Le carnaval de Rio au Musée Masséna

La Ville de Nice souhaite mettre à l’honneur le carnaval de Rio, qui s’est inspiré de celui de Nice. En effet, à la fin du 19e siècle, rois et princes venaient passer l’hiver à Nice, dont l’Empereur Pedro II du Brésil.
En 1888, un an avant son abdication, accompagné de toute sa famille dont la princesse Isabelle, il a assisté deux fois au carnaval et à la bataille de fleurs. À son retour à Rio, il va suggérer de faire un défilé avec des voitures fleuries à Flamengo, le lieu chic de l’époque et de structurer le carnaval existant.

Aussi, le musée Masséna du jeudi 2 février au dimanche 5 mars 2023 célèbre cette filiation en présentant dans les salons de la villa, documents et archives historiques retraçant le Carnaval de Nice

Depuis 150 ans, le carnaval de Nice illumine les rues de ses mille couleurs, de ses batailles de fleurs et de ses chars endiablés… Pour cette édition anniversaire, sur le thème du « Roi des trésors du monde », la ville a invité le Hervien Alain Taillard à défiler lors de sa parade d’ouverture, en plus de lui confier la mise en œuvre d’une exposition de costumes flamboyants sur la promenade des Anglais. « Le soleil illuminait les tenues et les décors sur fond de ciel bleu azur. C’était magnifique d’être sur ce char à Nice ! », raconte celui qui est désormais une personnalité internationale du carnaval. « J’ai vécu une journée magique mais très différente des parades à Rio de Janeiro ; là, le public a la danse dans le corps. La samba et les acclamations de la foule vous portent littéralement ».

Depuis 30 ans, le Belge vit intensément le carnaval de Rio, d’abord comme figurant et aujourd’hui comme destaque. « Je suis le seul Européen à être honoré de ce statut actuellement. Au Brésil, cette figure est une véritable personnalité. Le hasard des rencontres m’a permis d’entrer et d’évoluer dans ce milieu très fermé.

Je fais désormais partie d’une des douze écoles de samba en première division, qui compte tout de même près de 3.500 participants au défilé. Cela correspond au plus haut niveau de la discipline et comme au football, nous avons nos supporters, des maillots aux couleurs de l’école, on peut descendre ou monter de division… Tout est très codé et professionnalisé et ce qui est formidable au Brésil, c’est que le carnaval est un échange, un partage, une véritable communion entre le peuple où pauvres et riches peuvent défiler dans la même école. »

5.000 À 10.000 EUROS LE COSTUME

Dans les ateliers de Rio, les couturières oeuvrent toute l’année pour confectionner des costumes prestigieux. Créées par le carnavalesco – le designer – ces parures scintillent de mille feux. « C’est véritablement de la haute couture, souligne Alain, composée de strass, de paillettes, de plumes naturelles de paon, d’autruche…

J’ai d’ailleurs déjà croisé Jean-Paul Gauthier dans ces ateliers brésiliens. Il s’inspire de ce qui se fait là-bas pour ses propres modèles. Pour le carnaval, les créations représentent un budget important, entre 5.000 et 10.000 euros le costume, à charge du destaque… C’est un peu de la folie juste pour défiler moins d’une heure, mais c’est tellement exceptionnel à la fois ! À Rio, une fois le carnaval terminé, les costumes, qui pèsent tout de même entre 25 et 30 kilos, sont démontés, les pièces d’ornement récupérées pour permettre de recréer de nouvelles pièces pour le carnaval suivant. De mon côté, j’ai conservé mes costumes pour constituer une collection unique et exceptionnelle