Musées de Grenoble
Le musée des Beaux-Arts
Créé en 1798, le musée de Grenoble n’a cessé de s’enrichir pour présenter aujourd’hui aux visiteurs plus de 900 œuvres. Un ensemble unique, tant par ses collections d’art ancien que moderne et contemporain. Il connait un nouvel élan depuis son installation dans un nouveau bâtiment conçu par une équipe d'architectes grenoblois, en 1994.
Le musée, fruit de la Révolution
L'histoire du musée commence dans les années qui suivirent la Révolution française. Soucieux de sauvegarder les œuvres saisies, des citoyens grenoblois lancent une pétition qui aboutit à la création du musée de Grenoble le 16 février 1798 par l'administration départementale. Il s’agit d’un des premiers musées français créées en province, bien avant le Décret Chaptal. Louis-Joseph Jay est nommé premier conservateur de l’institution, charge à lui de constituer des collections publiques pour l'éducation des artistes et des citoyens.
Le musée prend alors place dans le palais de l'Évêché, dans l’actuel musée de l’Ancien Évêché. Les premières œuvres proviennent notamment dans les grandes abbayes du Dauphiné : Saint Jérôme de Georges de la Tour provenant de l'abbaye de Saint-Antoine, ou le Christ en croix de Philippe de Champaigne saisi au monastère de la Grande Chartreuse.
Dès 1799 s'ajoute un premier envoi de l'État de douze tableaux, dont deux Vouet, deux natures mortes de Desportes et des grandes compositions de Philippe de Champaigne. En 1811, Grenoble fait partie des six villes de province bénéficiant des tableaux qui n'étaient pas destinés au musée Napoléon (Le Louvre) ou aux églises de Paris. C'est ainsi que L'Adoration des mages de Bloemaert ou le Saint Grégoire de Rubens entrent dans les collections.
Dès sa fondation, le musée achète des œuvres de la plus haute qualité, comme en 1840 la Vue de Venise de Canaletto ou encore, le Roger et Angélique de Delacroix en 1858. Il est aussi le bénéficiaire de nombreux dons et legs de première qualité, jusqu'au milieu du XXe siècle. Ainsi le legs Léonce Mesnard en 1890, avec son magnifique ensemble de dessins anciens, permet au cabinet d'art graphique de prendre une nouvelle dimension, ou encore les nombreux dons du général de Beylié, amateur d'art éclairé et vrai mécène. Les quatre Zurbarán, mondialement célèbres, offerts en 1901, sont sans conteste les plus beaux fleurons de sa générosité.
Un nouvel écrin pour le musée
L'ampleur de la collection peu à peu rassemblée rend nécessaire, dès la deuxième moitié du XIXe siècle, la construction d'un bâtiment qui est érigé sur ce qui deviendra la place de Verdun. Cet édifice où est installée également la bibliothèque municipale, est l'œuvre de l'architecte Charles-Auguste Questel. Il sera inauguré en 1876 et abritera les activités du musée jusqu'en 1993.
Au début du XXe siècle, le musée de Grenoble, grâce à la richesse et à la qualité de sa collection d'art ancien, passe déjà pour un des grands musées de France. Il va devenir, sous l'action d'Andry-Farcy, son conservateur de 1919 à 1949, le premier musée d'art moderne.
Très tôt Andry-Farcy fait entrer dans les collections les grands artistes de son temps, de Matisse à Picasso, de Bonnard à Léger. Ces œuvres proviennent de dons directement sollicités auprès des artistes comme Monet, Matisse, dont le chef-d'œuvre de la collection Intérieur aux aubergines, Picasso, Max Ernst, George Grosz ; des collectionneurs, parmi ceux-ci Jacques Doucet, le docteur Albert Barnes, Peggy Guggenheim ; ou des marchands tels que Daniel-Henry Kahnweiller, Ambroise Vollard, Paul Guillaume ou encore Alfred Flechtheim. Ces dons sont complétés par des achats remarquables dont Le Remorqueur de Fernand Léger en 1928 ou Le bœuf écorché de Chaïm Soutine en 1932.
À cela s'ajoute en 1923, le legs Agutte-Sembat qui apporte un ensemble unique et considérable d'œuvres néo-impressionnistes (Signac, Cross, Van Rysselberghe) et fauves (Matisse, Derain, Marquet, Vlaminck) et situe, dès lors, le musée comme un passage obligé pour découvrir ces mouvements. À son exemple, ses successeurs s'attacheront à compléter et actualiser cet ensemble prestigieux.
Aux acquisitions s'ajoutent les dépôts du Musée National d'Art Moderne et du Fonds National d'Art Contemporain qui constituent le plus souvent des apports décisifs dans l'enrichissement de la collection, dont la priorité demeure la jeune création. C’est ainsi que l’art contemporain s’exprime dans sa diversité et ses interrogations avec des œuvres de Sol LeWitt, Ellsworth Kelly, Pierre Soulages, François Morellet, Christian Boltanski, Annette Messager, Thomas Schütte, Bruce Nauman, Juan Muñoz, Sigmar Polke, Andy Warhol, Jeff Wall...
Le Musée des troupes de Montagne
Le Musée des Troupes de montagne est situé dans les salles casematées du fort de la Bastille. Il accueille les visiteurs pour découvrir l’histoire et le patrimoine des troupes alpines.
Le Musée des Troupes de montagne entend conserver, restaurer, enrichir ses collections pour les rendre accessibles à tous. Leur diffusion auprès du public passe par des actions culturelles et éducatives. Le musée a aussi vocation à contribuer à la recherche et au savoir grâce à ses expositions mais aussi à ses fonds d’archives et documentaires.
Faire rayonner les troupes de montagne en mettant en valeur leur patrimoine et leurs actions sur le terrain est aussi l’une des missions du musée. La valorisation de leurs traditions contribue à la promotion de ces unités spécialisées dans le milieu montagnard
Pour cela, le Musée est dirigé par un directeur de musée nommé parmi les officiers supérieurs brevetés de l’Etat-major. Un conservateur, officier formé à l’Institut national du Patrimoine, a en charge la valorisation des collections, la médiation culturelle, les expositions et la recherche scientifique lié à la gestion de la Bibliothèque patrimoniale de la 27 e BIM et de son centre d’archives.
Grâce à un audio guide multilingue, il présente sur 600 m2 l'histoire des soldats spécialisés dans le combat en montagne dont l'origine remonte à 1888. Armes, uniformes, matériels de transmission, cartes et témoignages retracent les moments forts de ces combattants surnommés les Diables bleus. Des scènes reconstituées montrent le quotidien des soldats de montagne durant les deux guerres mondiales.
Outre sa mission de promouvoir le patrimoine des troupes de montagne, le musée a une vocation plus vaste. Il est d'abord un lieu du souvenir et de la tradition, il est aussi dans ses nouveaux locaux un lieu de rencontre entre civils et militaires, rappelant aux nouvelles générations qu'un lien très fort a existé dès l'origine entre les troupes de montagne et la population des Alpes. Il montre enfin l'engagement des unités de montagne hors de France tout au long de l'histoire et jusqu'aux conflits les plus récents par sa nouvelle armée professionnalisée.
Hôtel de commandement des Troupes de montagne
Construit de 1863 à 1868 à la demande du maréchal Randon, l'édifice de 2 500 m2 répartis sur trois niveaux est construit par l'architecte Jean-François Delarue sur l'emplacement de l'ancien Hôtel du gouverneur sous l'ancien régime.
Il est alors situé sur la nouvelle place d'Armes qui vient d'être dessinée et porte à ses débuts le nom d'Hôtel de division. La place est dénommée place de la Constitution en novembre 1870 en référence au sénatus-consulte du 21 mai 1870 fixant la Constitution de l'Empire, puis prend le nom de place de Verdun en 1916.
En 2016, l'édifice fait l'objet d'une rénovation complète de ses façades. Il peut faire l'objet de visites lors des journées du patrimoine afin de faire découvrir son ameublement, ses décors muraux ainsi que son escalier en marbre dont le plafond constellé d'abeilles dorées devait rappeler les attributs impériaux de Napoléon III.