Andy Warhol au musée de La Banque à Hyères
Dans la dernière exposition d’Andy Warhol à Hyères (La Banque), il nous est donné de voir ses évolutions artistiques de l’enfance à la maturité. Bien qu’employé d’agences de publicité, il entend très vite dénoncer l’utilisation de redondances simplistes pour imposer des visuels de marques. La surexploitation de couleurs vives deviendra vite une façon de faire. L’icône de la marque est transféré à l’icône de la vedette, du politique, à univers des reines d’Etat ou de la scène.
Andy Warhol, né le 6 août 1928 à Pittsburgh et décédé le 22 février 1987 à New York, est une figure incontournable de l’art contemporain. Génie de l’art contemporain, graphiste, photographe, cinéaste et manager du groupe de rock The Velvet Underground, Warhol a également fondé la mythique Factory, véritable laboratoire créatif au cœur de Manhattan. Son œuvre, ancrée dans la culture de masse, défie les conventions artistiques en élevant des objets du quotidien au rang d’art.
Loin d’une simple surface décorative, les couleurs vives et les motifs répétés de ses sérigraphies dissimulent une réflexion critique sur la société de consommation, la célébrité et la mortalité. Des portraits iconiques de Marilyn Monroe aux séries de soupes de marque Campbell, chaque création porte en elle un dialogue entre le trivial et le sacré, entre le banal et le sublime. L'exposition présentée au Musée d'Hyères rassemble 71 œuvres, déclinées en 171 pièces, provenant pour la première fois en France du Musée Andy Warhol de Medzilaborce en Slovaquie.
Grâce à ses prêts exceptionnels, notamment de la Fondation Carmignac, cette exposition est une invitation à plonger dans une réflexion profonde sur le regard que Warhol portait sur son époque, une époque qui, à bien des égards, ressemble à la nôtre.
Portraits en série
Dès l’enfance, Andy Warhol développe un intérêt pour les visages, alimentée par sa collection de photographies de célébrités. Cette passion culmine avec ses portraits : Marilyn, série de 4 (1967), Mao (1973), Jimmy Carter (1977), Two White Mona Lisa (1980), Kimiko (1981), Queen Elizabeth II (1985) et Annie Oakley (1986).
Warhol transforme les idoles contemporaines en icônes, du grec eikon, signifiant image. A ses débuts, Warhol, illustrateur à NewYork, est frappé par le pouvoir hypnotique des images. Plus tard, il élève les célébrités au rang de divinités. Brisant les codes hérités de la Renaissance, Warhol abandonne la perspective pour une frontalité bidimensionnelle inspirée par la publicité et les comics. Ses aplats colorés soulignent l’artificialité des visages
Andy Warhol et la série Campbell's Soup Cans
Origine et contexte de l'œuvre
En 1962, Andy Warhol crée la série emblématique des Campbell's Soup Cans, composée de 32 toiles sérigraphiées représentant chacune une boîte de soupe Campbell différente. Ces œuvres, d'une taille de 50,8 × 40,6 cm, ont marqué un tournant dans l'histoire de l'art en intégrant des objets de consommation courante dans le cadre artistique, illustrant le mouvement du pop art. Le musée de La Banque reconstitue avec bonheur cet alignement de soupes présentées sur un décor d’aluminium, reconstituant la Factory de New-York.
Signification et motivations
Warhol a choisi ces boîtes de soupe pour plusieurs raisons :
- Leur forte présence dans la vie quotidienne américaine, symbolisant la culture de masse.
- Leur simplicité visuelle, avec des couleurs vives et un design reconnaissable.
- Leur lien avec ses habitudes personnelles, étant un consommateur assidu de soupe Campbell.
- Leur potentiel à représenter la société de consommation et à briser la barrière entre art et vie quotidienne.
Techniques et évolution
Warhol utilise la sérigraphie, une technique industrielle, pour produire ces œuvres en série, soulignant la reproductibilité et la standardisation. La série a évolué au fil des années, avec des variations de couleurs, des déchirures d’étiquettes, ou encore des inversions d’images, pour explorer la répétition et la monotonie.
Impact et réception
Initialement controversée, cette œuvre a permis à Warhol de devenir une figure majeure du pop art, symbolisant la fusion entre culture commerciale et art. Aujourd'hui, les Campbell's Soup Cans font partie des collections permanentes du MoMA et sont considérées comme une référence incontournable dans l'histoire de l'art moderne.
Les Campbell's Soup Cans de Warhol incarnent une critique de la société de consommation tout en célébrant la banalité quotidienne, transformant un objet ordinaire en une œuvre d'art emblématique.
La présentation de l'exposition par le musée