Tourrettes-Sur-Loup cité de la violette
Avec la ville de Tourrettes, nous entrons dans l’univers des fleurs à parfum, qui a succédé aux moulins à huile des oliviers. La ville de Grasse a connu la même évolution.
Le village est célèbre pour son aspect médiéval situé sur un éperon rocheux tombant à pic ; ses maisons extérieures forment un rempart. Autour de ce centre historique, les quartiers résidentiels s'étendent depuis les contreforts de ses puys (pic de Courmettes, puy de Tourrettes, Naouri), jusqu'aux gorges et à la vallée du Loup.
Site propice à la défense, les terres de Tourrettes sur Loup ont connu trente siècles d’une histoire agitée. Des tribus celto-ligures s’y installèrent à partir du IX av JC. Les Romains au III siècle av. JC. Le site de Tourrettes sur Loup subit dès le V siècle toutes les invasions barbares: Wisigoths, Huns, Francs, Lombards, jusqu’à ce que les Sarrazins le fortifièrent et l’occupèrent jusqu’en 972. Plusieurs vestiges médiévaux, ainsi que la toponymie des lieux témoignent de ce passé moyenageux. Les Chevaliers de Tourrettes sont mentionnés pour la première fois en 1144 avec Guillaume Amic de Tourrettes, probablement des cadets ou vassaux des Sires de Grasse ou de Vence. La famille des seigneurs de Tourrettes se voit confier les terres de Tourrettes et y fonde un château portant leur nom. C’est à la suite d’un conflit avec la Maison de Duras et le comte de Provence que Marie de Bretagne, mère de Louis II de Provence, attribue Tourrettes-lès-Vence à Guichard de Villeneuve en 1387. Jusqu’à la Révolution, l’histoire de Tourrettes est intimement liée à celle des Villeneuve. Ils font construire en 1437 l’actuel château en y englobant le vieux beffroi du XII. L’église primitive du XII siècle fut aussi restructurée au XVI et au XVIII siècles. A partir de 1463, les malheurs s’abattent sur Tourrettes, la peste ravage le pays pendant 70 ans, suivie par les guerres de religions, celle entre l’Autriche et l’Angleterre (1744-1748), celle de la succession d’Espagne, et la Révolution où le dernier des Villeneuve, César, s’enfuit pour l’Italie où il est exécuté en 1793 près de Vintimille.
Les environs de Tourrettes sont constitués de nombreuses terrasses qui étaient cultivées de vigne, de blé et de lentilles, entre autres, puis partiellement plantées d’orangers à fleurs (bigaradiers), jasmin, roses et violettes récoltées pour la fabrication des parfums. De nos jours, agaves, figuiers de barbarie et forêts de pins ont repris le dessus. Cependant subsistent encore les oliveraies et surtout la culture de la violette qui fait du village la «Cité des Violettes»
La Chapelle Saint Jean (1959) Route de Saint Jean L’originalité de cette chapelle réside dans sa décoration intérieure, œuvre de Ralph Soupault. Pour peindre ces fresques de style naïf, l’artiste s’est inspiré des villageois et de leur vie quotidienne. Ainsi les tourrettans et la cueillette des violettes se mêlent aux scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.
L’Eglise Saint Grégoire (XII - XVI - XIX S.) Pl. de la Libération Elle fut agrandie en 1551, à l’emplacement d’une église romane du XII siècle dont furent repris le style et les matériaux. L’entrée actuelle est d’un style romano-Renaissance. Sur la façade sud, la plus ancienne, des pierres de remploi sont gravées de symboles, emblèmes du christianisme, le poisson et la colombe dédoublée. L’église a été modifiée en 1861. Un cadran solaire orne aujourd’hui la façade sud. A voir à l’intérieur : Une stèle dédiée à Mercure, bloc de calcaire gravé datant du III siècle et le Triptyque, huile sur bois, dans la tradition du XV siècle, représentant Saint Antoine entouré de Saint Pancrace et de Saint Claude, dans le style des Frères Bréa.
La bastide aux violettes
La violette dans tous ses états, dans tous ses éclats, dans toutes ses déclinaisons est à découvrir à la Bastide aux Violettes. Bien plus qu’un musée, cet espace est un véritable lieu de rencontres authentiques avec les traditions d’antan et la culture d’une plante à parfum, la violette “Victoria”, longue sur tige et très odorante. La récolte de cette fleur délicate à cinq pétales s’effectue d’octobre à mars.
Né de la volonté de poursuivre la belle aventure humaine de la violette qui a profondément marqué de son empreinte la commune de Tourrettes depuis près de 150 ans, ce projet a été conçu par la municipalité et financé par la CASA (Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis). Il faut aussi noter l’implication des producteurs de violettes et les partenariats noués avec la Chambre d’Agriculture des Alpes-Maritimes et tous les acteurs locaux.
La culture et les produits de la Violette
Les suaves effluves, omniprésents dès l’entrée dans la serre, ont un effet euphorisant... Pas étonnant d’apprendre qu’au Moyen Âge, les fleurs de la violette, mêlées à celles de la lavande, étaient cousues dans les oreillers, car sensées prédisposer à l’amour!
Devenue le symbole de l’amour caché, celui des amoureux transis dévoilant par son truchement leurs sentiments au grand jour, la Viola victoria odorata règne en impératrice à l’EARL la Violette, chemin Saint-Martin à Tourettes-sur-Loup.
Sur quelque 4.000 mètres carrés de serres (dont une parcelle ouverte au public à la Bastide la violette, le musée dédié à cette plante), la famille Coche y cultive, depuis deux générations, la petite plante vivace.
Mais aussi des roses, des menthes, des verveines. Avant de transformer leurs récoltes en friandises sucrées pour régaler les palais. Sous la forme de fleurs cristallisées, aussi exquises pour les yeux que pour les papilles, qui accompagnent à merveille café, glaces, dessert, champagne... À moins que vous ne les dégustiez seules, pour le simple plaisir de vous octroyer un petit moment de douceur!
Culture hors sol
La culture des violettes se fait ici hors sol, principalement en "boudins", c’est parce que cette technique recèle moult avantages: "La violette est la seule fleur, avec le mimosa, qui fleurit l’hiver, d’octobre à mars. Elle est donc davantage exposée aux intempéries. Le hors-sol limite ces aléas climatiques et garantit une récolte chaque année. Et du fait que nous utilisons ces boudins, on peut cueillir à toutes les hauteurs sans se briser le dos! On peut, en outre, multiplier par quatre la productivité, avec la pénibilité en moins. Et moins d’herbes à retirer."
Autre avantage : le hors-sol fonctionne en circuit fermé. Les eaux de drainage sont récupérées et recyclées en arrosage. Enfin, en étant sous serre, en milieu confiné, les plantes bénéficient d’une certaine biodiversité, en limitant les ravageurs tout en empêchant les auxiliaires de partir. "On utilise la lutte biologique raisonnée de la façon la plus optimale.
80% de la récolte ainsi obtenue, soit 500 kilos de fleurs fraîches en moyenne, ira à la confiserie. À partir de la mi-mars, place à la récolte des feuilles de violette, qui seront envoyées aux parfumeries de Grasse. Afin d’être utilisées soit comme fixateurs d’odeurs, soit pour apporter une note boisée, verte, à certains parfums. La note "fleur de violette", quant à elle, est obtenue grâce à des molécules de synthèse.
Si la crise sanitaire a entraîné un manque à gagner côté vente des produits de confiserie, cette perte a été limitée par le retour d’un engouement pour les fleurs françaises de saison, poussant l’hiver, dont la violette est la parfaite ambassadrice. Tout comme elle est la fleur emblématique de Tourrettes-sur-Loup, comme en témoignent les photos anciennes de cueilleuses sur les restanques, sous les oliviers.
Après la récolte, les fleurs sont soigneusement lavées, égouttées, puis déposées au fond d’un cul-de-poule, dans lequel est versé de la gomme arabique. Autrement dit, de la résine d’acacia mélangée avec de l’eau, une colle alimentaire qui va permettre de fixer le sucre glace sur la fleur.
Façonnées à la main
C’est la phase des "blanches". Puis l’on va malaxer avec délicatesse chaque unité, pour lui redonner sa forme florale initiale. S’ensuivra le séchage et la deuxième phase, le trempage, pendant douze heures dans un sirop qui donnera sa coloration aux bonbons et fera cristalliser le sucre, avant d’être lui-même récupéré. Les fleurs seront alors démoulées dans des clayettes, séchées pendant deux jours et enfin prêtes à l’emballage... Et à être vendues sur les marchés du terroir ou en ligne puis dégustées ! Nul besoin d’aller jusqu’à Toulouse, donc, pour vous régaler de ces confiseries raffinées et au doux parfum d’antan...
Des fleurs à croquer
Fleurs cristallisées, violettes fraîches, fleurs et feuilles séchées, mais aussi sirops, savons et autres confits, vendus au kilo, en sachets de 100 grammes ou sous la forme de coffret découverte, les gourmands trouveront forcément leur bonheur sur le site où les produits de l’EARL la violette sont disponibles à la vente, www.fleurs-a-croquer.com
Pour se faire plaisir ou offrir un cadeau, toute une gamme de délices sucrés, cosmétiques ou éléments de décoration vous y attend...
Une production 100% made in Tourrettes-sur-Loup !