d’immenses fresques que nous pouvons contempler sous divers angles. Des triptyques de Bosch les plus emblématiques (tels Le Jardin des Délices, La Tentation de Saint Antoine, ou encore Le Chariot de foin) aux étonnantes compositions d'Arcimboldo faites de fleurs et de fruits en passant par les fêtes villageoises de la dynastie Bruegel, les Carrières de Lumières s'ouvrent aux univers fascinants de ces trois grands maîtres qui se sont attachés à représenter la vie, son mouvement et toute la dualité d'un monde oscillant entre le bien et le mal. S'ils partagent une grande finesse d'exécution dans le dessin, ils se retrouvent aussi sur le terrain d'une extrême inventivité. A l'imaginaire halluciné de Bosch et à la créativité des visages improbables d'Arcimboldo répond la trivialité joyeuse d'un Brueghel ancrant ses multiples personnages dans le réel. Le merveilleux Jardin des Délices de Bosch clôt ce spectacle où le visiteur est invité à entrer dans une danse fantasmagorique. Nous voyons au plus près des scènes souvent noyées dans l’ensemble du tableau. La bande-son oscille entre musique classique et moderne avec les Carmina Burana de Karl Orff, les Quatre Saisons de Vivaldi revisitées par Max Richter, Moussorvsky ou encore Led Zeppelin.
La revue Beaux Arts consacre un numéro spécial à ce spectacle hors du commun.
Victor Vasarely
A Aix en Provence, nous voyons souvent l’emblème de la Fondation Vasarely depuis l’autoroute, sans nous arrêter. C’est un grand tort, car les œuvres de cet artiste sont mises en valeur, dans un cadre grandiose. Győző Vásárhelyi, dit Victor Vasarely, né le 9 avril 1906 à Pécs (Hongrie), mort le 15 mars 1997 à Paris, est un plasticien hongrois, naturalisé français en 1961, reconnu comme étant le père de l'art optique. Ce mouvement international d'art abstrait fut reconnu au début des années 1960. L'op art était un mouvement mathématique s'intéressant à la perception optique en créant des illusions et des jeux optiques. Le peintre Vasarely est fortement influencé par sa formation à l'académie Mühely appliquant les principes du Bauhaus de Dessau qui se traduit par le rejet de tout principe de symétrie. Après s'être essayé à de nombreux styles, il a, en fin de compte, créé ses premières véritables abstractions géométriques à la fin des années 1940. Tout en étant influencé par d'autres mouvements, ainsi que par les formes et les objets de son environnement , le travail de Vasarely explore le vide et le plein, les formes, la couleur et son absence, la relation entre l'art et son spectateur, ainsi que le mouvement sur une surface plane.
Le jour de notre visite, un important rassemblement de caravanes de roms stationnait à côté du musée. Une injonction à quitter immédiatement les lieux était affichée à l’entrée du musée. Nous avons effectué notre visite, encadrés par de nombreux scolaires, très intéressés par le modernisme des tableaux. Ce qui étonne ceux qui n’ont jamais connu de Vasarely que l’œuvre publiée par diverses revues ou cartes postales, c’est la dimension importante des toiles exposées. Il faut une hauteur inhabituelle pour loger et mettre en valeur une vision immersive où le visiteur est placé au centre d’une vision lui permettant de comprendre chaque élément exposé. Car l’art de Vasarely est de proposer une réflexion activée par des jeux architecturaux qui déplacent la perspective en fonction de la position du liseur. On y retrouve une majesté de situations de par la volonté d’embellir des lieux de vie, des parties de ville, voire en créant un alphabet international.