Khiva Ouzbékistan
La cité de Khiva est une cité médiévale entourée de hautes fortifications. Bien qu'ayant conservé peu de monuments très anciens, Itchan Kala constitue un exemple cohérent et bien préservé d'architecture musulmane d'Asie centrale avec des constructions remarquables, comme la mosquée Djouma, les mausolées et les médersas, ainsi que les deux magnifiques palais édifiés au début du XIXe siècle par le khan Alla-Kouli.
Depuis 1990, le quartier d'Itchan Kala de Khiva fait partie du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Situation
Khiva est placée à 40 km du fleuve Amou-Daria, au bord du canal Palvan-Yap. Au nord-ouest, elle confine à la région de Kouchkoupir, au nord à la région d’Ourguentch, au nord-est à la région de Yanguiarik, au sud-est au Turkménistan. La partie sud de la ville est limitrophe du désert du Karakoum. Les canaux Ak-Yap et Sertchali traversent la ville. La population de Khiva, dont le territoire est de 883 hectares, dépasse 49 200 habitants. Le climat est continental, marqué par la chaleur d'un long été, la rigueur de l’hiver court et la rareté des précipitations. La température moyenne est 4,5 °C au mois de janvier et 27,4 °C en juin, mais elle peut atteindre 44 °C. La quantité de précipitations annuelles s'élève à 90-100 mm.
Dès notre arrivée nous gagnons nos chambres situées à l’intérieur de la Médersa qui a été transformée en hôtel. La médersa Mohammed Amin Khan (1852-1855) a été construite par Mohammed Amin Khan (règne : 1843-1855), l’un des khans les plus célèbres de Khiva. C’était la plus grande médersa (ou madrassa) de Khiva, avec une capacité d’accueil d’environ 250 étudiants dans le cadre de sa fonction initiale. La madrassa est aujourd'hui utilisée comme hôtel de tourisme. La cour intérieure est entourée de deux étages de cellules. À l’extérieur, le portail (pichtaq) est impressionnant et comprend un balcon de bois. La madrassa est bornée à chacun des quatre coins par quatre tours d’angle.
La mosquée Djouma ou mosquée du Vendredi (1789) est constituée d’une vaste pièce à toit plat. Elle est éclairée par deux ouvertures rectangulaires au niveau du toit. Le plafond est soutenu par treize rangées de dix-sept colonnes en bois, dont certaines, plus anciennes que le bâtiment lui-même, proviennent d’anciens bâtiments détruits. Les colonnes proviennent d’époques différentes (Xe, XIe, XIVe, XVe siècle pour certaines) et peuvent donc être plus vieilles que le bâtiment lui-même dont la dernière reconstruction date de 1789. Nous retrouverons souvent ces colonnes ne bois au cours de notre voyage plus ou moins ouvragées. Elles reposent sur un socle en tissu qui permet une mobilité de la colonne en cas de tremblement de terre.
La médersa Islam Khodja et son minaret datent respectivement de 1908 et 1910. Islam Khodja était le beau-père et le grand vizir du khan Isfandiar Khan. Les deux monuments témoignent des dernières architectures islamiques notables en Asie centrale. Le minaret, haut de 45 mètres, est le plus haut de Khiva. Son diamètre diminue au fur et à mesure qu’il prend de la hauteur. Des bandes de céramiques bleues et blanches alternent avec des briques de couleur ocre.
La médersa comprend 42 cellules. Elle abrite aujourd’hui le Musée des Arts appliqués. Le côté ouest (côté entrée) comprend des arcatures aveugles. Au sud de cette entrée se trouve l'immense coupole de la salle principale.
Le mausolée de Pakhlavan Mahmoud est en fait un complexe funéraire qui abrite plusieurs tombes. Pakhlavan Mahmoud (1247-1325) était un poète et guerrier célèbre qui est devenu le saint patron de Khiva. Pakhlavan Mahmoud a souhaité être enterré dans son atelier qui a donc été transformé en mausolée. Plus tard ses disciples ont voulu être enterrés près de lui. Au fur et à mesure, le cimetière s’est agrandi. La construction du complexe funéraire a duré du XIVe siècle au XXe siècle. Entre 1810 et 1835, Mohammed Rahim Khan Ier et son fils Allakouli Khan ont changé radicalement l'ensemble et lui ont donné sa physionomie actuelle.
L’entrée du complexe s’ouvre sur une cour entourée de cellules sur la gauche, d’un khanaqah et de mausolées en face, d’une mosquée d’été et d’un puits sur la droite (où viennent boire les jeunes couples qui souhaitent un enfant). Le bâtiment central comprend une salle carrée surmontée d’une haute coupole couverte de carreaux bleu vernissés. La tombe de Pakhlavan Mahmoud se trouve dans la pièce située à gauche de la grande salle. La décoration intérieure du bâtiment a été réalisée par Abdoullah Djinn.
La médersa Alla Kouli Khan (1834) s’ouvre sur un portail décoré de manière classique, de couleurs dominantes bleu et blanc. Il s’agirait du plus haut portail de la ville. À l’intérieur, les cellules se répartissent sur deux étages dans une cour de 30 x 34 mètres, comprenant quatre iwans. Les quatre coins intérieurs sont biseautés et permettent l’accès à trois cellules sur chacun des niveaux.
Cette médersa a été construite dans le cadre d’un vaste plan de reconstruction de cette partie de la ville sous le règne d’Alla Kouli Khan. Elle est située en face de la médersa Koutloug Mourad Inak.
Le Tach Khavli, ou palais de pierre (1830-1838), est situé dans la partie Est d'Itchan Kala. Il a été construit par Alla Kouli Khan. Il est resté un lieu de résidence des Khans jusqu'en 1880, quand Mohammed Rahim Khan II revint à Kunya Ark. Il comprend plus de 260 pièces. La décoration a reçu le concours du céramiste Abdoullah Djinn.
Les différentes parties de l’édifice sont construites selon leur fonction et constituent un ensemble compact regroupé autour de trois cours correspondant aux trois fonctions principales : le harem (1830-1832) recouvrant la moitié nord du palais, la salle de réception ou Ichrat Khaouli (1832-1834), située dans le quart sud-est, et la Cour de Justice ou Arz Khaouli (1837-1838) recouvrant approximativement le quart sud-ouest. Ces trois unités sont caractérisées par les principes de la cour à iwan et de l’iwan à une colonne, utilisé isolément ou de manière groupée comme dans la cour du harem.
Dans la partie sud de la cour du harem sont construits cinq iwans : quatre étaient destinés à chacune des épouses légitimes du khan, le cinquième, à gauche, légèrement plus haut et plus large, plus richement décoré, était celui du khan. Chaque iwan est séparé de celui qui lui est adjacent soit par une paroi pleine, soit par une construction comportant une entrée surmontée d’une fenêtre. Chaque iwan comporte une colonne en bois finement sculpté posée sur un socle en marbre. Un disque de feutre a été placé entre le socle en marbre et la colonne de bois pour préserver des effets des tremblements de terre. La partie nord du harem est réservée aux servantes et aux concubines et présente, en étage, une alternance de loggias et de parties pleines. La décoration de l’ensemble se caractérise essentiellement par des carreaux de faïence à motifs géométriques et floraux de tonalités bleue et blanche. Les parois sont incrustées de petits éléments de couleur vert jade qui rappellent un symbole zoroastrien.
La salle de réception, ou Ichrat Khaouli, autour d’une cour carrée, présente un iwan sur le côté sud, décoré de majoliques. La partie Est de la cour comporte deux plateformes circulaires destinées à installer des tentes pour recevoir les invités qui y séjournent.
La Cour de Justice, ou Arz Khaouli, était le lieu où le khan tranchait les litiges et rendait justice. Les murs sont eux aussi décorés de revêtements de faïence. Deux escaliers latéraux permettent l’accès à la plateforme surélevée de l’iwan au fond duquel se trouvent trois portes. Une plateforme destinée à installer une yourte est disposée dans la cour, dans le prolongement de la colonne de l’iwan, en parfaite symétrie.
La Kunya Ark, vieille forteresse a été utilisée comme l’une des résidences des khans de Khiva jusqu’en 1919. La construction de Kunya Ark a débuté en 1686 - 1688 sous Arang Khan, fils de Anoucha Khan. Le palais actuel a pris sa structure actuelle à partir du règne d’Altuzar Khan (1804–1806. ). On distingue tout particulièrement :
La mosquée d’été (1838) se caractérise par un iwan imposant, avec six colonnes, dont le plafond est très coloré et les parois recouvertes de céramiques bleues et blanches représentant des motifs géométriques ou végétaux réalisées en particulier par Abdoullah Djin. L’iwan étant orienté vers le nord pour favoriser la fraîcheur, le mihrab est orienté vers le sud et non en direction de La Mecque, comme le veut pourtant la règle habituelle. La mosquée est dédiée à Abou Bakr, compagnon de Mahomet.
La salle du trône (1804-1806) proprement dite est constituée d’une grande salle donnant sur un iwan. Elle servait au khan pour ses audiences publiques. Le trône était disposé dans une niche située à droite en entrant dans la salle. Le plafond est décoré de motifs géométriques colorés.
L’iwan est soutenu par deux colonnes dont les bases sont en marbre gravé. Le plafond est revêtu de panneaux de bois peint, où les teintes jaunes et rouge dominent. Les parois ont décorées de majoliques où les couleurs bleue et blanche sont prédominantes, à l’époque de Alla Kouli Khan. Les portes donnant accès à la salle du trône sont finement travaillées. L’iwan est orienté vers le nord pour préserver la salle du trône d’une chaleur excessive durant l’été.
Les audiences avaient également lieu, durant l’hiver, dans une yourte installée sur la plateforme circulaire au milieu de la cour intérieure. La cour est entourée de bâtiments dont certains présentent une loggia.