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Publié par Guy Muller

Une nouvelle fois, les Amis des Musées de Nice ont organisé une visite guidée en Provence. C’était au mois de mars avec un important déploiement logistique, puisque trois cars avaient été affrétés successivement pour organiser la découverte de plusieurs lieux. Madame Martine Pélissier était de la partie comme souvent, préparant nos découvertes avec ses commentaires avisés, pendant notre parcours en car. Afin de renforcer ses explications, une tablette parcourait le car, explicitant son exposé. Au programme : la visite de la Basilique Saint Maximin et celle de l’exposition Prince du Liechtenstein au musée Caumont d’Aix en Provence.

 

La Basilique Saint Maximin

 

Cette basilique se voit de loin à partir de l’autoroute A8 qui la longe en surplomb. Elle est placée en centre ville, à côté de l’hôtel de ville, de Saint Maximin.

En dépit d’une façade inachevée, la basilique nous accueille avec un bel accompagnement d’orgues, dévoilant progressivement ses richesses intérieures. L'abside est à sept pans dont cinq sont percés d'un double rang d'ouvertures séparées par un meneau horizontal. Le fond de l'abside est décoré d'une riche architecture corinthienne en marbre couronnée par une balustrade portant des statues allégoriques et encadrant trois grands tableaux d'André Boisson, peintre d'Aix-en-Provence, représentant des épisodes de la vie de Marie-Madeleine. Selon la tradition, Marie Madeleine est venue en Provence pour fuir les persécutions d’Hérode. Après un arrêt aux Saintes Marie de la Mer, elle est venue évangéliser la Provence pendant une trentaine d’année, trouvant refuge à la Sainte Baume.

Le tableau central de forme octogonale représente Marie-Madeleine à la Sainte-Baume. Les deux autres tableaux de forme ovoïde représentent également la sainte qui à gauche se penche au-dessus du tombeau vide de Jésus et à droite se dépouille de ses bijoux.

Le chemin conduisant au chœur est interrompu par une clôture réalisée en 1692. Les grilles des portes sont l'œuvre de François Peironi, serrurier à Aix-en-Provence. De part et d'autre du chœur se développent quatre-vingt-quatorze stalles en noyer où sont sculptés vingt-deux médaillons, dix de chaque coté placés immédiatement au-dessus des stalles. Les sculptures ont été réalisées par et sous la direction du dominicain Vincent Funel. Elles représentent les divers miracles accomplis ou les martyrs subis par des religieux ou religieuses de l'ordre des Dominicains.

De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein

Nous devons donc survoler cet espace pour parvenir au chœur.  Le maître-autel en marbre du pays est décoré de deux médaillons en bronze doré réalisés par Joseph Lieutaud représentant à gauche l'apparition de Jésus aux deux pèlerins d'Emmaüs et à droite la mort de Joseph. Au-dessus est placée une urne en porphyre rouge exécuté par le sculpteur romain Silvio Calce à la base de laquelle sont placées deux petites sculptures également en bronze doré réalisées par Alessandro Algardi et représentant deux chiens, symbole des Dominicains, tenant dans leur gueule une torche. Une statuette de Marie-Madeleine, également de l'Algarde, surmonte le tout. Cet ensemble de style baroque, avec ses nombreuses statues, est pleinement mis en valeur par la vidéo qui en suit le décor.

 

Autres richesses de la Basilique

 

La chaire

 

Cette chaire en noyer sculptée par le dominicain Louis Gudet qui l'a terminée en 1756 est classée Monument Historique et sera souvent visitée par des générations de Compagnons du Devoir. Ces artisans du bois sont subjugués par la beauté de ce travail. Sur le parement de la rampe et sur les parois de la cuve, sept panneaux sculptés retracent l'histoire de Marie-Madeleine représentée en costume du temps de Louis XV. On trouve successivement en partant du bas de la rampe les panneaux suivants : Marie-Madeleine écoutant la prédication du Christ, chez Simon le pharisien elle répand un parfum sur les pieds du Christ, elle assiste à la résurrection de Lazare, elle accueille le Christ à Béthanie, elle est prostrée au pied de la croix, près du tombeau du Christ, elle voit et entend un ange qui lui annonce la Résurrection, et enfin dans le jardin, près du tombeau, elle voit le Christ qui lui dit : « Ne me touche pas ». Au-dessus de l'abat-voix Marie-Madeleine est emportée par des anges ; sous l'abat-voix est sculptée une colombe en bois doré représentant le saint esprit.

 

Le retable de Ronzen

 

Au fond du collatéral gauche, se trouve la principale œuvre d'art conservée dans l'église : le retable du crucifix classé Monument Historique. Il est l'œuvre d'Antoine Ronzen, peintre primitif niçois et ébéniste originaire de Venise, fixé à Aix-en-Provence en 1508 après avoir séjourné à Puget-Théniers où il s'est marié. Il fut aidé dans cette tâche considérable qui dura trente mois par un peintre de la dynastie des Brea, Antoine, dont la collaboration essentielle apparaît dans le tableau figurant la mise au tombeau placé au bas de l'autel.

Madame Pélissier nous décrit la signification des panneaux peints centrée sur les scènes de la vie et la mort de Jésus. Le devant de l'autel de ce retable est décoré par un tableau  figurant la mise au tombeau réalisé en grande partie avec la collaboration de Brea. Le dominicain représenté en bas à droite du tableau n'est pas le prieur Jean Damiani comme on l'a cru pendant longtemps, mais le donateur de ce retable à savoir Jacques de Beaune, seigneur de Semblaçay. Celui-ci est revêtu de l'habit blanc des dominicains et porte à sa ceinture l'aumônière attribut de sa charge de surintendant des finances. François Ier, sur les instances de sa mère, le fait pendre malgré sa probable innocence. Il aurait dit au moment de son exécution « Je reconnais trop tard qu'il vaut mieux servir le maître des cieux que ceux de la terre » ! Cette malédiction suit souvent la vie des grands argentiers des rois de France  (Jacques Cœur, Fouquet) ! Pour rompre ce cycle infernal, la révolution exécute le roi, sans toutefois rompre avec une dette toujours plus accentuée…

De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
Le Grand Orgue

La construction du grand orgue par le facteur d'orgue Jean-Esprit Isnard aidé de son neveu, Joseph, dura de 1772 à 1774. En 1793 l'organiste Fourcade sauva l'orgue de la destruction en y  jouant la Marseillaise en présence des conventionnels Barras et Fréron. Il se compose d'un double buffet, de 4 claviers, 43 jeux et 2960 tuyaux, tous d'origine. Il est surtout apprécié pour l'enregistrement des compositeurs de l'école française d’orgue, mais les sonorités complexes de ses trompettes et de ses jeux d'anches lui permettent d'aborder un ample répertoire. Notre vidéo vous offre la possibilité d’entendre la puissance de cet orgue.

 

Le couvent Royal

Le couvent dominicain de la Sainte-Baume a longtemps reçu des postulants pour des longs séjours et des étudiants en théologie. Après le départ des Frères Dominicains en 1959, le couvent devient un centre culturel. Il est devenu un ensemble hôtelier accueillant une clientèle individuelle et d’affaires. Nous l’avons parcouru à l’occasion du déjeuner organisé dans un chapitre magnifié par sa dimension  fastueuse et « royale ».

De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein

 

Exposition Prince de Liechtenstein à Caumont

 

Le nouvel Hôtel de Caumont poursuit ses expositions au sein d’un Centre d’Art inauguré l’an dernier et dont nous avons retracé la reconstruction en style 18ème dans une vidéo.

Cette fois-ci, ce sont les collections de la famille princière du Liechtenstein, avec  une quarantaine de toiles, qui offrent un résumé de l’évolution des peintres du 16ème siècle au 20ème siècle. L’histoire de l’art montre Cranach, Raphael, Rubens, Van Dick, Rembrandt, Vigée-Lebrun, dans une mise en scène superbe. Rubens est particulièrement mis en valeur sur un seul mur.

Mais bien d’autres tableaux ont aussi attiré notre attention : les baigneuses d’Horace Vernet toujours sublime dans ses marines et lever ou coucher de soleil. Un Pannini souvent attaché à des ruines, y était présent avec une architecture animée de premier ordre.

Horace Vernet-Pannini-Rubens
Horace Vernet-Pannini-Rubens
Horace Vernet-Pannini-Rubens
Horace Vernet-Pannini-Rubens
Horace Vernet-Pannini-Rubens
Horace Vernet-Pannini-Rubens

Horace Vernet-Pannini-Rubens

La Vénus de Cranach : des doutes sur l’authenticité

Pour entretenir le buzz, le Cranach a été retiré de l’exposition pour en étudier l’authenticité, ce qui démontre que les Princes eux-mêmes peuvent être abusés. L’ennui, c’est que l’œuvre de Cranach était l’emblème de l’affiche de promotion de l’exposition !

Cette «Vénus» de Lucas Cranach (1472-1553) appartenant au prince Hans Adam II de Liechtenstein vient d'être saisie par la Justice à Aix-en-Provence, où elle se voyait exposée à l'Hôtel de Caumont. Il s'agirait d'un faux. Une plainte, anonyme, en serait la cause (d'après Sabine Gignoux de «La Croix»). La juge parisienne Aude Buseri fera procéder à des expertises. 

C'est en 2013 que le prince a acquis (chez Colnaghi pour 7 millions d'euros, selon le journal en ligne «La Tribune de l'art») ce panneau daté de 1531 et récemment découvert. Le tableau ne possède pas d'historique clair. Avoir «fait partie de plusieurs collections privées» ne signifie rien. Plusieurs experts l'ont approuvé. Aujourd'hui en veilleuse, vu la morne plaine qu'est devenu le marché du tableau ancien, Colnaghi prend généralement ses précautions. Ceux qui ont contemplé ce panneau le disent d'une beauté stupéfiante.

Où les choses gênent davantage, c'est quand on apprend que l'affaire Cranach ne serait pas isolée. Certes, il circule un chiffre, fixé de manière arbitraire, de 30 pour-cent de faux sur le marché de l'art. Il passe par là de folles sommes d'argent. Mais, contrairement au XIXe siècle, ces sommes vont surtout au moderne et au contemporain. La demande en toiles anciennes de prestige a diminué. La qualité des expertises scientifiques (analyse des pigments, notamment) a augmenté de manière exponentielle. Un faux exige désormais non seulement du talent, mais des dons de chimiste. 

 

Du 4 mai au 18 septembre 2016

Exposition Turner

Caumont Centre d’Art

De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein  De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein  De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein  De Saint Maximin aux Collections du Prince de Liechtenstein
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G
Très belle exposition et commentaires intéressants; enfin les explications sur cette affaire de "La Vénus de Cranach".
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G
MAGNIFIQUE
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