Vermeer au Ryksjmuséum d’Amsterdam

Vermeer au Ryksjmuséum d’Amsterdam

Le Rijksmuseum, musée national des Pays-Bas, accueille pour la première fois de son histoire une rétrospective de la carrière du maître du XVIIe siècle Johannes Vermeer. Bénéficiant de prêts du monde entier, cette exposition promet d'être la présentation la plus complète jamais proposée sur Vermeer. Le Rijksmuseum conserve quatre chefs-d'œuvre du peintre de Delft, dont les mondialement célèbres La Laitière et La Ruelle.

L'exposition est le fruit d'un partenariat entre le Rijksmuseum et le Mauritshuis à La Haye. Les deux musées mèneront conjointement des recherches sur l'art de Vermeer, ses choix artistiques et la gestation des compositions, ainsi que sur le processus de réalisation de ses tableaux.

L'exposition du Rijksmuseum réunit des tableaux essentiels tels que La Jeune Fille à la perle (Mauritshuis, La Haye), Le Géographe (Musée Städel, Francfort-sur-le-Main), Femme écrivant une lettre et sa servante (National Gallery of Ireland, Dublin) et La Femme à la balance (National Gallery of Art, Washington DC). Parmi les chefs-d’œuvre qui n’ont encore jamais été montrés au public aux Pays-Bas, citons La Liseuse à la fenêtre, récemment restaurée, de la collection de la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde. La Jeune fille à la perle, a été prêtée pour un mois au Rijksmuseum pour l’exposition « Vermeer ». Cette peinture a le même statut que notre Joconde. Le Mauritshuis, à La Haye, a exposé, après un appel à projets, les cinq plus belles interprétations digitales du chef-d’œuvre. Parmi elles figurait une version hyperréaliste créée par un certain Julian Van Dieken… grâce à Midjourney. L’Intelligence Artificielle a produit plus une femme qu’une jeune fille en la dotant de deux perles au lieu d’une seule. Une décision qui a parfois scandalisé visiteurs et internautes vous pouvez en juger...

L'exposition Vermeer est présentée du 10 février au 4 juin 2023 au Rijksmuseum.

Johannes Vermeer

Johannes Vermeer (1632-1675) a vécu et travaillé à Delft. Il est surtout connu pour ses scènes d’intérieur à l’atmosphère paisible et recueillie, son utilisation sans précédent de la lumière claire et colorée et ses perspectives illusionnistes. Contrairement à Rembrandt, Vermeer a produit une œuvre remarquablement restreinte d'environ 35 tableaux. Les tableaux de Vermeer étant généralement considérés comme les trésors les plus précieux de toute collection muséale, ils voyagent rarement. Un choix d’œuvres du maître de Delft est actuellement exposé à Dresde pour accompagner la restauration de la Liseuse à la fenêtre. Il rassemble notamment deux tableaux de Vermeer, La Ruelle et La Femme en bleu lisant une lettre de la collection du Rijksmuseum.

Cartes géographiques, tapis turc, porcelaine de Chine, chapeau en feutre de castor du Canada… Dans ses tableaux, Vermeer sème de nombreux indices (analysés dans l’ouvrage Le Chapeau de Vermeer de Timothy Brook, 2010, adapté en film documentaire en 2020) témoignant des débuts de la mondialisation, permis par cet intense commerce maritime. Le besoin de communiquer entre personnes séparées donne une place importante aux lettres échangées et attendues. Chez Vermeer, une douceur insaisissable se faufile dans le quotidien domestique, solide et net de la Hollande bourgeoise. Composition, lumière, couleurs… Grâce à plusieurs astuces uniques et à un pinceau méticuleux, le peintre transforme des cocons intimes, tranquilles et sans histoire en espaces mystérieux, voire totalement impénétrables…

L’âge d’or de la peinture néerlandaise correspond globalement au XVIIe siècle, période de fleurissement économique et culturel des Provinces-Unies. Sortie des guerres et délivrée du joug espagnol, la république hollandaise était riche de ses produits coloniaux. À la différence du baroque flamand, la peinture néerlandaise se caractérise par le rejet des sujets religieux (interdits par le calvinisme) et le goût pour la scène de genre, le portrait et la nature morte. Ceci explique le développement du système des ateliers, comme celui de Rembrandt, et du marché de l’art destiné à nourrir les collections princières et aristocratiques. L’origine du « siècle d’or » est attachée à l’indépendance des provinces septentrionales des Pays-Bas, acquise à la fin du XVIe siècle, qui se fédèrent sous le nom de Provinces-Unies, sous le statut de république. Chaque province a une large autonomie et se développe grâce à la bourgeoisie d’affaires. Les Pays-Bas, en effet, bénéficiaient d’un commerce très vivace grâce à leurs flottes, leurs richesses coloniales et leur puissance militaire (l’une des plus grandes d’Europe).

Cette petite république (ancêtre des Pays-Bas actuels) connaît un étonnant développement économique et culturel, notamment avec une forte puissance maritime, comme la Compagnie hollandaise des Indes orientales, créée en 1621, ce qui favorise l’épanouissement des lettres et des arts. Étalée sur un siècle, entre 1584 et 1702, cette période est précisément un âge d’or artistique. Des marchands fortunés, enrichis par le commerce, achètent de l’art pour orner leurs intérieurs, faire étalage de leur réussite, exercer un mécénat. Il en résulte de grands échanges et une importante production artistique diversifiée.